Ajouter un extrait
Liste des extraits
Dès son plus jeune âge, Morgana a pris conscience de l’énergie qui émane de son corps .Un tissu invisible qui capte l’intérêt des hommes .(…) Au début, aucun mot ne rattachait cette brûlure à l’intérêt dont elle était l’objet .Elle la traquait …bien avant de l’associer à l’image d’un homme . »
Afficher en entier- Tu sais ce que ta mère redoutait le plus au monde ? Disparaître.
- Quoi ? Tu veux dire mourir ?
- Non, pas mourir, mais s'évaporer, se volatiliser d'un coup, dit Sophie en écartant les doigts comme si ses mains explosaient. Qu'il ne reste rien d'elle, et que jamais, plus jamais on ne s'en souvienne.
Afficher en entier« Diego, à cet instant, pendant qu'elle sèche ses larmes sur la manche de son pyjama, éprouve la même commotion, la même envie de crier, de renverser le temps, d'imaginer que rien de tout cela n'arrive réellement, le même déchirement devant cet espoir déchiqueté, devant l'horreur à venir, devant l'extinction d'un monde. Son monde. Un fil de désolation traverse les rues vides et arrive jusqu'à lui. Ce fil les réunit. Le président est mort. Loi martiale. État de siège. Couvre-feu. »
Afficher en entier« (…) elle croyait avoir oublié l'amitié puérile avec une poète qui n'avait jamais entendu parler d'elles ; l'éclat bleuté de la télévision oscillant sur les murs comme l'eau caressée par le soleil, et Diego, essayant de regarder les informations, qui leur demandait de rire moins fort ; elle croyait avoir oublié ces instants, quand leurs regards se croisaient et en silence scellaient leur complicité ; elle croyait avoir oublié le son des sirènes au loin se clouant dans leur poitrine, la voix de Morgana lui disant : « Tu peux, tu peux! », les rumeurs du fleuve et cette impression que la vie était à l'endroit où ils se trouvaient tous les trois. Elle croyait avoir oublié qu'une nuit elles avaient nagé nues (…). »
Afficher en entierEn la regardant dormir dans son giron, Morgana pense qu'en dépit de ses doutes et de ses appréhensions, la petite s'est faite toute seule, avec courage et discrétion. Elle a tissé ses poumons, ses oreilles et sa bouche, organisé ses doigts. Cette notion, qui est apparue dans une aura de lumière, a tout changé. Et elle l'a aimée. Elle l'aime pour sa ténacité, pour sa perfection, pour sa beauté minuscule. Elle l'aime parce qu'elle lui appartient. Elle aime ce petit corps qui bat et respire contre sa poitrine. (p.165)
Afficher en entier