Extraits

"Plus tard, Alec se matérialisa dans mon salon. Une odeur d’after-shave sensuelle flottait dans les airs. Je réalisais alors qu’il serait peut-être temps de prendre une bonne douche… Laissant mon sorcier psychopathe mais non moins adorable devant la télé, je gagnais la salle de bain. C’est vrai que cette longue péripétie avait été intense tant physiquement que moralement. Je n’y avais eu l’occasion qu’une seule fois de prendre une véritable douche. Il fallait l’avouer, je sentais à l’heure actuelle plus ou moins le fennec, et la saleté me donnait presque un semblant de bronzage. Un curieux bronzage, certes… Poussant le volume de la radio, j’entrais ensuite dans ma baignoire. L’eau chaude ruissela sur ma peau, juste délicieusement. Je m’éternisais, ne voulant plus quitter ce moment de bonheur et de simplicité. Mais il le fallait bien, mes doits étaient devenus tous fripés, les faisant d’avantage ressembler à des petites saucisses !"

Spoiler(cliquez pour révéler)

"Je marchais dans la forêt de Brocéliande, comme chaque fois. Je tombais inévitablement sur le gros bloc en pierre gravé. Le soleil l’éclairait et les symboles luisaient. Toujours le même rêve. Je restais là, tentant de décrypter leur signification.

Cependant, quelque chose attira mon attention. Un parfum subtil de thé vert flottait dans l’air. Je suivais la délicieuse senteur, comme hypnotisée. Je tombais finalement sur une vaste clairière. Le ciel crépusculaire, teinté de pourpre et de jaune orangé, rendait la vue magnifique. J’aperçus soudain une silhouette, allongée au milieu des herbes folles. Il devait s’agir d’Ania, mon ancêtre qui avait hanté tant de mes nuits. Je m’approchais doucement…"

"Ce qui se passait véritablement, c’est que j’avais le sentiment que ma douleur pouvait à tout moment m’atteindre en une vague immense, ravageant tout sur son passage, et que je ne pourrais jamais m’en relever. Si j’écoutais cette peine, si je lui laissais un tant soit peu gagner du terrain, je finirais noyée par mon chagrin. Voilà ce qui se tramait au fond de moi !

Mais tout ça, j’étais seule à le vivre. Personne ne savait à quel point je pouvais souffrir, personne ne pouvait juste l’imaginer."

Sept ans après l'exceptionnel "Un pays à l’aube" et seulement trois après "Ils vivent la nuit" suite ayant pour cadre la Prohibition, l’écrivain de Boston est de retour pour mettre un point final à la saga du Joe Coughlin. Une histoire de rédemption qui exalte avec brio la chute d’une époque, d’un système, d’un clan au cours de la Seconde Guerre mondiale. Dans un style magnifiquement ciselé, Lehane dépeint ce monde de gangsters à la fois sombre et violent dans lequel crimes, sang, passion et vengeance constituent les nouveaux ingrédients de l’American way of life.

"Assise nonchalamment à mon bureau, je jetais un bref coup d’œil à mon réveil ; cinq heures trente. Je soufflais, désœuvrée que le temps joue avec mes nerfs déjà à vif. Une question me brûlait plus particulièrement que les autres, ces derniers jours ; étais-je réellement satisfaite de cette vie dangereuse mais trépidante ? Parce qu’après mûre réflexion, une vie bien rangée de lycéenne m’aurait tout aussi convenu, sinon plus. J’étais si perturbée que je ne savais même plus ce que je voulais véritablement, quels rêves sur l’avenir je pouvais avoir, et ce que je pouvais espérer réellement d’un quotidien truffé de magie…"