Ajouter un extrait
Liste des extraits
Au sein de la Maison Trevante
Le soleil était au zénith, et le bras d’Auric arrivait à peine encore à tenir le lourd bouclier. Tous les os de son corps lui faisaient mal. Du sang et de la sueur lui coulaient dans les yeux et l’aveuglaient. Les visages et les corps des attaquants surnyakes menaçaient de se fondre en une masse unique, indifférenciée, déferlante. Plus rien que des épées, des armes, leurs trajectoires et leurs impacts, des épées brandies par des mécanismes et des réflexes enfouis dans l’inconscient et qui tranchaient nettement, clairement dans la mêlée.
Lorsque le signal de trompe sonnant la retraite retentit enfin, leur offensive s’était de toute évidence réduite à une lutte acharnée et laborieuse.
Cependant, ils avaient atteint leur objectif : la force menaçante exercée contre le bloc défensif de leur corps de mercenaires de la maison Trevante dans le défilé du vallon avait été repoussée. Pour lancer une nouvelle vague d'attaque, les troupes de l'Alliance non-humaine allaient tout d'abord devoir rétablir une formation pouvant mobiliser une force de frappe fraîche et organisée. Quand bien même l’escarmouche à l’avant, sur la crête, se poursuivait, l’attaque ennemie avait réellement été écrasée, et ne pourrait repartir qu’après une période de consolidation et de retrait.
Ils reculèrent pas à pas. Le coup de trompe résonnait encore sur les parois rocheuses, que déjà les pelotons détachés pour les aider à se dégager de cette enclave et couvrir leur retraite les rejoignaient à l’arrière-garde et s’infiltraient vers l’avant, entre leurs troupes. Un cri d’encouragement se propagea dans leurs rangs – qui le pouvait se mit à frapper rythmiquement de son épée sur son bouclier, pour accueillir ses frères d'armes.
Le commandant avait envoyé à leur secours la Troupe du Sang, un petit détachement de Membres du Sang, qui avaient réussi à s’infiltrer secrètement dans les rangs de leur corps.
Auric les vit défiler devant lui, muets, le visage impassible, comme un banc de poissons, se dit-il. Leurs visages étaient sombres comme la terre, curieusement lourds et aplatis, avec de courts nez camus. Leurs corps trapus étaient pris dans des armures de bronze et de cuir. Là où se trouvaient des pièces métalliques, sur les heaumes, les protections pour les épaules ou les membres, elles n’étaient absolument pas travaillées, et avaient quelque chose de brut, rudimentaire. Le reste de leur équipement se composait de plusieurs épaisseurs de sangles de cuir fixées les unes aux autres, dont la texture sombre, saturée, imbibée de sueur renforçait encore l'impression qu'ils avaient été façonnés dans l’argile. Et alors, ils déferlèrent sur les rangs ennemis, et comme à chaque fois, un sentiment à mi-chemin entre étonnement et horreur se répandit en Auric. Il entendit Jag à côté de lui prendre une brusque inspiration. Celui-ci regardait fixement dans la même direction que lui, hébété, et fit le signe de Thyrin sur sa poitrine. Il vit également Kudaï faire le signe de la croix du soleil d’Inaïm sur son cœur.
Afficher en entier