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Je lève ma main, à deux doigts de l’abattre sur sa joue. Elle reste en suspend, alors que Sacha me fixe, comme s’il me mettait au défi de le faire. Je ne peux pas. Je ferme le poing et me lève, tentant de chasser les larmes qui débordent de mes yeux. J’aimerais faire comme si ses mots ne me blessaient pas. Sauf que c’est tout le contraire.
- Va bien te faire foutre Sacha, je marmonne, dents serrées.
Afficher en entierIl se pince les lèvres et je me tourne vers lui.
- Bien sûr, si tu ne veux pas tu n’es pas obligé. Moi j’ai envie de les voir parce qu’ils me manquent, mais je ne te force pas, d’accord ?
- Je ne veux pas que tu y ailles seul.
- Je suis un grand garçon tu sais ?
Afficher en entier- Sacha ?
Il laisse échapper un sanglot étouffé et ma mâchoire se contracte.
- Sacha, j’suis là. Je sais que c’est pas pareil, mais je suis quand même avec toi. Tu dois essayer de dormir, au moins un peu. S’il te plaît.
Je m’en veux de lui mentir ainsi. S’il savait que dans quelques heures, je prenais l’avion pour le rejoindre, il ne serait pas dans cet état. Mais je sais que lui faire la surprise sera encore mieux pour son moral. Alors je prends sur moi.
Afficher en entierSurtout les sapins devant lesquelles je finis par m’arrêter. Sacha relève la tête et se met à les fixer. Je caresse son bras doucement. Je le vois, plongé dans ses souvenirs, les premiers Noëls avec Aristote. Ce gamin était fan du Père Noël. Il faisait des listes de cadeaux interminables et pourtant, Sacha essayait toujours d’aider ses parents pour qu’ils puissent lui offrir tout ce qu’il voulait. Il était le grand frère rêvé. Il l’est toujours.
— Fêter Noël ne veut pas dire effacer tous les souvenirs avec eux, et encore moins se réjouir de leur mort, je commence. Au contraire, tu vas t’en faire des nouveaux et tu ne pourras jamais oublier ce que tu as vécu. C’est une partie de toi, c’est ton histoire, ta famille, qui ne s’envolera jamais si tu décides d’aller de l’avant.
Sa mâchoire se contracte, son regard se fait plus dur alors qu’il m’avoue :
— Ça fait tellement mal.
— Sacha…
Mon bras passe autour de sa taille, je l’attire contre moi. Il ne refuse pas mon câlin, au contraire, il s’accroche à moi, aussi fort qu’il le peut comme hier soir. Il a besoin de tendresse, d’une famille, d’amour. Je peux tout lui donner s’il l’accepte. Et un jour, il rencontrera la bonne personne et il fondera à son tour une famille.
Sa bouche se fraye un chemin, malgré mon écharpe, pour trouver mon cou, qu’il embrasse longuement. Puis, il se recule et disparaît parmi les sapins. Je le rattrape et regarde autour de nous. Il nous en faut un assez grand, mais pas trop non plus. Je déambule et m’arrête quand je remarque qu’il n’est plus à ma hauteur. Il s’est arrêté devant un sapin et me fait signe de venir.
— Je veux celui-là.
— D’accord.
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