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Voilà ce que m'apprend l'expérience : ne pas être conforme n'est pas un problème. L'important, c'est ce qu'on en fait, et ce qu'on décide de devenir à partir de là. La différence aussi nous construit. Les gens ne m'acceptent pas malgré elle ; ils m'acceptent maintenant grâce à elle. En la dévoilant, j'ai renforcé certains liens.
Cette conversation si souvent redoutée n'est désormais plus une confession honteuse ; c'est un acte d'affirmation. Ce que je cachais, j'ai maintenant besoin que les gens le sachent.
Afficher en entierJe ne m'étonne pas vraiment, avec le recul, de m'être trouvée tellement à ma place dans le domaine des genres de l'imaginaire. Là aussi, on sait ce que c'est d'être "à côté", hors d'une certaine vision figée de la "grande littérature", et de ne pas se reconnaître dans l'image que le reste du monde plaque sur nous : adolescents attardés, auteurs ou lecteurs de mauvais romans de gare sans prise avec le réel, et j'en passe. Rien n'est plus faux, évidemment ; mais parfois, on se lasse de chercher à l'expliquer au reste du monde, et on aime à se retrouver avec d'autres qui savent.
Afficher en entierLa différence dont je vous parle tient à l’absence d’une petite chose très bête que tout être humain est censé posséder : une pulsion considérée comme la chose la plus universelle et la plus banale au monde. Celle qui pousse à chercher un partenaire, à désirer la vie de couple, les relations charnelles, celle qui incite à fonder une famille. La recherche de l’âme sœur, si vous voulez. Après tout, les contes de fées de notre enfance se terminaient toujours quand les héros partaient vivre heureux et faire beaucoup d’enfants.
Afficher en entierPourtant, je découvrais en moi une profonde angoisse qui émergeait, une séance après l'autre, sans trouver de cause précise. Une sorte de trou noir qui refusait de se laisser définir et nommer.
Cette absence d'explication me perturbait de plus en plus. "On n'en a jamais parlé, mais vous avez une histoire", m'a dit la même généraliste un jour où j'ai fondu en larmes dans son cabinet. Je n'ai pas osé répondre qu'au contraire je n'en avais aucune et que je m'en voulais d'aller si mal sans raison.
Afficher en entierSi l'on apprend une chose avec l'âge, c'est qu'aucune situation n'est idéale. Tout n'est qu'une question d'équilibre entre des choix et des priorités ; il y a une grande naïveté à croire que la vie du voisin est plus belle que la nôtre, ou que tout changera d'un coup de baguette magique quand on aura obtenu ce travail-là, acheté cette maison-là, gagné le gros lot ou que sais-je encore. Toute chose apparemment parfaite a son revers ; je l'ai découvert précisément en concrétisant certains vieux rêves (publier mes livres, gagner ma vie comme traductrice) pour constater qu'ils ne transformaient pas ma vie aussi pleinement que je l'avais espéré et qu'ils apportaient même leur lot de difficultés. J'aime par-dessus tout, dans l'expérience du vieillissement, le fait d'apprendre une forme d'empathie et de comprendre que les autres aussi sont seuls, qu'eux aussi nous envient peut-être en secret sans se douter de ce que cache notre façade
Afficher en entierDevant la chaleur des réactions, mon texte à peine publié m’apparaissait déjà comme obsolète. C’était ça, le monstre qui me hantait, cette chose minuscule qu’il avait suffi de réduire à quelques phrases ? Depuis tout ce temps, ce n’était que ça ?
Afficher en entierJe crois de plus en plus qu'il y a , dans les genres de l'imaginaire , une possibilité de réinventer le monde qui parle à ceux qui se sentent en dehors. On peut y remodeler la société à notre image. On peut s'emparer de l'imagerie fantastique pour donner à ressentir notre expérience singulière du monde.
Afficher en entierPour qui accepte d'entendre et de voir , ces récits contiennent une vérité profonde.
Afficher en entierIl y aura souvent quelqu’un pour commenter : « Ça devient grotesque, cette manie d’inventer des étiquettes. » Ou bien : « Pourquoi ces gens veulent-ils absolument rentrer dans des cases ? » Je me fais chaque fois la réflexion que ceux qui tiennent ce discours ont la chance de ne pas avoir eu à se poser ces questions.
J’en sais quelque chose. Je vis sans étiquette depuis quarante ans et j’espère encore presque chaque jour trouver la mienne.
Afficher en entierEt pourtant , beaucoup grandissent dans la peur . Celle ne de pas être conforme , pas normal , pas comme les autres mais tant d'autres non plus ne sont "pas comme les autres". Et parfois , par peur des regards, par peur des moqueries , personne n'ose prendre la parole.
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