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- Je suis humaniste, Karen. Tu le sais. Je ne crois pas à l’au-delà. À ma mort, j’ai le choix entre renaître ou rien. Je ferai avec ce qui se présentera quand je me réveillerai.

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Ce qui m’agaçait le plus dans le fait d’être un esprit dépourvu de corps, c’était, eh bien… de ne pas avoir de corps. Il fallait constamment que je trouve à m’occuper si je ne voulais pas avoir l’impression de me trouver dans un caisson d’isolation sensorielle. Chacune de mes tentatives pour sourire, remuer ou froncer les sourcils avait connu le même sort : le sentiment d’avoir le visage anesthésié à la novocaïne. En ce qui concernait le reste de mon corps, j’avais l’impression d’être enfermé dans un morceau de coton géant. Je me demandais si ce n’était pas cette sensation qui était à l’origine des crises de démence des réplicants.

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L’objectif de ma mission était de découvrir des planètes habitables, ou, à défaut, de trouver des planètes dont il serait possible de modifier l’environnement ou sur lesquelles il serait possible de vivre avec l’aide d’une assistance technique.

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La planète était légèrement plus grosse que la Terre, mais sa pesanteur était plus faible, probablement à cause d’un noyau plus petit. Avec son atmosphère plus dense, c’était l ‘environnement idéal pour les créatures volantes et l’équivalent de grands arbres. Et ces derniers en avaient profité.

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- Quinze millions de personnes. On est passés de douze milliards à quinze millions. Notre espèce est vraiment la plus bête que je connaisse. On ferait peut-être mieux de les laisser mourir et de tout recommencer à zéro.

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Je me frottais le front. La facilité avec laquelle certains parvenaient à transformer n’importe quelle ânerie dogmatique en mouvement politique ne cesserait jamais de me surprendre.

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Si j'avais encore eu des sourcils, je les aurais retrouvés à l'arrière de mon crâne.

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1

BOB VERSION 1.0

— Donc… vous allez me décapiter.

Je regardai le bonimenteur en haussant un sourcil. Je le taquinais. Je le savais, il le savait, et je savais qu’il le savait.

Il me sourit, ravi de pouvoir poursuivre son argumentaire, tant que mon portefeuille et moi continuions à lui prêter attention.

— Monsieur Johansson…

— Appelez-moi Bob. Je vous en prie. Vous ne vous adressez pas à mon père.

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Heureusement qu’il y avait la famille. Et heureusement qu’elle se trouvait à plusieurs milliers de kilomètres ! Quand ils étaient tous à la maison en même temps, je parvenais généralement à les supporter une demi-heure avant d’aller me réfugier au sous-sol. Et mon père venait me rejoindre dix minutes après. On levait tous les deux les yeux au ciel, et on s’installait sans en dire davantage, que ce soit devant un livre ou la télévision. Mon père et moi étions d’un naturel solitaire. Nous pouvions rester des heures dans la même pièce sans nous adresser plus de cinq mots, et sans que cela nous mette mal à l’aise pour autant. Cela mettait ma mère hors d’elle.

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Je réfléchis à ce qu’il venait de me dire. J’en tirai trois conclusions : premièrement, je n’étais pas mort. Bon, d’accord, je pense donc je suis, bla-bla-bla. Disons que c’était un fait établi. Deuxièmement, je n’étais plus comme neuf. En fait, je m’exprimais manifestement grâce à un synthétiseur vocal. Que je maîtrisais par la pensée. Ce qui signifiait, troisièmement, que la technologie avait considérablement progressé depuis mon accident. Combien de temps étais-je resté dans le coma ? Et qu’est-ce que c’était, bordel, qu’une interface « guppy » ?

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