Extraits

Ils débouchèrent dans une cuisine meublée d'une petite table en bois et de deux chaises.

— Asseyez-vous, ordonna-t-elle en tenant la corde.

Les yeux posés sur celle-ci, il déclara, incrédule :

— Vous comptez me ligoter à une chaise ?

— Oui.

— Voyons, je ne vais pas bouger. Je me fiche de ce que vous avez fait. Discutons tranquillement.

Elle agita le canon de son arme.

— Asseyez-vous. Déposez les clés sur la table.

Il s'installa sur une des chaises, déposa les clés sur la table, puis les fit glisser vers elle. Elle s'en empara et les mis dans sa poche.

— ça doit être votre première infraction, dit-il.

— Non, mentit-elle. Mettez les bras dans le dos.

— N'importe quoi.

— Obéissez, lâcha-t-elle d'un ton cinglant.

— Donc, vous êtes une criminelle endurcie ? C'est ce que vous prétendez ?

Il plaça les bras derrière la chaise, même si ça lui coûtait manifestement d'obtempérer.

— C'est ce que je prétends, oui.

Elle passa la corde à travers les barreaux torsadés de la chaise et autour de ses poignets, les ligotant solidement, testant la résistance des liens.

— ça va vite devenir affreusement inconfortable, murmura-t-il.

— Taisez-vous. S'il vous plaît.

— Première infraction, insista-t-il. Vous êtes beaucoup trop polie.

— Fermez-la.

" - Hé, dit-il en la considérant d'un air surpris.

Elle se glissa à l'intérieur du véhicule et ferma la portière, agrippant son sac à dos, le cœur battant comme un dément dans sa poitrine.

- J'ai besoin que vous me conduisiez quelque part.

- Ah bon ? demanda-t-il prudemment, semblant plutôt prêt à la foutre dehors.

Avec un calme trompeur, elle sortit son calibre 38 du sac à dos et le pointa sur lui.

- Je me débrouille plutôt pas mal avec ça. Désolée. Je vous jure. Tout ce que vous avez à faire, c'est m'emmener loin d'ici.

Il était beau. Cheveux noirs, yeux bleu-gris, mâchoire puissante et une légère fossette quand il serra les dents en fixant son arme. La trentaine. Jean poussiéreux et tee-shirt gris décoloré barré d'inscriptions.

- C'est une blague, énonça-t-il lentement.

- Vous croyez ? demanda-t-elle, la gorge nouée. Je ne vais peut-être pas vous tuer. Mais je pourrais vous blesser. Je suis certaine d'en être capable. Si vous ne m'aider pas, je pourrais vous blesser.

Elle jeta un coup d’œil au gobelet et y lut son nom : "AGGUIE."

— Apprends-moi quelque chose sur toi, demanda-t-il.

[...]

— Eh bien, je suis du signe du Lion, dit-elle. J'aime la cuisine italienne et le café qui coûte cher, et j'habite un appartement en compagnie d'un chat de cent kilos.

Aaron s'esclaffa en crachant un peu de fumée. Liv n'avait jamais laissé penser qu'elle pouvait avoir du caractère, et elle l'avais pris au dépourvu. Elle ne savait même pas trop pourquoi elle avait dit ça. Elle avait juste voulu... ne pas se montrer trop sérieuse pour une fois.

— Cool. Comment s'appelle le chat ?

— Minus.

Il lui sourit et Live lui rendit son sourire. Ils n'avaient jamais échangé de propos aussi espiègles et, même si Liv ne faisait qu'entretenir la conversation, Aaron la scrutait comme s'il la découvrait.

— Qui es-tu ? demanda-t-il. T'es trop jolie pour être cette comptable effacée que tu prétends être.

Trop jolie ? Elle avait des cheveux bruns raides, des yeux noisette et une bouche et une mâchoire trop serrée, du moins c'était ce qu'on lui avait dit.

— Je suis plutôt banale.

— Tu devrais de temps en temps te regarder dans le miroir.

" - 911. Quelle est la nature de votre urgence ?

- Il y a... eu une fusillade, dit-elle d'une voix méconnaissable.

Elle indique l'adresse, puis le combiné valdingua de sa main avec fracas alors que la standardiste la suppliait de rester en ligne. Liv ne raccrocha pas, mais elle laissa tomber le combiné par terre, tout comme elle l'avait fait quelques soirs plus tôt dans sa cuisine.

Elle resta figée quelques instants.

Puis, avec un cri, elle franchit en courant la porte d'entrée, ses pensées résonnent dans sa tête en songeant qu'il s'en était fallu de peu qu'elle se fasse descendre elle aussi.

C'est après toi qu'ils en ont. Toi ! Toujours toi, l'avertissait sa voix parano intérieure. Rentre chez toi. Prends ton flingue. Et FUIS !"

— Crenshaw & Crenshaw, annonça une voix féminine avec ce ton passablement ennuyé et prétentieux qui semblait gagner les meilleurs cabinets d’avocats.

— Olivia Margaux Dugan à l’appareil, Tom Crenshaw a cherché à me joindre.

— M. Crenshaw n’est pas encore là.

Avec une pointe de réprobation, comme si elle estimait que Liv devrait savoir qu’une personne aussi importante que M. Crenshaw ne daignerait pas venir travailler si tôt.

— Souhaiteriez-vous laisser un message ? reprit-elle.

— Communiquez-lui simplement cette adresse.

Liv donna l’adresse de Zuma Software avant de préciser :

— Il peut m’y faire parvenir le colis de Deborah Dugan.

— Puis-je lui dire de quoi il retourne ? Y a-t-il autre chose ? demanda-t-elle, semblant un peu vexée par le ton très autoritaire de Liv.

— Il comprendra.

Et elle raccrocha.