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Actuelle victime de la barbarie terroriste, le site archéologique gréco-romain de Palmyre est peut-être le plus somptueux qui ait été dégagé par les fouilleurs avec Pompéi, près de Naples, et, sur la côte turque, l’immense ruine d’Éphèse. Vers l’an 200 de notre ère, la cité appartenait au vaste Empire romain, à son apogée en ce temps-là, qui s’étendait de l’Andalousie à l’Euphrate et du Maroc à la Syrie. Lorsque arrivait dans cette république marchande un étranger de passage, négociant grec ou italien venu à cheval, Égyptien, Juif, magistrat envoyé par Rome, publicain ou soldat romain, bref citoyen ou sujet de l’Empire, le nouveau venu voyait au premier coup d’œil qu’il avait changé de monde. On parlait dans les rues un langage inconnu du visiteur – qui était une grande langue de civilisation, l’araméen –, on apercevait partout des inscriptions en une écriture mystérieuse.
Afficher en entierMais pourquoi, en août 2015, avoir fait exploser et détruit le temple de Baashamin ? Parce que c’était un sanctuaire où les païens d’avant l’Islam venaient adorer des idoles mensongères ? Non pas, mais parce que ce monument est vénéré par les Occidentaux actuels, dont la culture comporte un savant amour pour les monuments historiques et une vive curiosité pour les croyances d’ailleurs et de jadis. Or les islamistes veulent manifester que les musulmans ont une autre culture que la nôtre, une culture qui leur est propre. Ils ont fait sauter ce temple de Palmyre et ils ont sacrifié plusieurs sites archéologiques du Proche-Orient pour nous montrer qu’ils sont différents de nous et qu’ils ne respectent pas ce que vénère la culture occidentale.
Afficher en entier"Ce livre est beaucoup plus bref, il n'est plus d'érudition, et il s'adresse au lecteur honnête homme. Il a été l'occasion de me poser de nouvelles questions, car l'actualité nous presse.
Introduction.
Afficher en entierSur le site tel que les archéologues l'ont aménagé, aucune construction moderne n'est en vue ; le temps s' y est arrêté une fois pour toutes. Ce qui frappe le plus le visiteur contemporain est ce qui frappait déjà le voyageur antique : un grand sanctuaire, aujourd'hui explosé, et une longue colonnade, ces "rues de Palmyre, ces forêts de colonnes dans les plaines du désert" dont rêvait Hölderlin enfant. Le commerce avec le vaste monde avait transfiguré cette oasis araméenne, de même qu'il fera une Venise de quelques îlots boueux sur l'Adriatique. La colonnade représentait l'urbanisme d'avant-garde et la vie de tous les jours, le sanctuaire du dieu Bêl était le Saint-Marc de ce port du désert. (p.19)
Afficher en entierLes civilisations n'ont pas de patrie et ont toujours ignoré les frontières politiques, religieuses ou culturelles qui séparent les troupeaux humains. (p.60)
Afficher en entierPourquoi un groupe terroriste saccage-t-il les monuments inoffensifs d'un lointain passé (ou les met-il en vente) ? Pourquoi détruire cette Palmyre qui était classée par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité ? Et pourquoi tant de massacres, parmi lesquels le supplice, la torture, la décapitation, le 18 août 2015, de l'archéologue palmyrénien Khaled al-Assaad auquel est dédié ce livre ? (p. 9)
Afficher en entier"S'helléniser, c'était rester soi-même tout en devenant soi-même ; c'était se moderniser." (P.62)
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