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La maison des Manin est à vendre. Après avoir abrité trois générations d’une famille désormais éclatée, elle ne contient plus qu’un lot de vieilles photos et d’objets épars dont personne ne se soucie. On ne lui rend plus visite. En dépit de la solitude et de sa situation de garde-souvenirs, la maison des Manin n’est pas très sentimentale. Elle sent bien qu’elle s’affaisse, qu’elle tombe en ruines, et d’ailleurs, les maisons voisines le lui rappellent constamment. Elle attend ses nouveaux propriétaires. Au fond, comme toutes les maisons, elle cherche la compagnie des hommes, un peu de chaleur, un peu d’action. Aussi, quand Hector, un metteur en scène peu bavard, arrive avec à sa suite sept comédiens déterminés à la transformer en théâtre, la maison se voit déjà en haut de l’affiche. Elle se laisse aller à tous les travaux que ses nouveaux occupants jugent nécessaires, et sa transformation progressive suscite la curiosité générale au village, ce qui n’est pas pour lui déplaire. D’abord irritée par la présence d’Isis, une nouvelle recrue d’Hector, la maison va peu à peu se faire apprivoiser par cette comédienne accidentelle au parcours chaotique, et composer avec le reste de la troupe une pièce unique dont elle sera bien plus que le décor.
Ce deuxième roman très maitrisé de Camille Bordas poursuit l’exploration de ces moments de latence qui ponctuent chaque vie, ceux où affleurent les doutes et d’où émerge le changement. Ils sont ici envisagés avec humour et détachement, sans psychologie ni pathos, dans une langue rythmée où la narration passe de main en main, prise en charge par une maison en personnage principal, prêtée à trois protagonistes majeurs ou empruntée le temps d’une phrase par des objets, qui eux aussi ont leur drôle de caractère.
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