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Et Merry est celle qui s'est chargée de lui dessiller les yeux. La fille a ouvert les yeux de son père. Et peut-être était-ce ce qu'elle avait toujours voulu faire. Pour lui, la vie se définissait principalement par l'ordre, et une infime quantité de désordre. C'était tout le contraire. Il avait élaboré une chimère et Merry s'était chargé de la dissiper. Ce n'était pas une guerre spécifique qu'elle avait en tête, mais c'était pourtant une guerre qu'elle avait introduite en Amérique et dans son propre foyer.
Afficher en entierLa rançon d'être pris pour un dieu, ce sont les rêves démesurés de vos enfants de choeur.
(p 108)
Afficher en entierVous êtes de bons parents, vous avez élevé votre fille selon les principes que vous jugiez les meilleurs, lui dit-elle. Ce n’est pas votre faute, et je ne vous en veux pas. Ce n’est pas vous qui êtes allé acheter la dynamite. Qui avez fabriqué la bombe. Qui l’avez posée. Vous, vous n’avez rien à voir avec cette bombe. S’il s’avère que c’est bien votre fille qui en porte la responsabilité, je n’incriminerai personne d’autre. Je suis désolée pour vous et votre famille, monsieur Levov. Moi, j’ai perdu un mari, mes enfants ont perdu un père, mais vous, vous avez perdu quelque chose de plus important encore. Vous êtes des parents qui ont perdu leur enfant. Il ne se passe pas de jour sans que vous soyez dans mes pensées et mes prières.
Afficher en entierOn lutte contre sa propre superficialité, son manque de profondeur, pour essayer d’arriver devant autrui sans attente irréaliste, sans cargaison de préjugés, d’espoirs, d’arrogance ; (…) on arrive l’esprit ouvert, pour l’aborder d’égal à égal, d’homme à homme, comme on disait jadis. Et avec tout ça on se trompe à tous les coups. (…) On se trompe avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux ; on se trompe quand on est avec eux ; et puis quand on rentre chez soi, et qu’on raconte la rencontre à quelqu’un d’autre, on se trompe de nouveau. Or, comme la réciproque est généralement vraie, personne n’y voit que du feu, ce n’est qu’illusion, malentendu qui confirme la farce. Pourtant, comment s’y prendre dans cette affaire si importante – les autres – qui se vide de toute la signification que nous lui supposons et sombre dans le ridicule, tant nous sommes mal équipés pour nous représenter le fonctionnement intérieur d’autrui et ses mobiles cachés ? Est-ce qu’il faut pour autant que chacun s’en aille de son côté, s’enferme dans sa tour d’ivoire, isolée de tout bruit, comme les écrivains solitaires, et fasse naître les gens à partir de mots, pour postuler ensuite que ces êtres de mots sont plus vrais que les vrais, que nous massacrons tous les jours par notre ignorance ? Le fait est que comprendre les autres n’est pas la règle, dans la vie. L’histoire de la vie s’est se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y a avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C’est même comme ça que l’on sait qu’on est vivant : on se trompe. Peut-être le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et de continuer rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous … alors vous avez de la chance.
Afficher en entierIl avait appris la chose la plus terrible leçon de la vie, à savoir qu’elle n’a pas de sens. Et lorsque cela arrive, le bonheur n’est plus jamais spontané. Il devient artificiel et, même tel quel, s’achète au prix d’une aliénation opiniâtre de soi et de sa propre histoire.
Afficher en entierLa vie n'est qu'une courte période de temps où l'on est vivant. Meredith Levov, 1964.
Afficher en entierElle obéit à une puissance qui s'en fout éperdument ; une puissance devenue folle. Et nous sommes tous devenus fous.
Afficher en entierLeur vie avait tourné ainsi : elle vivait à Newark avec rien, ils vivaient à Old Rimrock avec tout, sauf elle.
Afficher en entierL'accident allait rester à l'affût, invisible, tout le reste de sa vie, il allait mûrir, prêt à exploser, à un tout petit millimètre sous la surface des choses. Cet accident était la face cachée de tout le reste de sa vie.
Afficher en entierVoilà une lisse, et ça, ça s'appelle un tambour et toi tu t'appelles minou, et moi je m'appelle papa, et ça, ça s'appelle vivre, et le contraire mourir, et ça, c'est de la folie, et ça, c'est du deuil, et ça l'enfer, l'enfer absolu, et il faut avoir des liens puissants pour tenir le coup ; ça, ça s'appelle continuer en faisant comme si de rien n'était, ça, payer le prix, mais le prix de quoi bon Dieu, ça s'appelle avoir envie d'être mort, envie de la tuer, envie de la sauver de ce qu'elle peut être en train de vivre où qu'elle soit sur terre en ce moment, ce déluge verbal ça s'appelle tout effacer, et ça marche pas, je suis à moitié fou, l'impact de cette bombe est trop violent...
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