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Le wanderer que je suis redeviendra humaniste lorsque cessera la suprématie du mâle. Il souffre à chaque instant de se heurter où qu'il porte ses pas à la toute puissance de la testostérone. Il lui semble que l'humanité a érigé en divinité le mauvais chromosome. Il entend des cris de joie dans les maisons berbères saluant la naissance d'un garçon et les lamentations si c'est une fille. Il a traversé des villages dans les campagnes de Chine où les mères se pendent si elles enfantent une fille. Il a vu en Inde, où il manque cinquante millions de femmes, le visage des victimes qu'on a tenté de brûler. .. Dans les pays de sable et de soleil, il a partagé des diners à la table du maitre de maison pendant que la mère de famille se nourrissait par terre de ce qu'on lui laissait. Il a rencontré des familles composées de petits garçons gras comme des poussahs entourés de fillettes aux côtes saillantes...
Afficher en entierUne flèche est un geyser de sève minérale. Les moellons de l'édifice entier, parcourus par les flux montants, sonnent comme le cristal si on les frappe de l'ongle : ils sont aussi tendus que les cordes d'une harpe. Une cathédrale est un instrument de musique.
Afficher en entierSans doute l'aimions nous pour des raisons qu'il n'eût pas appréciées : pour la scansion des vers cent fois répétés et non pour la vieille foi, pour les bâtisses de pierre et non pour ce qu'il y a dedans. Pour les carcasses et non pour la chair.
Afficher en entierLe poète doit s'inspirer de la phalène. Il endossera les habits de citadin, se confondra au peuple des rues mais n'abandonnera jamais ses ailes qui lui permettent de s'échapper de la ville, d'y vivre dans y être. Je connais des promeneurs perpétuels, des phalènes humaines, qui habitent au cœur de Paris, l'âme ailleurs.
Afficher en entierJe n'ai donc plus tellement soif de mes semblables et me demande même - avec prudence - si l'humanisme n'est pas un réflexe de défense corporatiste, une sorte de syndicalisme biologique destiné à protéger l'espèce à laquelle on appartient, à défendre ses prérogatives. Nul doute qu'on pratiquerait le léopardisme si on était léopard et l'éléphantisme si on était éléphant. L'amour porté à l'Homme par lui-même (et ses avatars finalistes, anthropocentristes, monothéistes...) ne serait que l'adoration de soi-même dans le miroir de l'autre. Une façon de se masturber en faisant croire à son prochain que c'est lui qu'on caresse. Les humanistes aiment, lorsqu'ils contemplent les yeux de leur prochain, y découvrir que c'est eux qu'on regarde.
Afficher en entierOr, l'une des vertus du bon wanderer est de ne rien attendre du chemin qu'il emprunte. À chaque pas il cueille les émotions, il se gorge de nouveautés, mais il n'essaie pas de trouver des correspondances entre ce qu'il découvre et ce qu'il espérait trouver. Il se garde bien d'évoquer trop souvent le souvenir de l'ancien temps sachant qu'il n'éprouvera que de la nostalgie à comparer le présent et le passé.
Afficher en entierVoyager, ce n'est pas choisir les ordres, c'est faire entrer l'ordre en soi.
Afficher en entierQui n'est pas capable d'applaudir des deux mains à l'effondrement de son bien n'est pas totalement mûr pour le vagabondage.
Afficher en entier[...] le wanderer, mot allemand qu'on est embarrassé de traduire en français. Il s'agit de quelque chose entre le voyageur classique à l'affût des merveilles du monde et l'errant libre de toute entrave.
Afficher en entierCar on vit sans doute mieux dans les ténèbres de la nuit des temps qu'à la vue des Hommes.
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