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S’envolent les colombes
Se posent les colombes
Prépare-moi la terre, que je me repose
Car je t’aime jusqu’à l’épuisement
Ton matin est un fruit offert aux chansons
Et ce soir est d’or
Nous nous appartenons lorsque l’ombre rejoint son ombre dans le marbre
Je ressemble à moi-même lorsque je me suspends
Au cou qui ne s’abandonne qu’aux étreintes des nuages
Tu es l’air se dénudant devant moi comme les larmes du raisin
L’origine de l’espèce des vagues quand elles s’agrippent au rivage
Et s’expatrient
Je t’aime, toi le commencement de mon âme, toi la fin
S’envolent les colombes
Se posent les colombes
Mon aimé et moi sommes deux voix en une seule lèvre
Moi, j’appartiens à mon aimé et mon aimé est à son étoile errante
Nous entrons dans le rêve mais il s’attarde pour se dérober à notre vue
Et quand mon aimé s’endort je me réveille pour protéger la rêve de ce qu’il voit
J’éloigne de lui les nuits qui ont passé avant notre rencontre
De mes propres mains je choisis nos jours
Comme il m’a choisi la rose de la table
Dors, ô mon aimé
Que la voix des murs monte à mes genoux
Dors, mon aimé
Que je descende en toi et sauve ton rêve d’une épine envieuse
Dors, mon aimé
Sur toi les tresses de ma chevelure. Sur toi la paix
(...)
J’ai vu le pont
L’Andalousie de l’amour et du sixième sens
Sur une larme désespérée
Elle lui a remis son cœur
Et a dit : l’amour me coûte ce que je n’aime pas
Il me coûte mon amour
Puis la lune s’est endormie
Sur une bague qui se brisait
Et les colombes se sont envolées
L’obscurité s’est posée
Sur le pont et les amants
S’envolent les colombes
S’envolent les colombes
Afficher en entierPour la première fois, il voit la mer, de l’intérieur
Notre bateau transporte la terre ferme, lui cherchant des havres.
Nous défendions le devoir des mots et le talon d’Achille.
Nous poursuivions ce périple vers le commencement. Qui arrêtera la mer pour que nous trouvions le commencement sur son rivage ?
Le romancier d’entre nous tirait le bateau en arrière, voulant retourner à la voix de Beyrouth : ne partez pas ! Il écrivait un nouveau chapitre sur les miracle, et son meurtrier.
Et, quand il eut fini de le rédiger, les héros de son histoire se sont mis à jouer.
Ils ont pissé sur lui, pissé sur Babel
Pour qu’il voie la mer, de l’intérieur,
Et porte le fardeau de la parole sur ses épaules.
Afficher en entierQuand les martyrs vont dormir, je me réveille et je monte la garde pour éloigner d’eux les amateurs d’éloges funèbres.
Je leur souhaite " bonne patrie ", de nuages et d’arbres, de mirages et d’eau.
Je les félicite d’avoir échappé à l’accident de l’impossible, à la plus-value de la boucherie.
Je vole du temps afin qu’ils me volent au temps. Sommes-nous tous des martyrs ?
Et je murmure : ô mes amis, laissez un seul mur pour les cordes à linge, une nuit pour les chansons.
Je suspendrai vos noms où bon vous semble, mais dormez un peu, dormez sur l’échelle de la vigne acide.
Que je protège vos rêves des poignards de vos gardiens et du revirement du Livre contre les prophètes.
Soyez l’hymne de celui qui n’a pas d’hymne lorsque vous irez dormir ce soir.
Je vous souhaite " bonne patrie " montée sur un coursier au galop
Et je murmure : ô mes amis, vous ne serez pas comme nous : corde d’une obscure potence !
Afficher en entierLe dernier train s’est arrêté au dernier quai. Et personne
Pour sauver les roses. Nulle colombe pour se poser sur une femme en chair de parole.
Le temps s’est achevé. Le poème ne peut guère plus que ce que l’écume a pu.
Ne crois pas nos trains, ô amour, n’attends personne dans la cohue.
Le dernier train s’est arrêté au dernier quai, et personne
Ne peut retourner aux narcisses retranchés dans les miroirs de la pénombre
Où laisserai-je ma dernière description de ce qui m’est advenu comme corps ?
Est fini ce qui est fini. Où est ce qui est fini ? Où viderai-je ce qui m’est advenu comme pays ?
Ne crois pas nos trains, ô amour, les dernières colombes se sont envolées, envolées
Le dernier train s’est arrêté au dernier quai … et personne.
Afficher en entierL’aéroport d’Athènes nous répartit dans les aéroports. Le combattant a dit : où combattrai-je ? Une femme enceinte lui a crié : où t’offrirai-je ton enfant ? Le fonctionnaire a dit : où ferai-je des affaires ? L’intellectuel a rétorqué : c’est ton affaire. Les douaniers ont demandé : d’où êtes-vous ? Nous avons répondu : de la mer. Ils ont demandé : où allez-vous ? Nous avons répondu : à la mer. Ils ont demandé : votre adresse ? Une femme de notre groupe a répondu : mon village, c’est mon baluchon. A l’aéroport d’Athènes, nous avons attendu des années. Un jeune homme a épousé une jeune fille et ils n’ont pas trouvé de chambre pour consommer rapidement le mariage. Il s’est demandé : où vais-je la déflorer ? Nous avons ri et lui avons dit : cette question n’a pas lieu d’être, jeune homme. L’analyste a dit : ils meurent pour ne pas mourir. Ils meurent par hasard. L’homme de lettres a dit : notre camp va sûrement tomber. Que veulent-ils de nous ? Chaque jour, l’aéroport d’Athènes changeait d’habitants. Et nous, nous sommes restés comme des bancs sur les bancs, à attendre la mer, pour combien d’années, ô aéroport d’Athènes ?
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