Extraits

Chapitre 12 :

Benjamin

«… Alors que je longe la dernière allée, je reconnais ma patiente assise sur un banc, l’air perdu. Elle semble beaucoup plus fragile que tout à l’heure et, instinctivement, je me dirige vers elle.

— Tout va bien ?

Elle sursaute. Elle ne m’a pas entendu arriver.

— Oui, oui, me répondit-elle sur la défensive.

Cette fois, il n’y a plus aucune trace de fragilité sur son visage. Elle me toise d’un air interrogateur.

— J’ai oublié quelque chose ? demande-t-elle.

— Euh… non, je…

Et voilà que je bégaie maintenant.

Cette fille mystérieuse me fait perdre mes moyens ou alors j’ai besoin de repos.

— Vous aviez l’air préoccupé.

— Pas du tout, rétorque-t-elle froidement. Au revoir, docteur.

Elle se lève subitement, mais ses yeux se retournent. Je connais ces symptômes, je fais un pas en avant pour la rattraper.

— Il me faut une civière par ici ! …»

Chapitre 7 :

Charlie

17 août 2015 - 3ème mois de grossesse

«… Je ne peux m’empêcher d’écouter et colle mon oreille contre le battant.

– Si elle est partie une fois, elle pourrait recommencer.

Je reconnais la voix de son père, Jacques Mansen, et mon sang ne fait qu’un tour en supposant qu’ils parlent peut-être de moi.

– Tu imagines, si elle s’enfuit avec ton enfant, ma descendance, reprend Jacques.

Cette fois, il n’y a plus de doute, ils conversent à mon sujet. J’ai l’impression qu’ils se sont éloignés de la porte, j’entends moins bien, alors je me concentre.

– Si ça sortait dans la presse… Une catastrophe pour notre image…

Mon cœur s’emballe.

Ils ne me font pas confiance.

– Dès qu’elle aura accouché… Il pourra s’agir d’un accident…

Je m’écarte de la porte. Instinctivement, je pose ma main sur mon ventre. J’ai déjà été témoin de ce genre de discussions dans le passé. Souvent par erreur. J’ai le vilain défaut d’écouter ce que je ne suis pas censée entendre. Je tiens ça de mes années passées en foyer. Le savoir, c’est le pouvoir, surtout quand tout le monde est contre toi.

Ils parlent de moi comme si j’étais un problème.

Et malheureusement, je sais ce que les Mansen font quand ils en ont un : ils l’éliminent.…»