Extraits

Et puis, un matin, comme elle savait qu’il se réveillait tôt et allait courir, elle avait profité de son absence pour envahir la salle de bain, elle mettait du temps à se préparer. Lola avait cru qu’il était déjà sorti, mais en réalité, il était en train de se toucher. Elle s’empourpra dans l’obscurité en le revoyant, debout, le front appuyé contre le mur, les yeux fermés, majestueusement nu et les mains bougeant frénétiquement sur son pénis, avant de gémir son prénom. Elle n’avait pas réussi à détacher les yeux du spectacle qu’il lui offrait sans le savoir. Le feu aux joues, elle avait clairement entendu le petit cri rauque qu’il avait lâché lorsque sa semence avait giclée.

Un malaise s’était installé entre eux et Lola comprit très bien qu’il avait surpris ses propos. Elle connaissait suffisamment Sean pour savoir qu’il ne lui en parlerait pas. Elle, en revanche, décida de rompre le silence.

— Tu as entendu ce que je disais, c’est ça ?

Pour toute réponse, il resserra ses mains sur son volant, si le pauvre avait été vivant, il serait mort étranglé.

— Ce n’est pas contre toi, tu le sais, non ?

— Peut-être, n’empêche que ça me blesse que tu parles de moi de cette manière. Tu sais pourtant que je ne te ferais pas souffrir, pourquoi projettes tu d’aller, je cite « aussi loin que possible » de moi ?

— Parce que je ne veux pas qu’il y ait plus que de l’amitié entre nous.

— Mais il est déjà trop tard pour ça, dit-il, préférant se garer un instant sur la bande d’arrêt d’urgence et lui parler en toute sincérité.

Cela faisait un moment qu’ils évitaient d’aborder ce sujet, mais le moment était venu. Lola détourna le regard, les joues rosies alors qu’il la fixait.

— Tu le sais aussi bien que moi, tu dois le sentir, ces picotements lorsqu’on se touche, cette envie qu’on a, tous les deux, d’être ensemble. Je comprends la raison pour laquelle tu es effrayée, mais je t’ai déjà dit que j’allais attendre le moment où tu seras prête.

— Et si ce moment n’arrivait jamais ? Tu auras gâché tout ce temps pour rien ! Tu mérites…

— C’est toi que je veux Lola, toi et personne d’autre, déclara-t-il. Et je sais que ce moment viendra, je suis prêt à attendre des années s’il le faut.