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Libidineux et indécis, on ne comprends pas bien ce qui anime le narrateur, est-ce le désir, l’amour, ou le dégoût qu’il éprouve pour lui-même ? Ceci étant, il a conscience de son comportement répréhensible, de son envie démesurée de "posséder" Sven, et tente autant qu’il le peut de restreindre ses pulsions. Spoiler(cliquez pour révéler) J’apprécie que son regard épris de désir s’atténue parfois et se fait remplacer par un regard attendrit et amoureux. C’étaient là, probablement, des moments où j’étais la plus rassurée. Le narrateur ne me laissait guère un sentiment de confiance.

La seconde partie est, pour ma part, bien plus interessante, car j’en avais assez du jeu du chat et de la souris. Je déplore plusieurs choix ayant été fait pour la première partie de ce roman et qui alourdissaient la lecture, comme des images trop disparates écrites à la suite, pas évidentes à s’imaginer.

Néanmoins, la plume de l’auteur lorsqu’on la comprend, retranscrit avec justesse les émotions traversées par le narrateur en pleine confusion. Ça nous rend nous même confus en fait.

Bien qu’il s’agisse d’un récit, j’ai eu l’impression de lire un journal, ou des confessions, à l’instar du célèbre Confessions d’un masque de Yukio Mishima. Tout tourne autour du point de vue du narrateur et de ses interactions avec Sven.

Quant à la fin, que dire… je la voyais arriver, notamment à cause des nombreuses répétitions de la dernière phrase, quelques pages auparavant. Spoiler(cliquez pour révéler) Au final on sait pas trop si Sven est véritablement mort, ou s’il a simplement été tué dans l’esprit du narrateur, qui, depuis le début de la partie 2, faisait le deuil de cette relation, d’où sa colère, son dégoût et sa tristesse envers Sven qui se trouvait pourtant à ses côtés. Il savait qu’il ne reviendrait pas de ce voyage avec lui.

L’image de Sven, dans cette deuxième partie est davantage attendrissante, Spoiler(cliquez pour révéler) car on pense mieux le connaître, même si au final, on n’en sait pas tellement plus. Il se sera joué de nous tout du long. Notons que ce qu’on sait de lui, c’est ce que le narrateur veut nous faire croire, et ce en quoi il croit. Sven n’est en fait qu’une suite d’hypothèses établies par le Narrateur qui le façonne à son bon vouloir comme s’il partait d’une toile vierge —ce qui a le don d’agacer Sven, en lui inventant une vie de péripéties et faisant de lui un personnage principal. J’aurais tout de même espéré une meilleure fin pour Sven, mais celle qui nous est présentée est la plus crédible

L’évolution des personnages et leur relation marque un tournant lorsqu’ils se rendent à Groix, elle est très bien amenée par l’auteur, même si cela reste subtil.

Beaucoup d’éléments sont abordés en 167 pages, entre autres la jeunesse, la pauvreté, le manque, le désir, l’homosexualité (dont des références culturelles et artistiques), l’homophobie, et même le consentement. J’ai envie de dire que c’est un exploit, car cette oeuvre est très riche contrairement à ce qu’on pourrait croire en vue de son nombre de pages.

Cependant je n’ai pas apprécié le narrateur qui m’a donné plus de frissons qu’autre chose.

L’originalité et le réalisme de Prélude à son absence, sont un plus.