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Seul peut résister à une masse organisée le sujet qui est tout aussi organisé dans son individualité que l’est une masse. Je me rends parfaitement compte combien une telle phrase doit paraître incompréhensible à l’homme d’aujourd’hui. Il a oublié la notion qui avait cours au Moyen Âge que l’homme est un microcosme, pour ainsi dire une image en réduction du grand cosmos.
Afficher en entierDans notre monde actuel, la conscience se sent perdue, désorientée. Cela provient en premier lieu de ce que l'homme a perdu le contact avec ses instincts, phénomène qui est dû au développement de l'esprit humain au cours des derniers âges de l'ère que nous vivons. Plus l'homme s'est emparé de la nature, et plus l'admiration qu'il ressentait pour son propre savoir et pouvoir lui est monté à la tête et plus s'est approfondi son mépris pour tout ce qui n'était que naturel et occasionnel.
Afficher en entier[…] Les religions enseignent une autre autorité, qui est opposée à celle du « monde ». Elles enseignent que l’homme relève du divin, suzeraineté aussi exigeante que celle du monde. Ces exigences divines, avec leur caractère absolu, peuvent soustraire l’homme au monde d’une manière aussi radicale que celle par laquelle il se perd à lui-même en succombant à la mentalité collective.
Afficher en entierLa religion constitue une attitude instinctive propre à l'Homme, dont on peut retrouver les manifestations à travers toute l'histoire de l'humanité et de l'esprit. De toute évidence, une de ses fonctions est de maintenir l'équilibre psychique, car l'homme naturel sait tout naturellement que ses fonctions conscientes peuvent être à tout moment modifiées, affectées, contre-carrées, aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur, par des facteurs incontrôlables.
Afficher en entierLes deux camps qui se partagent le monde ont en commun une finalité matérialiste et collectiviste et à tous deux il manque ce qui exprime l’homme en totalité, ce qui le promeut, le construit, le fait vibrer, le rend sensible, c’est-à-dire en bref ce qui met l’être individuel au centre de toute chose comme mesure, réalité et justification.
Afficher en entierIl est curieux que l’homme […] en soit amené à se réduire au rôle de quantité négligeable. Quelle singulière affaire que cette contradiction et que cette appréciation paradoxale de l’être humain par lui-même ! Elle n’est compréhensible qu’en y voyant l’expression d’une extraordinaire insécurité de jugement ; en d’autres termes, l’homme est à lui-même une énigme.
Afficher en entierPar une représentation suggestive de la puissance de l’Etat, on cherche à susciter un sentiment collectif de sécurité qui toutefois, à l’opposé des représentations religieuses, ne fournit à l’individu aucune protection contre ses démons intérieurs. C’est pourquoi il s’accrochera encore plus à la puissance de l’Etat, c’est-à-dire à la masse ; et, alors qu’il est déjà socialement dépossédé, son âme succombera aux influences collectives, et il s’y livrera intérieurement.
Afficher en entierL’Etat s’est mis à la place de Dieu, et c’est pourquoi, dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l’esclavage d’Etat est un genre de culte divin.
Afficher en entierL’homme qui n’est pas ancré dans le divin n’est pas en état de résister, par la seule vertu de son opinion personnelle, à la puissance physique et morale qui émane du monde extérieur. Pour s’affirmer en face de ce dernier, l’homme a besoin de l’évidence de son expérience intérieure, de son vécu transcendant, qui seuls peuvent lui épargner l’inévitable glissement dans la masse collective.
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