Extraits

- Ne t'inquiète pas, chérie, tu vas refaire ta vie. Regarde toutes les filles bêtes et moches qu'on connaît et qui sont en couple avec des enfants. Ce serait bien le diable que tu n'arrives pas à faire pareil.

- Maman, on ne va pas encore revenir là-dessus, soupira Ivana.

- Tu me tiens toujours à l'écart de tout, maugréa sa mère... De toute façon, cet homme était trop bien pour toi. Sans vouloir te vexer tu avais mis la barre trop haut. Si tu veux mon avis...

- Non, là, je ne le veux pas... tenta-t-elle d'ajouter, espérant couper court à la conversation.

- Il faut être réaliste, ma chérie, poursuivait sa mère sans se préoccuper qu'Ivana réponde ou non. Déjà, physiquement parlant, il faut voir l'avion de chasse avec lequel tu vivais... et si on te regarde... tu es jolie, certes... mais perdre quelques kilos ne te ferait pas de mal, si tu vois ce que je veux dire.

Elle se demandait si un jour une femme pourrait assumer ses choix de vie sexuelle sans craindre le regard accusateur des gens.

Un bien joli sein euh... Bien, que vous avez là...

Son joujou électrique, lui, ne vérifierait pas la netteté de son épilation, ne ronflerait pas et ne se gratterait pas les couilles devant un match de foot.

- Alors ? Chez toi ou chez moi ? demanda-t-il, une fois sur le trottoir.

- Pardon ? manqua de s'étouffer Ivana.

- Ben, on continue la soirée où ? répondit-il d'un air entendu.

- Toi, chez toi... et moi, chez moi !

Elle finirait l'après-midi avec les terminales qui se refusaient à reconnaître la puissance du style de Flaubert. Vu leur niveau et créneau horaire, même les Mémoires de Loana auraient pu passer pour de la grande littérature.

C'est au moment où il se retournait pour sortir que ses pieds se prirent dans la lanière de son bagage. Il trébucha assez maladroitement. Ivana ne put s'empêcher de réprimer un " Bien fait ! " sonore.

La vie de la jeune femme venait de basculer. Elle ne savait pas vraiment ce que cela voulait dire, mais elle se doutait que cela risquait de ne pas être facile.

Ivana se demanda si une rupture condamnait à tout recommencer.

Quelle vilaine expression que "refaire sa vie", presque autant que "tomber enceinte".