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Ne plus jamais laisser faire. C’est la promesse que s’était faite Lou en regardant sa mère agoniser sur le sol, le visage tuméfié, le corps meurtri. Ce soir-là, elle s’était jurée de ne plus jamais fermer les yeux.
Pour tenir cette promesse, elle a décidé qu’elle rendrait une petite visite à l’oncle Pierre. Car il va recommencer, elle en est convaincue. Dieu sait pourquoi Pierre a laissé tomber la dernière fois, mais il reviendra à la charge, c’est certain. Ce sera dans un jour, une semaine ou un mois, mais il remettra ça. Au moment où les sœurs s’y attendront le moins. Je peux l’éviter, se dit Lou. Je dois l’éviter.
— C’est pour un règlement, lance-t-elle en réponse à la question de Pierre.
La voix de l’oncle parvient de sous une vieille Renault 8 posée sur un cric hydraulique. À plat dos sur une planche en bois monté sur quatre roulettes, Pierre se fait glisser jusqu’au bord de la voiture, afin de voir son interlocutrice.
— Un règlement ? Ça m’étonnerait, ici on paie cash. J’ai pas pour habitude de laisser partir les clients sans allonger la monnaie.
— T’as raison Ducon, je me suis trompée. En fait, c’est pour un règlement de compte.
— Hé ! Comment tu m’parles ? J’vais t’apprendre les bonnes manières sale merdeuse !
Rouge de colère, Pierre attrape le pare-chocs au-dessus de lui et tire sur ses bras pour se dégager. D’un mouvement rapide, Lou met sa Doc Martens en opposition pour bloquer le chariot de visite. Seule la tête de l’oncle dépasse à l’extérieur du véhicule.
Sans le quitter des yeux, Lou pose la main sur le manche du cric. Il s’agit d’un modèle imposant, monté sur roues, comme on en trouve dans tous les garages automobiles. La jeune femme imprime une légère rotation à la poignée. Dans un chuintement continu, la voiture commence à descendre lentement.
— Putain, qu’est-ce tu fous ? crie Pierre.
En se tortillant dans tous les sens, il essaie de se dégager, mais le châssis du véhicule est déjà trop bas. Il est coincé entre celui-ci et la planche à roulettes.
— Attends que j’sorte d’là d’sous, j’m’en vais t’faire passer le goût du pain ! gueule l’oncle fou de rage.
En guise de réponse, Lou tourne très doucement la manette du cric. Sans à coup, la Renault 8 s’abaisse millimètre par millimètre. Quand Pierre se met à hurler, elle coupe la pression.
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