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Je cours.
Je cours dans des bois à la lueur de la lune, les branches déchirent mes vêtements et mes pieds s’accrochent dans les fougères lourdes de neige.
Les ronces entaillent mes mains. Mon souffle râpe ma gorge. J’ai mal. Tout est douloureux.
Mais c’est ce que je fais. Je cours. Je peux y arriver.
Quand je cours, je récite un mantra dans ma tête, chaque fois. Le temps que je veux accomplir, les frustrations que j’écrase sur le bitume.
Cependant, là, je martèle un seul mot, une seule pensée.
James, James, James.
Il faut que je réussisse. Que j’atteigne la route avant...
Soudain, le serpent noir de l’asphalte apparaît sous le clair de lune et je perçois le vrombissement d’un moteur à l’approche ; les lignes blanches s’illuminent avec une telle intensité qu’elles m’aveuglent, les troncs sombres des arbres se dessinent comme des balafres sur la lumière.
Est-il trop tard ?
Je me force à parcourir les trente derniers mètres, trébuchant sur des branches cassées, le cœur tambou- rinant dans la poitrine.
Afficher en entierEnsemble, nous avons pivoté vers la maison. A travers la vitre, j'apercevais Clare qui se déplaçait dans le salon, ramassant les verres et les noix sur la moquette. Je ne voyais Tom nulle part - il était sans doute monté. Dans la cuisine, Flo remplissait le lave-vaisselle avec une énergie féroce, posant les verres avec une telle force qu'il était surprenant qu'ils ne se cassent pas.
Je n'avais pas envie d'y retourner. Pendant une seconde, en dépit de la neige, des températures négatives qui me faisaient déjà trembler de froid, j'ai sérieusement envisagé de piquer à Nina les clés de la voiture et de dormir dedans.
Afficher en entier"Dans un bois très, très sombre il y avait une maison très, très sombre ;
Et dans cette maison très, très sombre il y avait une pièce très, très sombre ;
Et dans cette pièce très, très sombre il y avait un placard très, très sombre ;
Et dans ce placard très, très sombre il y avait ... un cadavre."
Afficher en entierEt ensuite ? Que s'est-il passé ?
Oh Seigneur ! Ce qu'il s'est passé... Je ne sais pas si je peux...
Je suis toujours assise dans le lit d'hôpital, à tenter de mettre de l'ordre dans le méli-mélo confus de mes pensées lorsque la porte s'ouvre en grand ; l'infirmière entre en poussant un chariot.
" Le médecin souhaite examiner vos radios, mais selon lui vous pourrez sûrement prendre un bain. Et je vous apporte le petit déjeuner.
- S'il vous plaît, dis-je en essayant de me redresser contre l'oreiller qui n'arrête pas de glisser. Dites-moi, la police devant la porte... Elle est là pour moi ? "
Elle paraît gênée et son regard glisse vers la vitre tandis qu'elle pose le plateau contenant les céréales, la brique de lait et une unique clémentine sur la table.
"Ils enquêtent sur l'accident, finit-elle par répondre. Ils vont vouloir vous parler, c'est sûr, mais le médecin doit d'abord donner son accord. Je leur ai dit qu'on ne fait pas irruption comme ça dans un hôpital à cette heure-là. Ils vont devoir attendre.
- J'ai entendu..." Avec difficulté je déglutis, ma gorge douloureuse comme si quelque chose cherchait à s'en échapper - un sanglot ou un cri. " Je les ai entendus parler d'un décès...
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Afficher en entierOn sait quand on voit le frère ou la sœur d'une célébrité: c'est comme regarder la star en question mais dans un miroir de fête foraine. Un reflet déformé avec une telle subtilité qu'il est difficile de mettre le doigt sur la différence. On sait juste que ce n'est pas pareil. Un élément essentiel a été perdu, une fausse note dans une chanson.
Afficher en entierLe cerveau ne se rappelle pas avec précisons. Il raconte des histoires. Il remplit les blancs et transforme ces fantasmes en souvenirs.
Je dois tenter de rassembler les faits.
Cependant, j'ignore si je me rappelle ce qu'il s'est passé, ou ce que je veux qu'il se soit passé. Je suis écrivain. Je suis une menteuse professionnelle. Difficile de savoir quand s'arrêter.
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