Commentaire de jeanpierrecattelain

Un roman puissant, vrai, profond.

Il dit la réalité de l'exploitation violente de la terre, et spécialement de la terre africaine, par des puissances (gouvernementales et surtout industrielles et financières, le big business des mines et du pétrole) qui empoisonnent, polluent, volent les terres, exploitent, expulsent, tout cela avec la complicité intéressée des dictateurs locaux, dzans une atmosphère de mépris post-colonial et de corruption généralisée. Tableau désespérant.

Et pourtant nous suivons le parcours d'une femme (une femme... dans cette culture où les hommes décident, les femmes obéissent sans un murmure) qui se rebelle, porte en elle une foi en la justice, et tâche tout au long de sa vie de venir en aide à son village, à son pays, au monde. Evidemment, elle n'en aura pas la force ni le temps.

J'ai apprécié bien des facettes de ce livre riche: l'évocation de la culture de ce village, son attachement à ses racines mythiques, son amour de la terre qui est souillée par l'apport de la "civilisation", sa spiritualité collective, l'importance du clan

Et puis le parcours, spirituel et politique, de cette jeune femme, d'abord avide de savoir scolaire, puis séduite par ses lectures sur les mouvements de libération, sur la non-violence, puis elle-même militante active et patiente.

Un clin d'oeil manifeste de l'auteur: si je dis Cotonou et Bamako, vous aurez tous reconnu le nom de deux capitales africaines; si je dis Juba et Lusaka, ce sont aussi d'autres grandes villes d'Afrique, moins connues des francophones: dans le roman, ce sont (il y en a d'autres, c'est un peu un jeu de piste) des noms de personnages, histoire de souligner que ce roman ne porte pas que sur un village (du Cameroun, peut-être?) mais bien sur l'ensemble de l'Afrique.

Un seul regret: c'est un livre que j'ai trouvé trop long, au rythme lent, assez répétitif. Mais il vaut la peine de le lire en entier.