Extraits

— À votre mort, enfin, quand vous êtes tombé dans le coma, parce que vous êtes pas mort en fait, vous l’avez bien compris, non ?

— Je pense, oui.

— C’est pas parce qu’on décongèle des bâtonnets de cabillaud qu’ils reviennent à la vie. Heureusement d’ailleurs. Imaginez, la revanche des poissons panés qui voudraient reconquérir la planète. La Guerre des mondes version Findus, avec Tom Cruise dans le rôle de l’exterminateur de cabillauds géants mangeurs d’hommes. L’horreur ! Bref, je divague là. À votre soi-disant mort, donc, votre membre a soigneusement été découpé par le chirurgien Francesco Antommarchi, à qui vous aviez confié la délicate mission de l’autopsie de votre dépouille, sous les ordres du prête qui avait réalisé votre extrême-onction.

Napoléon, comme nous l’avons déjà dit, était très intelligent, mais il venait de trouver quelque chose qu’il ne comprendrait jamais. Daesh. Et ce, malgré tous les efforts qu’il pourrait y mettre. Et pour la première fois depuis qu’elle s’était réveillée dans ce nouveau monde, l’abeille impériale avait le bourdon.

L’Empereur arriva bientôt devant une porte automatique qui s’ouvrit pour le laisser passer. Il gonfla la poitrine, débordant d’orgueil. Malgré son déguisement, les portes, elles, l’avaient reconnu et se félicitaient déjà de son retour.

— Ça va un peu contre mes principes, mais j’ai peur. J’ai l’impression que bientôt, on va se faire bouffer par les islamistes. La France d’aujourd’hui doit te paraître bien différente de celle de ton époque.

— Ça, tu l’as dit. Mais en mieux, Valentin. Crois-moi. En mieux. C’est une chance inouïe que celle que vous avez de vivre maintenant. Et je ne dis point cela pour le Coca Light ou les programmes électoraux. Je parle du vote des femmes, des vaccins, de la Sécurité sociale, du droit au travail, de l’accès au savoir. Avant, c’était misère, violence et compagnie pour une grande partie du peuple, crois-moi. On ne mesure jamais assez sa chance, Valentin. Tu es un homme libre et vivant. Réjouis-toi de cela.

Mais une fois à la maison, l’histoire n’est pas terminée pour autant. Parce que les barbus sont partout. Et qu’ils ont changé leur sourire d’anges pour celui du diable. Parce qu’ils ont tombé les masques et exécutent maintenant, à la lumière du jour, des gens d’ici pour des broutilles. Un mauvais regard ou un mot de travers. Ses parents le cachent à la cave depuis. Ils attendent que les forces internationales interviennent pour chasser l’État islamique de leur région, de leur pays, de leur vie, de la face de la Terre. Ils prient et attendent que les Américains, les Européens, les Russes viennent protéger leurs enfants. Ils attendent que le reste du monde s’intéresse à eux.

Ils attendent.

Ils attendent.

Et en attendant, ils meurent.

Napoléon Bonaparte, Albert Einstein, Stephen Hawking, Sylvester Stallone, l'Histoire de l'humanité avait connu, de manière périodique, des cerveaux brillants, privilégiés, qui avaient illuminé le monde de leur intelligence et permis des découvertes considérables chacun dans leur thème de prédilection. La stratégie militaire, la physique, le cosmos, la boxe sur carcasse de viande.

- Mais eux brûlent les livres. Comme les nazis, ou comme dans ce film de Truffaut. C'est vrai, vous ne connaissez ni les nazis, ni Truffaut. Quelquefois j'ai l'impression de parler à un ado ou à un candidat de Loft Story qui serait resté un peu trop longtemps enfermé. Bref, l'Etat islamique brûle tous les livres qui, à ses yeux, représentent la culture occidentale. Le dernier Harry Potter, par exemple.

- Harry Potter ?

- Oui, bon, le dernier n'est franchement pas terrible, mais de là à le brûler...

Un président du Kenya à dit " Quand les missionnaires sont venus, nous avions la terre et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier avec nos yeux fermés. Lorsque nous les avons ouverts à nouveau, ils avaient nos terres, et nous avions leur Bible..."

Le gène de la bêtise était de loin le plus tenace, le plus constant chez l’homme. Darwin l’avait oublié, celui-là, et c’est toute sa théorie qui se cassait la figure. Ce n’étaient pas les êtres les plus intelligents qui survivaient, mais bien les plus abrutis. L’idiocratie avait gagné.

-Je suis tellement en colère contre vous tous, si tu savais, reprit le prophète, les yeux injectés de sang. Tellement en colère contre vous. Lorsque je vous vois kidnapper des enfants de six ans pour les endoctriner, que je vous vois les armer et les entraîner à tuer au nom d'Allah. Quand je vous vois leur voler leur jeunesse, leurs rêves de petits garçons, de petites filles, j'ai envie de vomir. De vomir ! Les caricaturistes de l'Hebdo des Charlots avaient raison, c'est dure d'être aimé par des cons !