Extraits

— J’ai fait beaucoup d’erreurs dans ma vie. J’ai laissé au bord du chemin toutes les personnes qui comptaient réellement, trop éblouie par le strass et les paillettes. Aujourd’hui, tous ceux qui se disaient mes amis m’abandonnent. Débouler comme ça après plus de dix ans sans contact, ce n’est peut-être pas la meilleure façon de renouer le contact. Mais ma sœur est dans le pétrin. Je n’ai plus qu’elle et je ne veux pas la perdre.

Noah a eu un coup de cœur pour moi quand il était jeune, mais il n’aimera jamais la Zoé adulte. Je ne m’intéresse pas aux animaux, à la nature, aux enfants. Moi, c’est le shopping et les soirées, mon truc… Et puis, il ne faut pas oublier que techniquement, je suis morte.

Quand ai-je ri pour la dernière fois ? De manière sincère, j’entends. Pas les faux éclats de rire lors des soirées mondaines. Pour louvoyer dans ce monde de paillettes et de requins, j’ai créé un personnage. Et aujourd’hui, derrière les apparences, je ne suis qu’une coquille vide.

Puis, les visages de hyènes de Jenny et Grace pointent dans mon esprit. Leurs prénoms sont à des années-lumière de leurs personnalités, Jenny n’a rien d’un génie, quant à Grace, elle en a autant qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine

— Sur Terre, il y a peu de personnes profondément humaines et gentilles. Ces individus apportent une pierre à l’édifice pour rendre le monde meilleur. Il est nécessaire qu’on leur donne leur chance. Et leur mort prématurée peut avoir des conséquences sur l’évolution d’autres hommes ou femmes

D’après les dires de ma défunte grand-mère, rêver de sa mort rallonge notre vie de sept ans. J’ai pourtant l’étrange sentiment qu’il ne me reste que sept jours.

Je n’ai plus de contact avec ma sœur depuis des années, mais elle est le dernier membre vivant de ma famille (le seul, si on considère ma situation), et découvrir qu’il lui reste moins d’une semaine à vivre me donne, à nouveau, une sensation de vertige.

— Zoé, tu te trouves actuellement dans ce que nous appelons la zone de transfert. Chaque personne décédée passe par ici afin d’être orientée vers sa demeure éternelle.

ZOÉ, CLOTHILDE, MAURICETTE MAILLARD.

Pas de doute, c’est bien de moi dont il s’agit. Qui d’autre aurait une mère assez vicieuse pour affubler son enfant non seulement du prénom de sa grand-mère maternelle, mais également de celui de son arrière-grand-mère paternelle ? Comment ce médecin a-t-il obtenu cette information confidentielle ? Aucune de mes amies n’en a connaissance. Plutôt mourir que de dévoiler mon prénom complet.