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"C'est arrivé de manière subtile, je n'ai rien vu venir, mais il m'a complètement ensorcelé au fil du temps. Il m'a d'abord terrorisé, ensuite il m'a soigné, avant de s'imposer à nouveau, il s'est insinué dans mon âme, il a pris le pouvoir en me manipulant, me conditionnant à ce qu'il attendait de moi."

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"J'ignore l'état d'esprit de mon ravisseur et notre dernier échange me donne un aperçu assez précis de ses capacités en matière de cruauté"

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Extrait ajouté par Lenathell 2022-03-05T16:01:52+01:00

Le soleil se couche lentement sur la longue plage de sable fin où déferlent les vagues nonchalantes d’une mer calme et apaisante. Le temps semble suspendu. J’ai une main en visière au-dessus de mon front, j’observe calmement l’horizon laissant ma longue robe de plage gonfler au rythme de la brise. Je semble me fondre dans le décor, je laisse mes cheveux longs flotter derrière moi, les pans de ma robe orange trainent dans les ressacs suivants les lents mouvements de leurs allers et venues.

Au loin, je devine du mouvement sur le yacht qui se détache de l’horizon et retient toute mon attention. Je plisse les yeux pour mieux distinguer les formes mouvantes qui s’affairent, bien que ma vue soit déjà parfaite. J’entends alors les bruits d’un moteur s’approchant davantage de la côte à mesure que les minutes s’étirent.

Quand enfin le hors-bord s’enfonce mollement dans le sable fin de la plage où j’attends, je m’y dirige d’un pas assuré et tend la main en direction de mon père qui s’en extrait avec aisance.

- Papa, soufflais-je en l’étreignant alors qu’il pose pied à terre.

- Bonsoir ma fille, me répond-il en italien tout en me rendant mon étreinte.

- Tu as fait bon voyage ? demandais-je en me glissant sous son bras et l’entrainant en direction de l’imposante villa qui se trouve légèrement plus haut tandis que derrière nous, plusieurs autres bateaux chargés d’hommes en tenues militaires noires sautent dans le sable et commencent à se poster autour de la maison surplombant la plage.

- Comme d’habitude ma chérie, ne t’inquiète pas.

Jorge Ottovelli mon père, est un homme grand aux cheveux grisonnants, vêtu d’un impeccable costume bleu marine, il semble plus las qu’à l’accoutumée, je m’en rends compte immédiatement. Je le presse d’entrer dans la demeure par l’une des portes vitrées restée ouverte, dont les voilages blancs dansent au gré du vent.

Je n’ai pas vu mon père depuis un mois. J’en ai l’habitude, son mode de vie sort des sentiers battus.

J’ai passé de longues années sur Huahine, une des îles de la Polynésie Française, après que ma mère a été abattue en Italie alors que je n’avais que dix ans. Mon père, Jorge, est un trafiquant important de la mafia italienne, cela fait de nous une cible pour beaucoup de rivaux potentiels.

Il n’est pourtant pas un homme facile à atteindre et depuis de nombreuses années, il a su me protéger de toute menace, sans pour autant m’exclure totalement de son mode de vie. Il m’a fait éduquer par divers professeurs particuliers, mettant un point d’honneur à ce que je connaisse divers arts martiaux et le maniement des armes, j’ai également suivi des cours de management, de finances et de droits, en plus des programmes scolaires classiques, et il m’encourage à la pratique de sports extrêmes comme l’escalade ou le parachutisme.

Ainsi pour mon âge, je peux me targuer d’être une jeune femme accomplie dotée d’une résistance physique hors du commun et lorsque j’insiste suffisamment par moment, mon père consent à m’emmener dans ses missions de négociations, me procurant de fausses identités et m’intégrant au service de sécurité, j’adore participer, être dans l’action et me sentir utile.

Ce matin, Atea notre gouvernante m’a prévenue de l’arrivée imminente de mon père sur l’île et j’ai eu du mal à contenir mon excitation. Je compte le convaincre de m’emmener avec lui la prochaine fois et je ne sais pas de combien de temps je dispose pour réussir.

J’ai redoublé d’efforts dans ma salle de sport sous les ordres de Tyron, mon coach personnel et impitoyable bourreau, qui depuis mes quatorze ans, m’inculque la discipline d’un militaire. Mais cherchant à évacuer toute tension et organiser mes idées, je n’ai rechigné à aucun des exercices qu’il m’a imposé.

Je sais que mon père n’est pas facile à convaincre. Il dégage en permanence un sentiment de toute puissance et bien qu’il soit prévenant avec moi depuis toujours, il a parfois su se montrer implacable. Comme lorsqu’il m’avait surpris une nuit alors que je rentrais dans ma pirogue à moteur de l’île voisine où j’avais rendu visite à Raiatua, mon petit ami de l’époque. Il m’avait sermonnée de longues heures avant de m’enfermer dans ma chambre pendant une semaine entière avec les seules visites d’Atea, qui s’occupe de la maison et qui n’avait pas l’autorisation de faire autre chose que m’apporter de quoi me restaurer.

Je prends une profonde inspiration en tendant un verre de cognac à mon père qui s’est installé dans le grand canapé de cuir trônant dans le salon.

- Comment vont les affaires ?

- Bene, bene, répond-t-il sans ajouter davantage d’informations.

Je sens bien qu’il me cache des choses, mais il semble déterminé à ne pas m’en dire plus, il n’a jamais été grand bavard.

- Est-ce que tu restes longtemps ?

- Non, seulement quelques jours.

- Oh.

Je cache la pointe de déception qui jaillit alors qu’il m’annonce la nouvelle mais je décide d’aller droit au but, quitte à être déçue ainsi que j’ai toujours fonctionné.

- Pourrais-je repartir avec toi ?

Il me lance un regard dur et semble jauger le sérieux de ma question. Je ne cille pas, retenant mon souffle qu’il finisse son évaluation.

- Ça ne va pas être possible ma fille.

- Pourquoi ça ?! m’insurgeais-je, Je travaille très dur, cela fait des mois que je ne suis plus allée au domaine des Ortega, je t’ai prouvé maintes fois ma valeur au cours des missions !

- Peut-être la prochaine fois, me coupe-t-il d’une voix ferme mettant un terme définitif à la discussion.

Je tourne les talons, traverse les couloirs en furie et m’engouffre dans ma chambre où j’arrache littéralement la robe que j’avais mise plus tôt pour accueillir mon père.

J’enfile rapidement un legging ainsi qu’une brassière et ressors de la chambre pour me rendre dans ma salle de sport. Je monte sur le tapis et commence à courir à une vitesse effrénée pour évacuer cette frustration. Je bouillonne de colère, je suis restée bloquée dans l’archipel depuis trois mois. Lors de notre dernière opération, la rencontre avec un important exploitant de pétrole s’était déroulée comme prévu, je n’ai commis aucun impair. Personne n’a douté de mon rôle ni de mon identité au cours des transactions. Bien que pour la première fois, mon père avait souhaité que je ne sois pas intégrée au service de sécurité comme d’habitude mais comme sa partenaire.

J’avais porté un tailleur pantalon de luxe et m’étais montrée brillante lors des échanges. Papa a développé depuis plusieurs années un trafic de carburants en parallèle du marché de la drogue. Il a rencontré Nassim El Abadi et les affaires qu’il mène avec lui se sont toujours bien déroulées. L’objectif de notre rencontre ce jour-là était de lui permettre de passer le pétrolier en toute discrétion par la voie que mon père utilise au Panama afin de ravitailler la plateforme de construction d’un nouveau laboratoire de Salvador Ortega au Mexique. La mission s’était déroulée sans encombre, l’équipe de sécurité avait escorté le bateau et il n’y avait eu aucune mauvaise surprise.

Après trente minutes de course rapide, je descends du tapis en sueur, claquant une serviette propre sur mon épaule et je vais enfourner mes mains dans d’épais gants avant de commencer mon défouloir sur le punching-ball accroché au centre la pièce. Je cogne de toutes mes forces et prends par moment de puissantes impulsions avant d’asséner de grands coups de pieds retournés dans l’énorme cylindre qui tangue violemment d’avant en arrière.

De longues minutes sont passées quand j’aperçois du coin de l’œil que je suis épiée. Je mets fin à mes assauts rageux et me tourne vers mon observateur. Mon père est appuyé contre le chambranle de la porte les bras croisés et semble évaluer mes efforts.

- Tu as pris beaucoup de forces depuis la dernière fois.

- J’ai augmenté le rythme des séances d’entrainements avec Tyron, répondis-je en desserrant mes gants que j’abandonne au sol.

Je ramasse la serviette que j’avais plus tôt et m’essuis le visage avant de me tourner à nouveau vers mon père.

- Pourquoi tu ne veux pas que je vienne ? insistais-je déterminée.

- Je suis sur une affaire délicate en ce moment et je ne préfère pas prendre de risques inutiles.

- Comment ça délicate ?

- Le chargement du français a été saisi en méditerranée, nous ne savons pas encore qui a été trahi, mais je suis persuadé que ce n’est pas moi, j’utilise ce passage depuis un moment et je n’avais jamais eu d’encombres jusqu’à ce chargement avec lui.

- Je ne comprends pas ce que ça implique.

- Ça implique ma fille que lorsqu’un chargement est perdu il faut des responsables et des dédommagements.

- Il veut que tu remplaces la cargaison ?

- En effet.

Il semble encore plus las qu’à son arrivée et je n’insiste pas. Je passe devant lui et retourne dans ma chambre sans ajouter un mot. Je regarde par la porte fenêtre les gardes déambuler autour de la maison.

La garde rapprochée de mon père dont les hommes sont devenus mes amis et mes camarades de mission, ne sont pas du genre discret mais pour avoir partagé de longues années d’amitié avec certains d’entre eux, je sais qu’ils sont toujours efficaces. Je les observe un long moment alors qu’ils marchent dans la pénombre, faisant de brefs signes de la main à ceux d’entre eux que je reconnais et vais ensuite prendre une douche dans la salle de bain avant de mettre une nuisette bleu nuit sur laquelle je noue une robe de chambre en satin de couleur identique. Je reprends ensuite la direction du salon, où plusieurs autres gardes sont postés devant les fenêtres. Je les salue chacun leur tour tandis que mon père prend place à la table garnie des préparations d’Atea : du poisson cru à la tahitienne, de la banane plantin et de nombreux fruits exotiques.

Je m’assieds mollement et imite mon père qui a commencé à manger, la télévision ronronne des informations en fond sonore et le dîner se déroule dans le calme, rythmé par le bruit des couverts cliquetants contre les assiettes.

- Que souhaites-tu faire demain Adena ? demande-t-il en s’essuyant les mains à la fin du repas.

- Une balade en bateau ? suggérais-je sans conviction.

- Pourquoi pas, répond-t-il à mon grand étonnement.

Je me lève de ma chaise, dépose un baiser sur le front de mon père et me dirige lentement vers ma chambre tandis qu’il me souhaite bonne nuit.

Je referme derrière moi et retourne me poster à la porte fenêtre ouverte, et quand le garde que j’attendais passe près de moi, je l’attrape par le bras et le tire dans ma chambre.

- Bonsoir mon amour, dis-je en commençant à débarrasser Giovanni de son équipement de gestes rapides et coordonnés.

Il est grand, les yeux bleus profonds, des boucles dorées encadrants son visage angélique et doté d’un corps musclé, ciselé avec précision par les heures d’entrainements et qui me fait frémir de désir.

- Bonsoir ma déesse, tu m’as manqué.

Il m’embrasse avec ferveur, provoquant mon désir m’enlaçant tandis que je m’obstine à le déshabiller fébrilement avant de le pousser sur le lit.

- Comment était la mission ? demandais-je d’une voix sensuelle en montant à cheval sur lui, faisant glisser mes mains jusqu’à son torse, embrassant sa peau tendue de muscles.

- Comme d’habitude, ton père est impitoyable, il s’est ramené une nouvelle pute.

Je ne prends pas la peine de lui répondre, trop occupée à embrasser son cou à l’odeur musquée, m’enivrant de son parfum. Je libère son membre et le prends en main fermement, j’en caresse la longueur tout en gardant mes yeux braqués sur ceux de mon amant, observant ses pupilles se dilater de plaisir, sentant sa verge durcir sous mes doigts en se gorgeant de sang.

Giovanni est un des généraux en devenir de mon père. Depuis plusieurs mois, nous nous rejoignons la nuit pour laisser libre cours à nos pulsions réciproques et je peux dire que je n’en manque pas.

Je me place au-dessus de lui et m’empale doucement sur son membre dressé en soupirant d’extase avant d’imprimer des mouvements de bassins réguliers. Notre respiration se saccadant à l‘unisson à mesure que j’accélère mon rythme sans perdre une miette du plaisir de Giovanni.

- C’est trop long un mois, murmure-t-il la voix gorgée de plaisir, tu es tellement belle…

- Tais-toi et baise-moi, répondis-je impatiente en prenant ses mains pour les placer sur mes seins.

Il se soumet docilement à tous mes caprices comme toujours d’ailleurs lorsque je couche avec un homme, ce qui ne m’est pas arrivé si souvent et quand je suis satisfaite, je m’écroule sur le lit, la transpiration perlant sur ma peau, le souffle court.

- Je dois retourner avec les autres, me dit Giovanni en se relevant.

Il ramasse ses vêtements au sol et se rhabille rapidement. Maintenant que je suis comblée, je me fiche qu’il ne reste pas pour les câlins, ça ne m’a jamais trop intéressée.

- Je sais mais j’avais envie de sexe.

- Tu n’as trouvé personne pour soulager tes pulsions en mon absence ? me taquine-t-il tandis quand je me dirige vers la salle de bain pour me rafraîchir.

Je ne peux pas m’empêcher d’entendre la pointe d’espoir dans son ton, il aimerait vraiment plus qu’une simple histoire de sexe et je décide d’étouffer ses fantasmes au berceau.

- Je ne t’appartiens pas Giovanni, inutile de poser ce genre de questions, répondis-je d’un ton sec.

- Est-ce que tu m’aimes ? demande-t-il en refermant son gilet pare-balles.

Je ne sais même pas pourquoi il pose cette question ridicule.

- Je n’aime personne mon amour mais je suis attachée à toi, répondis-je en souriant.

- Comme on est attaché à un toutou ?

Exactement.

- Comme on est attaché à un bon coup, le corrigeais-je en m’enroulant dans une serviette tout en m’approchant de lui.

Je dépose un bref baiser sur ses lèvres avant de le pousser vers la sortie en riant. Il ressort de la chambre, disparaissant dans la nuit, reprenant sa ronde comme s’il n’avait pas été interrompu et après avoir pris une douche rapide, j’allume la télévision de ma chambre et l’ordinateur qui était resté sur la table basse. Je pianote sur internet à la recherche d’informations concernant la saisie d’une cargaison en méditerranée et trouve plusieurs articles décrivant le déroulé de la descente de police. Aucun nom important n’est toutefois cité bien qu’il y ait eu des victimes des deux côtés et je soupire en fermant les pages d’informations. Je zappe nonchalamment en fixant l’écran l’air absent et finis par m’arrêter sur la diffusion d’un film d’action.

Je m’endors lentement dans les pétarades et les explosions de la bande son du film qui continue de défiler malgré mes paupières lourdes.

J’ai l’impression qu’un long moment s’est écoulé quand je reprends conscience mais les explosions du film et les tirs se poursuivent. Alors que ces sons semblent de plus en plus fort, je réalise soudain qu’ils ne proviennent pas de la télévision à présent éteinte mais de l’extérieur de la maison.

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