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Melrose constata que ç’avait été une très belle pièce, avec ses lambris en bois de rose et son plafond peint. « Ç’avait été », parce que Sybil, qui se piquait d’être une décoratrice de goût, avait tout remanié, avec une profusion de verre bleu et de marbre vert. Il se souvenait à présent qu’elle avait une clientèle assez étendue. Difficile d’imaginer que quelqu’un pût faire appel à Sybil, laquelle réussissait à transformer d’exquises pièces en salles rappelant les cinémas d’antan. De fait, Sybil elle-même ressemblait à une star du passé, avec ses robes froufroutantes et sa coiffure crantée qui ne flattait pas son visage rebondi.

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L'enseigne du Mortal Man grinçait lugubrement dans le vent et la neige, éclairée par une lanterne qui projetait une lueur coupante comme une faux sur le personnage au teint cireux.

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Février

Les phares de la voiture la repérèrent à travers le brouillard et la pluie ; elle se tenait sur l'accotement, son sac à dos posé à terre à côté d'elle.

Un instant plus tôt, lorsque le camion qui l'avait prise en stop avait quitté la A 30, il avait cru l'avoir perdue. Un autre véhicule s'était engagé sur le rond-point, lui masquant la vue, l'empêchant de voir quelle route prenait le camion. Il était cependant pratiquement sûr que celui-ci se dirigeait vers l'autoroute Bristol-Birmingham. Il avait pris cette direction, et c'est ainsi qu'il les avait retrouvés.

Il crut que son heure de chance avait sonné quand le routier s'arrêta sur le parking d'un Little Chef, mais le chauffeur et la jeune fille pénétrèrent tous deux dans l'établissement. Il rangea donc sa Ford bleue derrière d'autres voitures enveloppées de brouillard et entra à son tour dans le café. Assis à une table, tout au fond de la salle, il avait pu l'observer. Le routier et elle avaient échangé quelques mots entre eux, puis avec la serveuse, et leur conversation s'en était tenue là. Aucune amitié n'était née durant tous ces kilomètres où il les avait suivis.

Elle était jeune, vingt-cinq ou vingt-six ans, mais ses traits déjà marqués étaient rendus encore plus durs par la lumière du café, une lumière artificielle qui semblait ricocher sur les nappes rouges, les serviettes en papier et les chemisiers des uniformes. La fille ne regardait pas son compagnon. Le menton posé sur un poing fermé, elle tortillait d'un air absent une longue mèche de cheveux blonds. La serveuse avait déposé devant eux des assiettes pleines de haricots, d'œufs et de pommes de terre sautées, puis s'était adressée à lui. Il avait commandé du thé.

Ils ne s'étaient rien dit pendant tout le repas, avaient demandé des additions séparées puis avaient réglé à la caisse.

Le fait qu'ils partent en même temps lui avait appris qu'ils allaient encore faire de la route ensemble. Il avait donc payé son addition et regagné sa voiture pour démarrer au moment où le camion quitterait le parking.

Quand il la vit dans le brouillard, si près du café, il se dit qu'elle avait dû changer d'avis à propos du chauffeur ou de sa destination, ou des deux, pourquoi pas. Il se pencha pour ouvrir la portière du côté du passager et lui demanda s'il pouvait l'emmener quelque part. La Ford s'affaissa un peu quand elle monta, jeta son sac à dos sur la banquette arrière et marmonna un remerciement.

Elle allait à Bristol, lui dit-elle, et elle fouilla dans son sac à bandoulière pour enfin en sortir du papier à cigarette et un petit paquet. C'était de l'herbe. Une odeur un peu écœurante emplit la voiture. Il baissa la vitre.

Elle lui demanda si cela le dérangeait, sans avoir visiblement l'intention d'éteindre sa cigarette au cas où il dirait oui. Poser la question, cela lui suffisait. Quand il dit qu'il n'était pas habitué à l'odeur, elle se contenta de hausser les épaules et regarda droit devant elle, sa cigarette maintenue par une petite pince. Ensuite, toujours sans lui demander la permission, elle alluma l'autoradio. Des voix, des musiques naissaient et mouraient sous ses doigts, puis elle s'arrêta sur une station où un présentateur annonçait d'un ton affecté un enregistrement de Glenn Miller. Cela l'étonna, il s'attendait qu'elle veuille entendre du rock.

Il avait passé ces trois derniers jours à Exeter à la surveiller et à la suivre. Il avait observé sa maison depuis l'autre côté de la rue, embusqué près du kiosque à journaux, dans la laverie automatique ou dans un petit restaurant appelé Wong & Fils. Il avait pris soin de laisser sa Ford bleue dans un parking public ; il s'était montré moins prudent à d'autres égards. Par exemple, la fois ou il était entré pour déjeuner dans le restaurant, petite salle sombre aux nappes maculées de taches de sauce de soja. Mais il n'y avait aucune raison d'établir un lien entre lui et elle. Le garçon – le fils de Mr. Wong, peut-être – n'avait cessé de regarder par la fenêtre. Son visage, tel un masque, exprimait la plus grande indifférence. Il ne se souviendrait de rien.

Il n'avait pas non plus fait preuve de prudence en allant au Little Chef, il aurait dû attendre dans la voiture. Cette voiture qu'il avait achetée, déjà immatriculée, au lieu d'utiliser la sienne. Et maintenant, alors que la voiture entrait et sortait des cônes de lumière blafarde émis par les phares des véhicules qui venaient en sens inverse, il se répétait qu'il n'y avait vraiment pas la moindre raison d'établir un rapport quelconque entre lui et cette fille.

Ils roulaient, et elle ne parlait pas, les yeux toujours rivés au pare-brise. Il lui avoua n'avoir jamais fumé d'herbe, elle ricana et lui dit qu'il devait vivre au fin fond du désert. Elle pourrait peut-être lui préparer un joint, proposa-t-il. Il la paierait sans problème, il voulait simplement essayer. Elle haussa les épaules et dit que c'était d'accord, elle s'en moquait bien du moment qu'il payait. C'était de la bonne, de la meilleure. Non, elle s'en foutait complètement qu'il ait envie de s'arrêter un instant pour fumer tranquillement. Comme le serveur chinois, elle était trop lasse pour poser des questions. Trop lasse même pour se méfier.

Il quitta la route et s'arrêta près d'un hallier. Il y aurait des traces de pneus. Il savait qu'on ferait des moulages de ces traces, c'est en partie pour cela qu'il avait acheté cette vieille Ford. Tout en tirant sur la cigarette, il réfléchit. Cela recommençait – des précautions extrêmes et un manque de précautions tout aussi extrême –, la partie rationnelle de son esprit supplantée par une force irrésistible. Il y avait peu de chances pour qu'une personne du café le reconnaisse après un certain laps de temps, il était encore moins probable qu'on ait une raison de l'identifier. Malgré tout, il s'interrogeait. Quelque chose le poussait-il à se lier à elle ? À s'asseoir dans la même salle, à partager la même nourriture, à arpenter les mêmes rues ? Il n'en savait rien.

Elle ne lui demanda même pas pourquoi il sortait de voiture, elle resta là, à fumer et à écouter la radio. Par la portière ouverte, il entendait l'enregistrement un peu crachotant d'une vieille chanson :

N'est-ce pas romantique

D'être tout simplement jeune, par une nuit pareille ?

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