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Liste des extraits

"Dans mon monde, les mâles donnent à manger aux femmes."

Je clignai des yeux, surprise.

"Ils font ça quand ils veulent s'accoupler avec la femelle."

Ma mâchoire se décrocha... S'accoupler ?

Il lécha une trace de beurre de cacahuètes sur son pouce.

"Nous n'avons pas besoin de manger s'il y a du soleil. La nourriture, c'est en plus, pour le plaisir."

J'étais incapable de réagir. Ma cervelle tournait à vide.

"Les mâles donnent à la femelle une nourriture rare ou appréciable. Si elle la mange, elle pense que peut-être il fera un bon géniteur."

Il marqua une pause pensive.

"Ou bien elle l'attire plus prés d'elle pour le tuer. Mais si elle veut s'accoupler aussi, elle...

- Attends ! m'exclamai-je. Non ! Non, non, on. Ce n'est pas pour ça que je te donne... Je ne...ce n'était pas...

- Je sais."

Il plissa le nez avec agacement.

"Je ne suis pas zh'ùltis. Je sais que les hh'ainun font les choses différemment."

Un vague soulagement diminua ma gêne - jusqu'à ce qu'il se penche pour rapprocher son visage du mien. Son odeur de cuir et de noyer blanc se mêla à celui de notre petit déjeuner.

"Mais c'est drôle, non ?"

Il m'adressa un sourire satisfait qui dévoilait ses incisives pointues.

"Continue de me donner à manger, vayanin.

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J’étais toujours en train de tourner en boucle là-dessus, le cœur et la tête en vrac, quand Amalia sortit de sa chambre en portant deux robes pulls moulantes.

— Robin, laquelle tu penses que je devrais…

Elle s’interrompit en me voyant captive des bras de Zylas.

— Oh, Seigneur, vraiment ?

Mon visage s’embrasa.

Amalia jeta les robes vers sa chambre, fonça jusqu’au canapé, et écrasa sa main sur le visage de Zylas. Elle le poussa en arrière et me tira de ses genoux de son autre main. Je trébuchai en clignant des yeux sans comprendre.

— Tu as un infernus, tu te souviens ? aboya-t-elle à mon intention. Utilise-le de temps en temps ! Et toi !

Les mains sur les hanches, elle fusilla Zylas du regard.

— Tu es pire qu’une mule ! Ne fais pas cette tête-là. Si tu savais ce qu’est une mule, tu ne trouverais pas ça drôle !

J’étouffai un rire, ramassai le grimoire et fonçai dans ma chambre. J’entendais toujours Amalia qui lui faisait la leçon.

— Bloquer Robin sur tes genoux, c’est dégueu, et il faut que tu te mettes dans ta caboche cornue que les hommes civilisés ne…

Elle marqua une pause.

— Je n’ai pas dit que tu étais humain, mais tu peux faire mieux que te comporter comme un animal !

Je claquai la porte avant qu’elle m’entende pouffer de rire. Je secouai la tête et m’arrêtai devant mon placard en me disant que je ferais bien de choisir ma tenue pour la fête. J’avais hâte de revoir Zora – et j’avais un million de questions sur ce qui s’était passé avec Claude et les enchanteurs.

— Ah oui ? hurla Amalia. Essaie pour voir ! Je volerai les pièces de ton puzzle et je les brûlerai !

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— Qu’est-ce qui te fait mal, vayanin ?

[...]

— Tu es obligé de m’insulter, Zylas ?

— Je ne t’insulte pas.

— Peut-être que tu penses que me traiter de maladroite n’est pas une insulte, mais…

— Je n’ai pas dit que tu étais maladroite.

— Tu m’appelles tout le temps vayanin.

— Je te l’ai dit, ce n’est pas une insulte.

— Alors qu’est-ce que ça veut dire ?

Il sourit et l’amusement fit rayonner ses yeux écarlates. Je fulminai.

— Ce n’est peut-être pas une insulte, mais il n’empêche que tu te moques de moi.

— Je ne me moque pas.

En dépit de ce qu’il disait, je voyais le rire qu’il retenait et ça me blessait. Peut-être que ce n’était pas méchant, mais s’il trouvait ça drôle, ça ne pouvait pas être agréable. Pourquoi est-ce qu’il voulait bien utiliser le prénom de tous les autres, mais pas le mien ?

Je soufflai pour dissimuler ma détresse et me décollai du canapé. Je ne fis qu’un seul pas avant qu’il tire sur mon pull. Je tombai en arrière et atterris sur ses genoux. Avant que je puisse me détacher de lui, il m’entoura de ses bras puissants et me serra contre son torse.

— Vayanin n’est pas une insulte, murmura-t-il.

Son souffle chaud chatouillait mon oreille.

— Ton langage ne possède pas ce mot. Tu ne le connais pas.

— Alors pourquoi tu m’appelles tout le temps comme ça ?

— C’est un bon mot pour toi.

Je grinçai des dents, bien trop consciente de la façon dont nos corps se touchaient.

— Explique-moi alors.

— Hnn… ce n’est pas drôle.

Il soupira.

— Vayanin, ça veut dire…

Il resta silencieux un moment. Est-ce qu’il rassemblait ses pensées ou se demandait-il s’il allait me l’expliquer ?

— La nuit est un temps de danger.

Toute trace d’amusement avait déserté sa voix, basse et chaude désormais.

— C’est le moment où nous chassons. Où nous sommes chassés. Il fait noir et froid, et on ne peut pas récupérer notre vīsh. Toute la nuit, nous observons l’horizon.

Je restai immobile dans ses bras, incapable de respirer.

— Quand la première lumière touche la terre, que le ciel devient jaune et que la chaleur arrive, nous sommes en sécurité pour un jour de plus. Le moment où le soleil te touche après la nuit froid, c’est vayanin.

[...]

— Je pensais… tout ce temps, je pensais que tu m’insultais.

Il tourna son regard sombre vers moi – et son sourire carnassier apparut.

— Je sais.

Je clignai des yeux, perplexe. C’était pour ça qu’il avait toujours l’air si amusé quand je lui demandais ce que vayanin voulait dire ? Ce n’était pas de m’insulter qui l’amusait, mais mon présupposé sur la signification du mot ? Au lieu de me dire la vérité, il m’avait laissée penser que c’était une insulte. C’était sa petite blague, un secret qu’il n’avait jamais eu l’intention d’expliquer.

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Mon Vh’alyir est impitoyable. Il est pouvoir, ruse et force, et il dédie tout cela à notre sécurité. Mais il est tellement plus.

Les questions qu’il me pose, ma sœur ! Curieux comme un enfant, il veut tout savoir. Les conversations que nous avons, sur son monde et le nôtre, alimentent mon esprit et saisissent mon imagination, mais la sympathie enfle en mon sein aussi. La violence qu’il a connue, si grande que les terreurs de ma vie me semblent risibles en comparaison, me serre le cœur.

La nuit dernière, il m’a parlé des batailles féroces entre démons mâles.

Les rivaux se battent à mort pour l’honneur de transmettre leur semence : d’engendrer une descendance et d’élever des guerriers qui poursuivront le combat. Je lui ai demandé si cela ne semblait pas vain.

Il m’a regardée avec tristesse, avec un cœur résigné, et m’a demandé : qu’y a-t-il d’autre ?

Et ma sœur, c’est là où je me demande si je ne perds pas l’esprit car mon désir de le réconforter était fort. Je sais qu’il est puissant, mais il n’est pas un monstre. Sa silhouette correspond à celle d’un être humain, sa contenance est agréable et son physique… ici, je soupire, car son physique est glorieux. Suis-je folle de me languir de le toucher ? Suis-je folle de voir de la beauté dans ce démon ? Suis-je folle de vouloir davantage ?

Peut-être que ma réelle folie est ce besoin de coucher par écrit ces désirs impies.

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Je tournai le dos à l’emplacement où Yana était morte.

— Je n’ai pas besoin de voir du sang séché pendant qu’on parle.

— Ce n’est pas du sang.

— Quoi ?

— C’est… de la peinture.

— Comment tu le sais ?

— J’ai reçu une copie du dossier de la police de Vancouver et du compte-rendu de l’autopsie, expliqua-t-il en pinçant les lèvres. Ces enchanteurs sont de vrais tordus.

Une lumière écarlate transperça ma veste. Le pouvoir se rassembla au sol et Zylas prit forme à côté de moi.

— Les inkavis sont toujours dérangés dans leur tête, na ? remarqua-t-il l’air de rien, en utilisant le mot démoniaque pour «tueur en série».

— Ceux-là sont encore plus tordus.

— Comment ça ? demandai-je.

— Tu n’as pas envie de savoir.

Je me redressai.

— Je peux encaisser.

— Les marques, c’est de la peinture rouge. Quand ils ont trouvé Yana, elle en était couverte.

— Tu veux dire qu’ils l’ont peinte ? Pourquoi ?

— Pour la faire ressembler à une payashē, dit-il, alors que l’écarlate dans son œil s’intensifiait. Une démone.

Zylas siffla.

Mes poils se hérissèrent et le dégoût me serra la gorge.

— Ils l’ont déshabillée, attachée et peinte en rouge.

— Et puis ils l’ont violée.

Je me mis à trembler. Tu as le physique, m’avait dit le premier enchanteur.

Zylas souffla.

— Je ne connais pas ce mot.

— Ça veut dire…

Le rouge brilla de plus belle dans l’œil pâle d’Ezra et sa voix se fit plus grave, chargée de l’accent rocailleux d’Eterran.

— Dh’keteh hh’ainunith amavren cun payilasith.

Zylas écarquilla les yeux.

— Dh’keteh ?

La lèvre supérieure d’Eterran se retroussa d’un dégoût mordant.

— Certains humains mâles prennent plaisir à cet acte. Les humaines femelles craignent les mâles pour cette raison.

— Mais…

Zylas fit un pas en arrière, comme pour se mettre à distance de la conversation.

— Mais forcer…

Les bras serrés autour de ma taille, je fronçai les sourcils, perturbée par sa réaction éberluée, comme si le concept même lui était totalement étranger.

— Le viol n’existe pas dans le monde des démons, me dit Eterran. Être choisi par une payashē est un honneur. La forcer serait…

— Gh’akis ! cracha Zylas. Plutôt mourir sans fils que faire ça. Eshaīs hh’ainun dahganul.

— Je suis d’accord.

Eterran et Zylas étaient prêts à massacrer n’importe qui sans hésitation, mais l’idée d’un prédateur sexuel les dégoûtait ? Je n’arrivais pas à y voir de logique. Dans un monde aussi violent que celui des démons, comment le viol pouvait-il ne pas exister ?

Je me rendis compte qu’ils s’étaient tus et je relevai la tête. Zylas me scrutait, les sourcils froncés.

— Euh… Zylas ? demandai-je en clignant des yeux.

Il se tourna vers le mage-démon.

— Nailēranis et nā. Eshaillā kir ?

— Probablement.

La mâchoire serrée, Zylas posa son regard sur moi, la mine décidée, comme s’il était en train de revoir toute sa façon de concevoir mon cerveau d’humaine incompréhensible. Je détournai le regard sans trop savoir quelles conclusions il était en train de tirer – pas juste sur moi, mais sur un monde où les femmes étaient en bas de l’échelle sociale, et non en haut.

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Ma sœur, tu ne peux imaginer le tourment que m’ont apporté ces derniers mois. Comment j’ai questionné mon cœur, mon esprit, le sort de mon âme.

Comment je me suis interrogée sur la folie qui m’a saisie.

Je me suis tenue devant un démon d’un autre monde et je me suis demandé ce qu’aucune femme ne devrait jamais se demander. J’ai désiré ce qu’aucune femme ne devrait jamais réclamer. J’ai posé les mains sur ce qu’aucune femme ne devrait jamais toucher.

J’ai offert mon âme à un démon, et puis je lui ai offert mon cœur.

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Ma sœur est morte pour l’héritage d’Anthéa, et pour moi.

L’ennemi l’a tuée un an après qu’elle a commencé sa transcription. De nombreuses fois au cours de cette année j’ai remis en question son étrange affection pour un démon, mais je n’oublierai jamais cette dernière nuit. Je n’oublierai jamais comment je les ai trouvés ensemble.

Il la tenait dans ses bras, comme s’il pouvait toujours la protéger, même si elle était déjà blême et immobile.

« Ne prends pas son âme », l’ai-je supplié sans réfléchir.

Il a répondu : « Son âme n’a jamais été mienne. Ses ordres ne m’ont jamais contraint, alors son âme ne peut me sauver. J’aurais dû le lui dire. »

Ce furent ses derniers mots, car ses blessures étaient terribles et la nuit si froide… Il est mort allongé là, en serrant ma sœur contre son cœur.

Je ne sais pas s’il l’aimait comme elle l’aimait, mais je les ai enterrés ensemble dans l’espoir que, où qu’aillent leurs âmes, elles s’y rendent ensemble.

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J’avais envie d’un truc sucré. Malheureusement, Zylas avait mangé tous les brownies aux brisures d’Oréo que j’avais faits la veille – ce qui était bien dommage, car ils étaient délicieux.

Je fouillai dans le frigo, mais ne trouvai rien à mon goût. En le refermant, j’aperçus une boîte dans un coin : les chocolats qu’Amalia avait achetés pour Zora. Nous avions décidé de lui apporter des fleurs et une carte à la place, vu qu’elle risquait de ne rien pouvoir manger de solide avant un moment. Je pouvais les ouvrir sans culpabiliser.

Me sentant vaguement coupable, je déchirai le plastique.

— C’est quoi ?

Je sursautai. Zylas se tenait derrière moi et regardait par-dessus mon épaule.

— Des chocolats, lui dis-je. J’ai une petite faim.

— Ça sent bon.

Je levai les yeux au ciel.

— Je n’ai même pas encore ouvert la boîte.

Je m’extirpai du recoin où il m’avait bloquée et où je ne pouvais échapper à son parfum de noyer blanc. Je posai la boîte de chocolats sur le bar et en retirai le couvercle. Zylas resta dans les parages alors que je soulevais la carte qui se trouvait sur le dessus pour révéler les délicates pralines.

— Hnn.

Il se pencha par-dessus le comptoir.

— Autant ?

— Ils sont tous différents.

Je me reportai à la carte où se trouvait la légende des différents parfums et sélectionnai un chocolat ovale avec un tourbillon sur le dessus.

— Celui-ci est fourré à la fraise.

Il le prit, les yeux brillants à l’idée d’essayer quelque chose de nouveau.

— Il faut que tu mâches, le prévins-je. Tout le goût est au milieu.

Il le mit dans sa bouche et croqua. Il referma plusieurs fois les dents avant d’avaler. Je haussai les sourcils.

— C’est bon ?

— Sucré. Bon. Ils sont tous différents ?

Je pouffai de rire devant sa voix émerveillée et je regardai la légende de nouveau. Hum. Est-ce que j’osais ?

Oui. Je pris un chocolat carré et le lui tendis.

— Caramel à la réglisse. Essaie.

Il prit la confiserie, me jeta un regard soupçonneux, et la mit dans sa bouche. Il mâcha une fois, deux fois…

— Beurk ! Pourquoi tu me donnes ça ?

Je retins un rire.

— Il y a des gens qui aiment la réglisse.

— Dégoûtant.

Sa mâchoire se contracta.

— C’est dans mes dents ! Qu’est-ce que c’est que cette nourriture zh’ūltis ?

Il déglutit avec une grimace et j’explosai de rire.

Il fit la moue et attendit que je retrouve ma contenance.

— Donne-m’en un bon, vayanin. Plus comme le premier.

— D’accord, d’accord, dis-je, le souffle court, en essuyant une larme au coin de mon oeil. Voyons voir… crème à l’orange ? C’est comme le premier.

Je le lui passai. Avec un autre regard soupçonneux, il en mangea la moitié. Quand il trouva que c’était acceptable, il mit le deuxième morceau dans sa bouche et mâcha.

— Mieux.

— Maintenant, c’est mon tour.

Je considérai mes options avant de choisir un grand chocolat ovale.

— Vanille caramel ! Ça va être bon, ça.

Alors que je le portais vers mes lèvres, Zylas se pencha et son torse effleura mon épaule.

— Mais vayanin, tu as dit qu’ils étaient tous différents.

— Oui.

— Je veux essayer.

— Il n’y en a qu’un.

Il fit de nouveau la moue.

— Tu peux manger ça une autre fois, na ? Il n’y a rien de tel dans mon monde.

— Est-ce que tu me fais du chantage affectif ?

— Je ne connais pas ce mot.

J’essayai de froncer les sourcils, mais éclatai de rire encore une fois. Le grand méchant démon était tout triste parce qu’il ne pouvait pas essayer tous les parfums de chocolat. Je pouffai de plus belle.

— D’accord, j’en prends la moitié et tu peux avoir l’autre.

Je ricanai quand il s’empressa de hocher la tête et je mordis dans le chocolat.

Le caramel liquide me coula sur les doigts.

— Miam ! m’exclamai-je en essayant de rattraper l’intérieur collant. Tiens.

Le caramel coulait partout et je lui fourrai le chocolat dans la bouche. Le bout de mes doigts toucha ses lèvres – et je me rendis compte de mon geste. Je récupérai ma main, les joues brûlantes.

Zylas me fixait, les yeux écarquillés, choqué, comme s’il n’arrivait pas à croire ce que je venais de faire. Sa gorge se contracta lentement et il avala le chocolat. Il passa sa langue sur sa lèvre, y récupérant une goutte de caramel.

— Vayanin ?

Est-ce que sa voix était plus rauque qu’à l’habitude ? Non, je me faisais des idées.

— Hum. Je… euh…

Je détachai mon regard de lui et posai les yeux sur mes doigts collants.

— Ce n’était pas… je veux dire…

Sans la moindre idée de ce que je comptais dire, j’abandonnai et me tournai vers l’évier.

Il attrapa mon poignet. Son autre main se referma sur mon coude et il leva ma main. Son souffle chaud effleura ma peau et mon coeur ralentit, l’oxygène bloqué dans mes poumons.

Il tint mes doigts devant ses lèvres, ses yeux sur moi, observant, soupesant… décidant. Un long moment passa durant lequel il ne bougea pas, où je ne respirai pas, puis il enfonça le bout de mes doigts dans sa bouche.

Mon coeur repartit avec une violente secousse.

Il lécha, ou suça, ou… quelque chose… le caramel sur mes doigts, et toute pensée me déserta alors que je me retrouvais bombardée de sensations. Sa langue chaude sur ma peau. Le contact pointu et prédateur de ses dents. Le vertige qui tourbillonnait en moi.

Ses yeux brillaient – différents, plus sombres. Ses pupilles étaient dilatées, et ressortaient de façon prononcée contre la couleur écarlate de ses iris. Il sortit mes doigts de sa bouche, retourna mon poignet, et fit courir sa langue sur mon pouce, y léchant une dernière goutte de caramel. Ses canines pointues appuyèrent contre la pulpe de mon doigt dans un pincement infime tandis qu’il me transperçait de son regard, inquisiteur, à la recherche de…

Je le fixai en retour, et je sentis mon pouls trembler à la base de ma gorge.

Sa main se resserra sur mon coude et il m’attira plus près – plus près de sa chaleur, de ses yeux qui me retenaient captive. Mes chaussettes glissèrent sur le lino et le mouvement soudain fit repartir mon cerveau – je me détachai de lui.

[...]

J’inspirai un grand coup et fis face à la porte, m’attendant à moitié à ce qu’il fasse irruption et me hurle dessus parce que j’étais une hh’ainun stupide. Une minute passa. Personne.

Je marchai doucement jusqu’à la porte ouverte. Je retins ma respiration et jetai un coup d’oeil à l’extérieur. Il se tenait devant le comptoir et fixait la boîte de chocolats. La lumière fluorescente de la cuisine projetait des ombres dures sur son visage. Au bout d’un long moment, il leva une main et toucha le bord de la boîte.

Sa queue battit – et il jeta les chocolats du bar. Ils s’écrasèrent par terre et roulèrent sur le lino.

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La veille, après être allée voir Zora chez la guérisseuse, je m’étais arrêtée dans une librairie à la recherche d’un type de livre bien particulier.

Je ne me souvenais pas de grand-chose de mon rêve de dimanche matin, mais l’impression vague d’un paysage alien demeurait. Zylas devait considérer mon monde de la même façon, mais il en avait vu si peu… Il était curieux de tout, malheureusement je ne pouvais pas prendre de vacances pour lui en montrer davantage.

À la place, je lui avais acheté Le Grand Livre des plus beaux paysages, qui correspondait parfaitement à son titre : la plus grande collection de photographies de paysages que je puisse trouver, de partout sur le globe.

— Peut-être.

Je me rapprochai de lui et tournai les pages jusqu’à l’index tandis qu’il tenait le livre.

— Voyons voir… États-Unis, Oregon, page 77.

Je me rendis à la page en question et nous nous penchâmes ensemble sur une superbe photo d’une montagne rocheuse qui s’élevait au-dessus d’une rivière serpentine. Les rochers chauds et les sapins étaient baignés dans la lumière orange pâle de l’aube.

— C’est dans l’Oregon, ça, l’informai-je.

Il leva le livre vers lui. Son poids creusa les coussins et je glissai dans la dépression qu’il avait créée jusqu’à ce que ma hanche percute la sienne.

— C’est un bon endroit, décida-t-il.

Trop curieuse pour décider si je devrais mettre plus d’espace entre nous, je demandai :

— Comment tu le sais ?

— Il n’y a pas d’hh’ainun.

Il inclina la tête pour mieux juger.

— J’aime les formes du sol. Bonne protection. Des endroits hauts et des endroits bas.

Il sourit et tapota la montagne rocailleuse.

— J’aimerais monter là-dessus.

— Tu peux, lâchai-je sans réfléchir. Enfin, peut-être pas cette montagne là, mais si on a le temps avant de te renvoyer chez toi, je t’emmènerai faire de la randonnée en montagne.

Il me jaugea de son regard, comme pour vérifier ma sincérité, puis il feuilleta le livre jusqu’à arriver à une page qu’il avait cornée – ce n’était certes pas moi qui lui avais appris à faire ça.

— Et là ? On peut aller là ?

J’écarquillai les yeux en voyant la chute d’eau exotique qui plongeait vers des rochers sombres, entourée d’une végétation luxuriante. Je lus la légende dans le coin.

— La forêt amazonienne ? C’est vraiment loin d’ici… mais oui.

Je ris, un peu étourdie.

— Pourquoi pas ? On ira là-bas aussi.

Un lent sourire recourba ses lèvres. Je me rendis soudain compte que nos visages étaient très proches et je déglutis en sentant la chaleur qui s’emparait de mes joues. Je baissai la tête en hâte et tournai la page suivante : une plage de sable blanc, des palmiers et une mer turquoise.

— Les Fidji, lus-je.

Il se pencha.

— C’est de l’eau, vayanin ? Le bleu ?

— Oui.

Sans en avoir l’intention, je m’étais retrouvée collée à lui, le livre à moitié sur mes genoux, à moitié sur les siens, son bras chaud contre le mien.

— C’est l’océan, le même qu’ici.

— La couleur n’est pas pareille. J’aimerais voir ça aussi.

Il se tourna vers moi et je glissai contre lui, me retenant à son torse.

— On peut aller dans tous ces endroits ?

Ma main était contre sa peau chaude, je sentais ses muscles sous ma paume.

— Je… c’est… ça prendrait toute une vie, balbutiai-je. Je croyais que tu voulais rentrer chez toi.

Il baissa les yeux sur le paysage tropical, son sourire disparu. Il referma le livre d’un mouvement sec.

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Je pris mon téléphone et ouvris mon répertoire. J’avais cherché le numéro de Tori avant notre entrevue à l’OEil d’Odin, mais je ne m’en étais jamais servi. Je déglutis avec peine et appuyai sur le bouton "Appel".

La sonnerie s’étira en longueur. J’étais sur le point de raccrocher quand un déclic retentit et qu’un bruit explosa dans mon oreille.

Je décollai le téléphone de mon visage et une voix hurla avec fureur :

— Brindille, baisse le son de la télé avant que je balance ta face branchue par la fenêtre !

Le bruit en arrière-fond diminua. La ligne craqua avant qu’un souffle passe par le micro.

— Allô ?

— Tori ? m’enquis-je, hésitante.

— C’est qui ?

— Robin.

— Oh. Comment… Ne t’avise pas de remonter le son ! hurla-t-elle soudain. Attends que j’aie fini avec le téléphone. Bon sang ! Désolée, Robin. Les colocs, je te jure.

Son coloc s’appelait Brindille ? Je secouai la tête.

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