Extraits

Lorsque j'arrive au studio, Noah est seul derrière la console. Il écoute un nouveau morceau.

Il ne m'a pas vu arriver ; je m'installe discrètement derrière lui pour attendre la fin du morceau. C'est une chanson beaucoup plus rock que la balade sur laquelle j'ai travaillé, le style de morceaux qui a valu sa réputation au Rock Brothers. Je me demande si c'est lui le cerveau derrière le succès du groupe ou s'il ne peux s'empêcher d'imiter les tubes d'un groupe avec qui il a travaillé depuis plus de dix ans.

J'ai cru déceler l'autre jour, lorsque je lui ai demandé si c'était un morceau du groupe, une certaine ambiguïté dans sa réponse. Y a-t-il des conflits avec ses frères qui auraient échappé à la presse ?

Avant que je puisse m'attarder sur ces questions, il interrompt la bande. Sans se retourner, il dit :

— Tu arrives au bon moment.

— Euh… bredouillé-je, surprise.

— J'ai juste terminé mais j'ai un autre morceau sur lequel je voudrais que tu chantes.

— OK, mais où sont l'ingénieur et Michael ?

— On n'a pas besoin d'eux.

— …

— Viens, on prépare les micros et on fait une passe, dit-il en se levant. J'éprouve un étrange malaise. C'est comme s'il faisait exprès de m'ignorer. J'en viens même à me dire que c'est à cause de mon maquillage bâclé, mais comment le saurait-il puisque il ne m'a même pas regardée

Je le suis vers une petite pièce obscure. Mis à part un micro, une chaise et un ampli de guitare, il n'y a pas grand chose d'autre. Au mur, je reconnais des disques d'or des Rock Brothers. Alors qu'il s'affaire à brancher le micro, je m'approche pour admirer ces trophées.