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«L’inconnu freina et sa course se termina brutalement dans l’angle du comptoir. J’essayai de rester courtoise :
— Benedict Johnson, je présume.
Ce n’était pas très charitable de l’obliger à parler, étant donné qu’il était plié en deux, à bout de souffle, et quasiment prostré à mes pieds. De mon côté, j’étais carrément soulagée même si j’aurais préféré mourir que de le lui montrer. Il me tendit son passeport. La photo ne lui rendait pas justice. Floue et terne, elle suggérait un serial killer shooté, pas cet homme débordant d’énergie, en jean et veste en cuir.
— J’ai… couru… depuis… le métro… en quatre-vingt… dix-sept secondes…, haleta-t-il pendant que l’employé du comptoir essayait de distinguer son visage.
Cheveux épais, bien coupés, couleur… oh merde… châtain-roux foncé.
En le voyant se redresser, j’eus une bouffée d’adrénaline.
Mon cœur se mit à battre avec la gaieté inconvenante d’un énorme tambour.
— Cendrillon ! s’exclama-t-il, encore plus étonné que moi. Qu’est-ce que tu fais là ?
Il hissa sa valise sur le tapis roulant pendant que l’employé préparait une étiquette et lui rendait son passeport.
— C’est moi, Ben. Benedict Johnson.
Il se ressaisit tout de suite.
— Incroyable… Alors, la fille de la com, c’est toi ? Merde, alors.
Soudain, il devint bien plus facile de me souvenir du renard enragé et d’oublier notre brève complicité à la remise de prix. Clairement, j’avais abusé du champagne ce soir-là.
— Eh oui. Merde alors. Et tu es en retard. Il faut qu’on y aille.»
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