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J'ai le bras autour d'un corps chaud, et le visage enfoui dans son cou. Des cheveux me chatouillent le nez.
Au début, je me crois dans le lit de Dash, puis la magie palpite contre mes joues. Je reste parfaitement immobile. Il y a une douleur dans ma poitrine, vive et dure. Je ne comprends pas ces sensations, jusqu'à ce que je me rappelle où je suis. Et avec qui.
La magie des hybrides est organique. Elle fait partie d'eux, comme celle des licornes, et n'a pas besoins de scriv pour se manifester. Mais pour nous, les Lamias Superiors, elle provoque une accoutumance. Sinon, comment expliquer que je ne ressente aucun dégoût d'être allongée près d'un hybride ? Que j'effleure son épaule pour mieux sentir la pulsation de la magie à travers le coton de sa chemise ?
Je laisse mes doigts reposer sur son dos, rechignant à briser ce contact illicite. Et plus je reste ainsi, plus il est difficile pour moi de m'écarter. J'examine la courbe de son oreille, la ligne de sa joue où boucle une mèche de cheveux sombres. On dirait qu'un pinceau a dessiné des ombres sur le blanc de l'oreiller.
Afficher en entierIl est de dos et je ne vois de lui qu'une belle veste noire et de longs cheveux sombres qui ondulent sur ses épaules. Un chapeau à large bord repose sur la table près de son coude. Étrange de se coiffer ainsi, par un jour aussi venteux... Et pour un craquelin, il est décidément très élégant.
Afficher en entierLes deux femmes s’avancent jusqu’au centre du pont, et Nala défait les rubans noirs qui retiennent les cheveux-rêves de sa compagne. Quelle haine les anime, pour vouloir déchaîner tant de cauchemars sur Pelimbourg ? Combien, comme elles, croient avoir une dette envers Dash pour obéir aussi aveuglément à ses ordres ?
Les mèches sombres se libèrent peu à peu, et la première rafale d’images-rêves envahit mon esprit. Les souvenirs y bruissent comme des feuilles mortes ranimées par le vent d’automne.
Afficher en entierRestée seule, je jette un œil dans le miroir ovale au-dessus de la cuvette en porcelaine. La pluie a plaqué mes cheveux sur ma tête et mes yeux sont gonflés et rouges. Il est évident que j’ai pleuré. Je me frotte le visage et les cheveux avec la serviette, comme si je pouvais sécher ma tristesse en même temps que l’eau de pluie. Puis je me dépouille de mes vêtements mouillés et m’enveloppe dans la serviette. Je m’en frotte aussi avec vigueur, comme pour punir ma peau des caresses qu’elle a reçues.
Afficher en entier– C’était dur pour tout le monde, soupire Lilya. On a dépensé la moitié de notre argent en pots-de-vin pour les miliciens et aussi pour les médecins qui acceptaient de les soigner. Ils avaient tant de cicatrices, tant de brûlures…
– Je ne regrette rien, déclare Dash. Ça valait la peine.
– Pour les jumeaux ? demande Lilya. Ou pour toi et ton image de chef bienveillant ?
Afficher en entierPourvu qu’il n’ait pas eu affaire à un espion de la milice !
J’enfile rapidement la chemise de nuit et me glisse sous les draps au moment où les pas de Jannik résonnent dans le hall d’entrée.
Je tire la couette sur mes épaules. Elle est garnie de plumes d’oie et le tissu est d’une douceur soyeuse. Rien à voir avec mon nid de couvertures loqueteuses de la rue des Bulots.
Afficher en entierNala et Esta arrivent en bavardant. En ce qui me concerne, cette conversation est terminée, et je m’éloigne pour aller me laver dans la salle de bains. Quelques instants plus tard, Nala frappe à la porte.
Je lui ouvre, et découvre une robe à taille haute en soie écarlate. Ce n’est pas sa couleur d’origine, et la teinture n’a pas pris à certains endroits. Mais cela ne se verra pas à la lumière des chandelles. Je l’essaye. Le corsage est un peu grand pour moi. Tant pis.
Afficher en entierLorsque la mère Massepain laisse la boutique à sa belle-fille, Stella, celle-ci a pitié de ma pâleur et me fait asseoir à une table. Le salon de thé est en pleine effervescence. Des garçons ont débarrassé le fond de la pièce pour y installer des palettes de bois qui serviront d’estrade. Je les regarde sans grand intérêt, la tête blottie dans mes bras.
– Mange ça, m’ordonne Stella en posant devant moi des scones et de la confiture de groseilles.
Afficher en entierDans la pantomime, on le voit être couronné monarque de MallenIve, puis tout perdre dans un incendie qui réduit la capitale en cendres. À ce point de l’histoire, il se tient devant le corps sans vie de sa femme – une blonde, comme les blondes insipides de la maison Eline – et clame sa colère contre les vents mauvais.
C’est censé être plein de pathos, mais le Hob et la foule des Lamias Inferiors rient à gorge déployée. Rien ne les amuse autant que les malheurs des puissants, apparemment.
Verrel, qui manœuvre les décors, me fait signe de le rejoindre. Il est livide.
Afficher en entierManifestement, le Hob est drogué. Je croise souvent des gens comme lui, dans la Vieille Ville, devenus accros à l’empoisonencre. Cette substance leur donne l’impression qu’ils peuvent résoudre tous les problèmes du monde, mais elle leur fait aussi dire un tas d’absurdités. Les craquelins en prennent. Pour l’inspiration, disent-ils. On voit ce que ça donne…
– C’est bientôt prêt ? demande le Hob en désignant la marmite.
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