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Nous sommes les enfants perdus, les enfants du Bayou. Plus féroces que l’alligator. Nous sommes les enfants de La Nouvelle-Orléans. Plus anciens que les balcons de fer forgé. Nous sommes les enfants de l’Afrique. Plus implacables que les négriers. Le sang de notre race a bâti le Vieux Carré, nous reprenons ce qui nous revient de droit. Le sang des Blancs. Le sang des adultes blancs. Un juste retour des choses.
Afficher en entierla quête incessante du sang ayant été mon obsession durant tant de décennies, sans elle, j’étais perdu, déprimé, je ne savais plus comment égayer mes nuits. Je me retrouvais comme une page blanche qu’on vient d’effacer et sur laquelle on ne sait pas quoi écrire de nouveau et d’original.
Afficher en entierComme la Petite Sirène qui subit des douleurs atroces à chaque pas sur ses jambes toutes neuves, je devais souffrir pour être humain. C’était le prix à payer pour ne plus dépendre des autres, ou plutôt, du sang des autres. Je voulais retrouver la maîtrise de la vie. Ne plus être cette créature boulimique, impuissante face à l’hémoglobine, gavée à ras bord de plaisirs égoïstes, trop fugaces pour combler mon vide intérieur.
Afficher en entierPourquoi désires-tu à ce point refaire partie du bétail ? Durant trois ans, avant qu'on m'emprisonne, j'ai fait le tour des plaisirs que ce corps peut offrir… J'ai déniaisé sous la tente des jeunes filles en fleur, puis des garçons honteux dans l'obscurité des dortoirs. Je me suis laissé séduire par des hommes mûrs et des femmes plus expérimentées. J'ai mangé des plats venus du monde entier : des fruits recouverts d'épines, des algues japonaises, des marshmallows grillés, et des sorbets fluo. Je me suis enivré, j'ai croqué des champignons qui font voyager et fumé des herbes qui font rire. Mais mon verdict est sans appel. Crois-moi, tout cela combiné est bien fade face au goût du sang.
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