Commentaires de livres faits par Rykiel
Extraits de livres par Rykiel
Commentaires de livres appréciés par Rykiel
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Les mots sonnèrent comme une giffle. Je laissai échapper un rire nerveux.
— Pourquoi est-ce que je ferais ça ?
— Parce que t'en meurs d'envie, répliqua-t-il, la voix traînante.
Du coup de l’œil, je vis l’ombre d’un sourire passer sur ses lèvres.
— Oui, toujours.
— J'ai toujours préféré les femmes, dis-je.
— Je sais.
— Mais, je ressens... quelque chose de différent quand tu es là.
— Ca aussi, je le sais, fit-il avec un sourire orgueilleux.
— Le problème, c'est que... c'est complètement nouveau pour moi...
Je m'interrompis avant de me ridiculiser complètement. Il ne pouvait pas comprendre. Après tout, c'était facile pour lui, rien d'autre que la routine.
— ... laisse tomber, terminai-je.
A ces mots, il se tourna vers moi et me fit face. Ses épaules, libérant quelques mèches cuivrées ici et là. La cicatrice au-dessus de son arcade sourcilière s'éclaira en même temps que le reste de son visage.
— C'est nouveau pour moi aussi, dit-il.
— Que veux-tu dire ? demandai-je. Je croyais que tu avais l'habitude d'enchaîner les conquêtes masculines ?
Il prit mon visage entre ses mains et son regard plongea dans le mien avec une rare intensité. Mon souffle se fit court.
— J'ai beau avoir couché avec des tas de gars, dit-il, jamais je n'ai ressenti pour eux le dixième de ce que j'éprouve pour toi.
Mes poumons se gonflèrent. e parvins de justesse à dissimuler le sourire idiot qui cherchait à jaillir de mes lèvres. Comme j'étais à peu près certain de ne pas réussir à aligner deux mots correctement, je la bouclai et baisser les yeux au sol. Aussitôt, il cueillit mon menton entre son pouce et son index et m'obligea à le regarder.
— Ne détourne jamais ton regard de moi, Amaury, dit-il d'un ton grave avant de se radoucir. Tout ce que je veux savoir, c'est si tu comptes m'embrasser avant la fin de cette journée ou si je dois m'en charger ?
Ça, je le savais. Tout comme je savais à quel point j'avais l'air puéril et ridicule. Ce sentiment de jalousie m'horripilait et j'avais parfaitement conscience de ressembler à un ado immature, ce qui m'excédait encore davantage. Pour autant, même si j'avais donné mon accord, c'était plus fort que moi. Regarder Korian effleurer de ses doigts la peau d'un autre m'avait donné l'impression de me faire perforer la poitrine. Le fait qu'il ait connu une multitude d'hommes avant moi n'était pas une chose à laquelle j'aimais penser et cette petite scène m'avait donné un avant-goût plutôt concret de ses aventures passées, me laissant tout le loisir d'imaginer les étreintes qu'ils avaient partagés.
Impossible de réfréner la rancœur qui me courait sous la peau, j'ai bu plusieurs gorgées d'eau et me retournai.
— T'inquiète, c'est rien, assurais-je d'une voix peu convaincante.
[...]
— Si ce n'est rien, alors pourquoi es-tu si furieux ?
— Je ne suis pas furieux.
— Amaury, tu sens la hargne et la contrariété.
— Arrête de me renifler.
[...]
— Tu sais, crachai-je, je me demande bien combien de temps tu aurais tenu à ma place, si tu avais dû me regarder draguer l'une de mes ex !
[...]
— Moins d'une seconde, prononça-t-il, le souffle court.
— Quoi ?
— C'est le temps qu'il m'aurait fallu avant de peter un câble si j'avais été à ta place. Moins d'une seconde.