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Elle écoutait, et elle essayait de trouver une solution pour chacun. Nous étions deux stagiaires et deux bénévoles, face à quatre sans-papiers. Manu, Violeta, une étudiante argentine, Mirabelle, une grande fille fantasque qui travaillait pour une ONG franco-togolaise, et moi. Tous les gens qui défilaient chaque jeudi devant nous étaient blessés, d'une manière ou d'une autre, et nous devions apprendre à leur parler doucement, mais sans pitié: franchement. Les sans-papiers qui venaient nous voir avaient vécu tant de misères qu'ils étaient prêts à tout entendre, sauf des mensonges ou de faux espoirs, alors, patiemment, nous expliquions ce qu'il était encore possible de faire, et les hommes et les femmes nous écoutaient à leur tour. Tout cela se passait dans une ambiance assez calme, et conviviale. La violence de ce qui se disait n'était palpable que dans la cruauté que j'infligeais à mes cigarettes triturées. Je me vengeais sur elles. Je ne fumais que le soir, et les jeudi après-midi.
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