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Il visualisait déjà le moment où il dégainerait son sabre, étincelant dans la nuit. Sa lame était si tranchante qu’une feuille tombant dessus se coupait toute seule en deux. Satchi revoyait mentalement le mouvement qu’il allait accomplir et l’endroit exact où il frapperait. La façon de frapper était un art ancestral qu’Amakuni avait passé de longues heures à lui enseigner. Tandis que la cible se rapprochait, son champ visuel se rétrécissait. L’aveuglante lumière des projecteurs révélait l’agonie écumante des animaux. Satchi ne voyait désormais qu’une seule chose : les filins reliés aux flotteurs qui maintenaient l’énorme filet à la surface. Il suffirait d’un coup en biais, comme pour trancher proprement la tige d’une fleur…

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Les dieux de la mer semblaient favorables : Satchi était porté par la houle et par la brise. Il tira un long bord pour s’approcher des bateaux par l’arrière ; ils progressaient à petite vitesse, comme si leurs filets étaient déjà trop lourds. Satchi put apercevoir l’intérieur du filet où se débattaient des masses grouillantes et affolées de poissons captifs. Il y avait de tout, des thons, des maquereaux, mais aussi des sardines, des requins, nageant en tous sens, bondissant n’importe où, pris de panique. Il crut même apercevoir un bébé dauphin à la peau blanche, complètement perdu dans ce chaos bouillonnant et ensanglanté, mais les treuils des navires étaient déjà en action et d’ici quelques instants ces créatures qui faisaient la beauté du grand large allaient disparaître, broyées dans la masse.

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En sortant la tête de l’eau, encore sonné, Satchi discerna des gerbes d’écume et une douzaine d’ailerons qui fendaient la surface. Des requins pélagiques fonçaient sur lui, une véritable armada. Peut-être les redoutables longimanes ? Satchi eut tout juste le temps de se hisser sur la planche avant leur arrivée, mais les squales passèrent à côté de lui en l’ignorant, l’éclaboussant dans leur cavalcade effrénée. Ordinairement curieux et agressifs, ne craignant rien ni personne, ces seigneurs des mers semblaient, eux aussi, réduits à une bande de fuyards. Ils frappaient la surface de leur museau, se tortillant ou se cabrant hors de l’eau. Ces animaux malmenés suivaient tous la même route, menant droit vers les chalutiers…

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Une fois sur sa planche, Satchi reprit ses esprits. Les femmes géantes comptaient sur lui. Il observa les lumières lointaines. Trois chalutiers formaient un triangle qui progressait dans sa direction. Satchi se demanda à quelles pratiques ils se livraient, dans cette zone isolée où toute pêche était interdite. Bien sûr, nombreux étaient les armateurs à se moquer des lois internationales et à braconner sous ces latitudes lointaines. Personne n’était là pour les voir. Ou presque…

Un instant, Satchi se projeta vers ces bâtiments suréquipés. Il devait faire bon dans le carré, des marins buvaient sans doute du café chaud en bavardant, tandis que, sur la passerelle, les officiers dirigeaient les opérations de chalutage. Il ressentit un sentiment paradoxal de fraternité avec ces gens de mer qu’il ne connaissait pas. S’il s’était trouvé en détresse sur l’océan, ils l’auraient secouru.

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Dès le premier jour, Mona s’était éprise de lui et elle ne s’en cachait pas. Beaucoup de jeunes aventuriers étaient pourtant passés par la Plateforme, mais aucun n’avait su la séduire comme Satchi. Oui mais voilà, ce garçon était une forteresse imprenable. Oh, il y avait bien eu des étreintes entre eux, au début, mais derrière ses yeux intenses, ses secrets semblaient bien gardés. Ainsi, Satchi n’avait pas expliqué à Mona pourquoi il s’isolait plusieurs semaines de suite aux Quatre Récifs. Il vivait là-bas en solitaire, lisant, pêchant, écoutant la mer, avec pour tout refuge un habitacle étanche à l’intérieur d’une bouée de haute mer échouée.

Des nuages plus noirs que la nuit envahissaient le ciel ; Mona fit la grimace. Là-bas, loin à l’ouest, de gros orages s’accumulaient et la pression barométrique baissait à vue d’œil. À cause d’elle, Satchi allait se retrouver face aux pêcheurs, seul devant trois navires, en pleine zone orageuse. Elle avait beau essayer de lui envoyer des messages, il ne répondait plus.

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Pour la centième fois peut-être, Mona se retourna dans son lit, car elle ne parvenait pas à dormir, rongée par le remords et un mauvais pressentiment. La lumière lunaire s’infiltrait dans sa cabine par les hublots, réveillant ses peurs. Une fois de plus elle se leva et sortit sur l’étroite passerelle. À la lueur de la lune, les énormes superstructures inclinées de l’ancienne plateforme créaient une architecture apocalyptique. La jeune femme grimpa jusqu’à l’héliport, d’où l’on avait une vue à 360° sur l’océan. Là-haut, la brise soufflait presque continuellement et les éoliennes tournaient à plein régime.

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Satchi jaillit à la surface comme on sort d’un rêve intense, en passant du tumulte au calme. Il se retrouva seul dans la nuit ; le paysage avait recouvré son aspect normal. Les rencontres avec les femmes géantes, inattendues, brutales, finissaient toujours de la même façon : il bondissait hors de l’eau tel un bouchon, se demandant s’il n’avait pas tout imaginé.

Le vent avait forci, la houle s’amplifiait et la lune brillait dans le ciel. Le jeune homme nageait, tout contre sa planche ; aucune trace ne subsistait du passage des femmes géantes. Il attendit encore, au cas où la tribu reviendrait, mais rien ne se produisit. C’est alors qu’il sentit un picotement sur sa main et vit qu’elle portait des éraflures. Les ongles de Kourma ! Voilà donc pourquoi elle l’avait griffé : pour laisser une trace concrète de sa visite. Ce n’était donc pas un rêve…

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Ils pénétrèrent enfin dans la vaste salle circulaire au plafond hémisphérique et aux murs parsemés de niches profondes. Des gradins de pierre descendaient vers le cratère central, où trônait un gros monolithe noir de forme arrondie. Une force invisible s’en échappait, qui troublait l’eau et donnait l’impression de vibrer.

Kourma, la géante qui tenait Satchi dans ses bras, le serra un peu plus fort. Puis toutes les femmes s’installèrent en cercle autour de la pierre. Envahi par une émotion profonde, Satchi eut l’intuition que cette pierre était un organisme très ancien, plus ancien que les planètes elles-mêmes et venu de très loin. La Pierre avait voyagé hors du temps, croisant les comètes, abritant la vie en son sein. Elle était vivante !

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La tribu des femmes géantes ne remontait pas souvent du monastère abyssal où elles vivaient depuis des temps immémoriaux. La première fois qu’elles l’avaient ainsi emporté sous l’eau, le lendemain de ses sept ans, Satchi avait bien cru qu’elles voulaient le noyer. Or chaque fois se produisait une chose étrange et merveilleuse, lorsque l’une d’elles l’étreignait avec des bras aussi épais que des troncs d’arbres : blotti dans la douceur de ces formes féminines, niché entre leurs seins, Satchi n’éprouvait plus le besoin de respirer, comme dans un rêve. Elles le prenaient contre elles à tour de rôle sous l’eau et communiquaient avec lui à leur façon, sans paroles.

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Chapitre 1

La mer, c’est le commencement et la fin, songeait Satchi en glissant sur la houle. Juché sur sa planche, le jeune homme laissait un sillage d’écume phosphorescente derrière lui. La brise ainsi que la mer de plus en plus creuse le propulsaient vers son objectif : les trois chalutiers signalés par Mona. À force de voyager nuit et jour au grand large, Satchi finissait par imaginer des formes étranges dans les reflets de l’eau ; parfois même il croyait y lire des présages. Cette fois, les arabesques firent apparaître une tête de mort couleur de lune ; ce signe fugace lui glaça le sang.

Satchi aimait l’inégalable sensation de vitesse et de légèreté que lui procurait son minuscule vaisseau. Après un long mois de solitude aux Quatre Récifs, il retrouvait avec bonheur la vitesse de la haute mer. Quelques jours plus tôt, le message de Mona l’avait tiré de sa retraite d’ermite : des navires de pêche se livraient à de curieuses manœuvres dans un secteur proche de la Plateforme. Satchi soupçonnait la jeune femme de l’attirer là-bas pour d’autres motifs, mais il se réjouissait d’avoir une mission à accomplir. Il avait lu et relu les indications, consulté les cartes marines, la météo, il avait réfléchi, interrogé les dieux invisibles, puis finalement décidé d’aller voir les chalutiers de plus près.

Il avait parcouru des centaines, des milliers de milles, sur son « tapis volant », comme il aimait appeler sa planche. Trois énergies le propulsaient : la houle, le vent et ses bras. Satchi était passé maître dans l’art de chevaucher les vagues, mais il disposait aussi d’une aile, un cerf-volant qui le tractait à la moindre brise. Quand ni la houle ni le vent ne le portaient, il sortait sa longue pagaie et ramait.

On ne lui connaissait pas d’autre famille que l’océan. Aujourd’hui, Satchi ne craignait plus les tempêtes, les requins, la nuit hostile ou la solitude. Mona ne comprenait pas comment un garçon de son âge pouvait rester seul des semaines entières au milieu de nulle part. Elle avait bien proposé de l’accompagner, mais les Quatre Récifs étaient sa tanière.

Satchi avait mis longtemps à maîtriser l’art de glisser sur l’eau pendant la nuit, mais maintenant ses jambes ressentaient le moindre changement de flux. Il aimait tracer sa route dans l’obscurité, au point qu’il lui arrivait de s’assoupir debout, soutenu par son harnais, les pieds calés dans des straps. Portant l’essentiel de son bagage sur le dos, le corps revêtu d’une combinaison étanche, sa chevelure noire au vent et son sabre au côté, Satchi ressemblait à un ronin, un guerrier sans maître.

La mer s’était suffisamment creusée pour qu’il puisse utiliser le foil déployé sous sa planche. Grâce à cette mini-dérive en métal munie d’ailettes, sa planche s’élevait de quelques centimètres au-dessus de l’eau. En l’absence de friction, Satchi pouvait glisser à une vitesse folle. Il parcourait ainsi des milles et des milles. À une certaine allure, le métal se mettait à vibrer, produisant un chant de sirène.

Si la conception de la planche était en grande partie son œuvre, pour la réalisation du foil il devait beaucoup à Amakuni, son maître d’armes. La passion de Satchi pour la glisse conjuguée aux talents du vieux forgeron avait produit cette planche hybride sur laquelle il traversait les mers.

Des lumières électriques scintillèrent dans la nuit : rouge et vert. Les navires venaient dans sa direction. Une fois de plus, il allait affronter l’aveuglement des hommes qui ravagent la mer. Il calcula une trajectoire d’arrivée par l’arrière, pour mieux s’attaquer aux filets. Certains de ces chaluts étaient gigantesques, d’autres descendaient racler les fonds à des milliers de mètres, et ces pièges détruisaient tout sur leur passage, des populations de poissons, de mammifères, de coraux. Le plus insupportable était que ces saccages finissaient par le rejet à la mer de millions d’animaux morts pour rien.

Oui, Satchi avait saboté certains de ces filets, il n’avait pu contenir sa révolte face à des crimes qui demeurent impunis parce qu’ils se déroulent loin des yeux et des caméras. Combinant ses connaissances de la mer et sa ruse de combattant, armé d’un sabre vengeur, il avait sauvé quelques milliers de créatures en sectionnant les filets qui s’apprêtaient à les engloutir.

Satchi attaquait de nuit, savait où et comment frapper, puis disparaissait sans être vu. Pour accomplir ses exploits, il disposait d’une arme exceptionnelle, le sabre façonné par Amakuni dans un alliage unique obtenu à partir d’un minerai de météorite.

Tandis que les lumières des bateaux s’approchaient, Satchi, les muscles tendus, se préparait à l’assaut. Faire le vide. Appréhender la situation tel un jeu, sur un terrain où la moindre erreur peut s’avérer fatale. Anticiper… Les leçons de son maître d’armes toujours présentes à l’esprit, il savait que les pêcheurs n’hésiteraient pas à le tuer. La nuit, loin de tout, seules comptent les lois de la mer. Tout peut s’y produire sans témoins, et les morts disparaissent, aussitôt ensevelis.

Une forme claire et massive bondit soudainement près de lui. Il poussa un cri de joie : un dauphin ! C’était un Stenella, apparemment solitaire. Satchi fréquentait quelques dauphins sédentaires aux abords de la Plateforme ou des Quatre Récifs, mais jamais il n’avait côtoyé de Stenella. Dès qu’il s’en approcha, il remarqua que le cétacé nageait d’une drôle de façon, la tête hors de l’eau, avec une trajectoire incertaine.

Le dauphin agit de façon inhabituelle : bondissant hors de l’eau, il percuta violemment les jambes de Satchi, ce qui le fit chuter lourdement sur sa planche ! Ayant repris ses esprits, Satchi eut juste le temps de voir le dauphin qui revenait à la charge, agressif. Le cétacé se maintenait à la verticale par de puissants battements de queue, poussant des cris nasillards. Dans la lueur de sa lampe frontale, il aperçut le Stenella se tortillant hors de l’eau de façon désordonnée, saccadée, comme devenu fou, ou bien en proie à une insoutenable douleur. Son sonar ne devait plus fonctionner normalement. Le dauphin risquait de le heurter une deuxième fois ; un animal de cette taille pouvait facilement le tuer. Qu’il laisse retomber sur Satchi ses deux cent cinquante kilos, et c’en était fini de lui. D’un coup, il disparut.

Un peu plus loin, une tortue de mer flottait sur le dos, morte. Une belle tortue à écailles, sans doute âgée de vingt ou trente ans, qui devait avoir traversé bien des océans et pondu des centaines d’œufs… Elle était morte en rentrant la tête à l’intérieur de sa carapace. Mais pour quelle raison ?

La tortue était son animal totem, car Satchi devait la vie à l’une d’elles. En pleine mer, des piroguiers avaient fait cette incroyable découverte : un nouveau-né à plat ventre sur le dos d’une grosse tortue, à des milles et des milles de toute terre ! Jamais personne n’avait pu élucider ce mystère, ni comprendre d’où venait ce bébé ayant pour seul signe distinctif un tatouage sous le pied gauche. On découvrit plus tard qu’il représentait une carapace de tortue. Voyant dans ce sauvetage un signe des dieux, les pêcheurs du village sur pilotis l’avaient adopté et nommé « Satchi », qui signifie « Venu de l’eau ».

Satchi regardait le corps de la tortue, essayant de comprendre ce qui avait pu lui arriver. Un mauvais présage ? Son baromètre intérieur tomba au plus bas et il se demanda même s’il ne devait pas renoncer à affronter ces chalutiers. Il se sentit très seul et démuni, et se prit à douter de tout. Devait-il continuer à se battre sur les mers en éternel solitaire ?

Soudain, Satchi écarquilla les yeux : des formes claires et massives s’élevaient des profondeurs. Son cœur battit plus fort, car il savait qu’elles venaient pour lui. Elles surgissaient dans les moments critiques de sa vie. Aucun doute, une nouvelle épreuve l’attendait… À peine avait-il formulé cette pensée qu’une main creva la surface, assez grande pour l’empoigner par la taille comme une poupée, avant de l’entraîner sous l’eau sans ménagement.

Les 56 premières pages du livre sur: http://vitrine.edenlivres.fr/publications/29223-samourai-ocean

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