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Disons que c'est à cause des choses, qui ne sont jamais ce qu'elles doivent être.Disons qu'il fait trop nuit, trop froid, trop loin, trop mal, qu'il est trop tard, trop tôt, trop tout. Disons tout ce qu'on veut, mais en repartant, je suis passé à un carrefour et je l'ai vu le panneau, le bon panneau. Ce panneau indiquait qu'il fallait tourner à droite et faire encore une cinquantaine de kilomètres. La route était dégagée, mais j'ai continuer tout droit. Je n'ai pas bifurqué comme j'aurais dû le faire.
Oui ! C'est ça que j'ai fait, je n'ai même pas eu l'impression de prendre une décision ou quoi que ce soit. J'ai juste laissé mes mains droites sur le volant et j'ai continué sur l'autre route.
Celle qui s'en va.
Afficher en entierD'ailleurs, c'est ce qu'elle fait la vie ; elle l'a cogne comme un flic pourri dans un commissariat. Un passage à tabac en règle, à coup de bottin sur la tête. La première fois ça ne fait pas mal, la deuxième tu encaisses sans broncher, et puis c'est la répétition qui te démolit. A la fin le moindre frôlement te transperce de douleur à te faire hurler. Le pire c'est que ça ne laisse pas de trace et que tu ne peux aller te plaindre à personne. Voilà ce qu'elle faisait, la vie, avec cette femme ; elle la cognait en douce et personne n'y voyait rien.
Afficher en entierAu bout d’un quart d’heure, c’est‑à‑dire cent ans au moins de ma vie à moi qui s’était mise à passer beaucoup plus lentement que celle de n’importe qui, j’ai commencé à chercher quelque chose à dire ou à faire pour briser l’obstination avec laquelle elle s’appliquait à me snober. Voyons ! Que ferait M. Malin dans cette situation, ou Bugs Bunny ou Ronald McDonald ? Je pourrais faire semblant de m’endormir. M’endormir pour de vrai. Me mettre à chanter cette chanson idiote de Tommy : « See me, feel me… ». M’efforcer d’apprécier en connaisseur. Applaudir à chaque nouvelle touche de couleur ajoutée. Compter à haute voix le nombre exact de fois où ses seins se touchent sous sa blouse quand elle se penche. Marcher jusqu’au téléphone et appeler : SOS amitié, les pompiers, la police, la station de radio locale pour commenter l’événement à la façon d’un match de foot. Rire. Pleurer. Fermer les yeux. Les garder ouverts. La traiter de salope. De sainte. Lui dire qu’elle est belle. Sexy. L’embrasser. La gifler. Jeter sa toile au sol. Tomber à genoux devant elle. Écraser ses tubes de peinture. Arracher sa blouse. Disparaître dans le temps. Devenir un arbre. Une pierre. Un désert. Une frontière. Une planète intérieure. Vide. Immatérielle. Inhumaine. J’ai cherché quoi faire.
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