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Avec la justice, se taire était toujours la meilleure option.
Afficher en entierCHAPITRE 1
Pour son plus grand malheur, le jeune Tommaso Grassino, dit Maso, venait de trébucher sur la première victime assassinée.
C’était au début du mois de décembre, lors d’une de ces nuits glaciales proprement vénitiennes, quand l’eau des canaux semble se sublimer en gouttelettes, puis flotter le long des calli* et tremper les vêtements des passants. Il faisait encore sombre quand Maso avait quitté à regret la tiédeur de son lit dans la maison de ses parents derrière le Campo San Polo. Mains dans les poches, il suivait dans la pénombre la rue du Ravano, en direction du pont du Rialto. Il se rendait à l’atelier de tissage de la soie de Calle Venier où il était apprenti, en plein cœur du sestier* de Cannaregio.
Il n’y avait encore presque personne dehors, hormis un boulanger emmitouflé dans sa cape qui rentrait chez lui après le travail et quelques patriciens un peu ivres au terme d’une nuit passée au Casìn dei Nobili, la maison de jeu du Campo San Barnaba qui se déployait à proximité.
On entendait les appels des garçons de bàcari* et de tavernes que leurs patrons avaient envoyés ouvrir les volets des fenêtres donnant sur la rue et allumer le feu des cheminées. Ils attendaient les premières vagues de pêcheurs et de marchands de légumes venus se réchauffer d’une gorgée de vin avant de décharger leurs barques tout autour du grand marché du Rialto.
Maso pressait le pas le long de la célèbre rue et sifflotait une barcarolle en faussant avec ferveur quand, à cause de la morsure du froid ou parce qu’il était parti trop vite de chez lui, une envie pressante le saisit.
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