Extraits

— Dieu a créé l'homme et les animaux terrestres le même jour, répondit-il. Il n'y a aucune raison que je les traite différemment. Sans compter qu'on n'est jamais trahi par un cheval, un cochon ou une abeille.

La chaleur persista plusieurs jours sur la forêt d'Or avant qu'un vent léger n'enrobe les sapins, ne secoue les feuillages hauts et ne pousse dans le sol insectes et renards. La plus belle des saisons s'abattait sur le domaine : le rouge avait envahi les cimes et les mousses, les joues et les nez, on se couvrirait de linge comme les blaireaux se couvrent de terre, on attendrait que le ciel remonte, telle une voile gonflée, pour sortir de nouveau, et dans la grande maison où chaque chose, à sa place, grinçait, dans ce bouleversement d'automne.

un deuil se passe d'étreintes et de baisers, que ses pensées et son corps voguaient ailleurs, sur les eaux endormies du passé.

Aimée, en montant l'escalier, avait pensé que la mort aurait envahi la chambre. Elle se trompait: seule l'absence nichait dans cette pièce aux murs verts. La mort, elle attendait dehors qu'on lui amène enfin son nouveau passager.

Il était au-dessus de tout: du sang, des os brisés, des paumes bleuies, il vivait proche de Dieu et si Dieu disait qu'untel s'était mal conduit, la punition tombait.

La douleur était une couverture gelée jetée sur elle, et qui, seconde après seconde, paralysait ses membres, empêchait sa pensée, obstruait sa voix.

Les arbres chuchotèrent jusqu’à l’aube, car tout se passe toujours la nuit, les grands événements se cachent des lumières vives, craignant d’être brûlés.

Tout en lui et de lui s’évanouissait. Candre semblait de ce monde comme le sont les animaux sauvages. Il vivait dans la mémoire des autres, dans leurs conversations et leurs paroles.

Sans le savoir, sans un mot, sans un geste. C’était cela, sa grande beauté : être là.