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Je sais pas si je l'aime ce travail, mais ce que je sais par contre, c'est que je n'ai pas envie d'en changer. Ou pas la force, ou pas le courage, mais ça revient au même .
Afficher en entierParce qu'il faut dire ce qui est : j'ai jamais vraiment su parler aux gens. Aux brebis oui, je sais quand faut leur causer doucement pour les calmer, quand faut gueuler pour pas qu'elles se barrent sur les terrains des autres. Mais aux gens, non. C'est un des trucs que j'ai oublié d'apprendre.»
Afficher en entierLes gens veulent toujours un début. Ils s'imaginent que si une histoire commence quelque part, c'est qu'elle a aussi une fin. Que l'orage a cessé, qu'ils peuvent revenir à leur routine, épargnés qu'ils ont été. Ça se tient, je dis pas. Et puis ça rassure un peu. Il faut bien parce ce qui s'est passé cette année-là, ça en a inquiété plus d'un. Ceux d'en bas dans la vallée, sur les marchés, dans les foires, ils la racontent encore, cette histoire. Ils inventent la moitié d'ailleurs, chacun a ses petits détails qu'il a rajoutés, qu'il peaufine, les mois passant. À leur place, je ferais pareil: ça fait des choses à dire, tout le monde cherche des choses à dire, sinon on n'existe pas. C'est humain.
Afficher en entier- Dans le temps, nos parents nous parlaient que de ça, de la tourmente. Dés que l'hiver arrivait, fallait plus qu'on sorte que si y'en avait vraiment besoin . On restait à l'intérieur, à écouter souffler le vent dehors comme s'il nous en voulait .
Afficher en entierDans le temps, les vieux disaient que ton ombre, c’était l’image de la mort. Comme un double de toi qui s’accroche à tes pas et qui te quittera que le jour où tu seras sous la terre. Des fois, j’imagine la vie des paysans d’autrefois et toutes ces croyances qui leur pourrissaient l’existence.
Afficher en entierMoi, ces jours-là, c’est pas rare que je baisse les yeux et que je regarde mon ombre qui devient plus petite avec les heures. Je suis son mouvement sur les herbes sèches et sur les pierres grises. Je me dis que cette ombre au moins, elle sera toujours là. Que j’ai pas besoin de lui causer ou de faire je sais pas quoi pour qu’elle reste.
Afficher en entierC'est pas rare que je baisse les yeux et que je regarde mon ombre qui devient plus petite avec les heures. Je suis son mouvement sur les herbes sèches et sur les pierres grises. Je me dis que cette ombre au moins, elle sera toujours là. Que j'ai pas besoin de lui causer ou de faire je sais pas quoi pour qu'elle reste. Je pense aux anciens, à ces histoires qu'on me racontait quand j'étais gosse. Dans le temps, les vieux disaient que ton ombre, c'était l'image de la mort. Comme un double de toi qui s'accroche à tes pas et qui te quittera que le jour où tu seras sous la terre.
Afficher en entierJ'ai frappé. Pas de réponse. J'ai frappé encore . Et enfin j'ai entendu des pas glisser sur le sol derrière la porte en bois, puis le bruit d'un loquet qui sortait de son axe . Le battant s'est ouvert en grinçant .Et dans l'entrebâillement, j'ai eu ma première vision de cet homme abîmé qui un jour allait devenir mon amant , avec son jean sans forme, sa chemise grise et tachée, ses cheveux dans tous les sens. Mais ce que j'ai vu avant tout, c'est le fusil de chasse qu'il tenait à deux mains, en travers, comme pour m'empêcher de passer . Tu parles d'un accueil, ai-je pensé.
Afficher en entierDes fois j'imagine la vie des paysans d'autrefois et toutes ces croyances qui leur pourrissaient l’existence. Ces histoires de fantômes qui voulaient pas quitter les maisons où ils étaient morts, de loup-garous qui s’attaquaient aux gamins pour leur bouffer le foie, de trèves qui se planquaient dans les bois et qu'attendaient les vivants. Nos ancêtres, ils y croyaient pour de vrai, quand ils passaient près de ces endroits maudits ils se mettaient à courir. Mémé en causait parfois, elle se moquait de sa mère et ça la faisait marrer, mais je voyais bien qu’elle riait pas tant que ça.
Afficher en entierOn aurait dit que la nouvelle année qui s'approchait, les gars l'attendaient avec impatience, comme s'ils croyaient vraiment qu'elle allait être mieux que celle qui finissait. Comme si ce monde meilleur, plus solidaire, plus équitable, qu'ils pensaient être en train de construire, il avait une chance d'émerger un jour. Leur utopie en ligne de mire, toujours en tête malgré les mille contradictions qu'ils s'employaient avec force à minimiser.
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