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Le pire dans cette guerre n'était pas les combats, les privations, les destructions, les blessures ; c'était ce qu'elle faisait aux gens à l'intérieur. Ces malheurs arrivaient par l'inertie du peuple. L'abattoir n'existait que par le consentement des veaux. La catastrophe ne s'imposait à nous que par le nombre de ceux qui l'acceptaient, telle était la vraie lâcheté. Le renoncement de la masse créait l'abîme, cet abîme n'existait que parce que nous le voulions bien. La lâcheté créait de la résistance. Il avait davantage raison que ceux qui avaient dit oui au massacre : il était en vie.
Afficher en entierIl s’assit et déploya l’un des journaux. La qualité de l’encre avait encore baissé, certains mots étaient à deviner, surtout ceux qui auraient pu déplaire au gouvernement. Le vilain papier trop fin et mal blanchi se dépiautait, il comptait moins de feuilles, on avait perdu les pages « loisirs » jadis remplies de dessins, de billets d’humeur et de devinettes impertinentes. Le rire était subversif, il avait été jeté par-dessus bord le premier.
À force de vouloir remonter le moral des patriotes, la presse devenait déprimante. La consigne était de prétendre que la guerre allait être courte et victorieuse, alors qu’elle s’étirait et que nous étions en train de la perdre.
Afficher en entierLa police était une administration, l'administration ne raisonnait pas en personne saine d'esprit. Elle avait ses propres buts, sans rapport avec le bien et le mal. Son propre mode de fonctionnement, sa propre échelle de valeurs lui permettaient de broyer ses administrés sans un remords, sans états d'âme. L'administration était l'humanité devenue machine.
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