Extraits

Ses mots ricochent dans mon cerveau, ça n’a aucun sens. Ce qui me vient tout de suite en tête, c'est que ce soir, je suis tombé deux fois dans une embuscade. Une fois tendue par Giovanni et l’autre fois, par Elena. C'est peut-être le choc à la tête en tombant ce soir qui m'empêche de comprendre ce qui se passe dans mon monde en ce moment. C'est peut-être la colère. La colère contre moi-même pour ne pas avoir vu plus tôt que notre escapade de ce soir était un coup monté. Dans tous les cas, je devrais être mort. Giovanni a appuyé sur la gâchette, et Donovan s'est interposé entre moi et la balle, et m’a fait tomber. Je me suis cogné la tête, et pendant quelques minutes, j'étais inconscient. Heureusement que mes hommes sont arrivés. Le temps que je revienne à moi, la bataille était terminée et Giovanni s’était enfui. Mais je suis déterminé à le traquer, jour et nuit s’il le faut.

Ce soir, mon objectif était de mettre les femmes en sécurité, d'obtenir une aide médicale pour Donovan en espérant que sa blessure n’engage pas son pronostic vital, puis de ressortir de la maison et ne pas revenir avant d'avoir vu Giovanni rendre son dernier souffle.

J’avais dix ans lorsque j’ai entendu parler pour la première fois de l’expression cage dorée, deux servants en parlaient en nous évoquant ma sœur aînée Lucia, et moi. Ça n’avait pas l’air positif, j’ai donc recherché cette expression et j’ai découvert qu’elle faisait référence à la prison dans laquelle pouvait vivre une personne fortunée. A cette époque, je n’avais pas compris pourquoi les servants pensaient que Lucia et moi vivions dans une cage dorée. Je ne me sentais pas emprisonnée. Mes parents n’étaient certes pas affectueux mais ma gouvernante l’était. Je passais la plupart de mes journées à jouer, lire et profiter de la vie.

Ce n'est que lorsque j'ai eu vingt ans et que j'ai vu mon père envoyer ma sœur en Italie pour épouser un Don âgé que j'ai enfin compris ce que signifiait vivre dans une cage dorée. Ma sœur avait beau supplier mon père, elle n'avait pas son mot à dire. C’était une punition pour avoir cru avoir le choix de l’homme qu’elle aimerait. L’homme avec qui elle avait fauté, et qui avait incité mon père à la répudier, a été retrouvé mort juste avant qu’elle ne parte