Extraits

- Allez ! Bonne nuit, tout le monde ! Et que personne ne vienne me déranger ! J’ai besoin de dormir !

Son comportement est tellement improbable que les gars éclatent de rire. Leurs regards ne trompent pas, ils se doutent très bien de ce qu’il va se passer.

Le premier à réagir est Bodmaël.

- Tiens, si on mettait un peu de musique ? J’écouterais bien un bon rock…

Les autres rigolent.

- Oui, on va mettre le son très fort, si ça ne vous dérange pas pour dormir, bien entendu.

Keythan pique un fard et je crois que je me suis rarement autant amusée.

- Non, c’est bon, vous pouvez mettre la musique fort… soupire-t-il, légèrement honteux.

Contre toute attente, il saisit ma main et m’entraine à sa suite.

Je sens brûler en elle la même soif de justice, de sécurité et de paix que celle à laquelle j’aspire et quand nous sommes ensemble, c’est comme si nous vibrions sur la même longueur d’onde.

Mais bordel ! C’est toi mon problème ! Toi et tout ce que tu me fais ressentir ! Quand t’es là, je ne suis plus capable de penser normalement, j’ai peur pour toi, j’ai peur que tu te blesses, pire, je crains plus pour ta vie que de perdre mon poste !

Cet homme a un caractère épouvantable. Je suis certaine que s’il était un métamorphe, il serait à moitié moufette !

En réalité, je crois que cette fille me fait peur. Je sens qu’elle a la capacité de bousculer tout l’univers de certitudes dans lequel je me complaisais depuis des années et ça me fiche la trouille. Je redoute que les choses changent. Pourtant, je le ressens, notre destin est déjà en route, mais je ne sais pas pour quelle destination.

- La prochaine fois, prends la peine d’enfiler une tenue décente !

- Qu’est-ce que tu leur reproches à mes vêtements ?

Je lâche un rire sans joie. La réponse me paraît pourtant évidente.

- Tu aurais pu mettre un soutien-gorge !

Les gars continuent de manger, le nez dans leurs assiettes, visiblement très embarrassé par la tournure des événements.

- Je n’en ai pas besoin, mes seins tiennent très bien tous seuls.

- Mais on voit tes tétons ! m’agacé-je.

- Et alors, on voit aussi les tiens ! Je te signale que tu as plus de poitrine que moi, alors je porterai un soutien-gorge, un bustier ou tout autre objet de torture quand toi aussi tu en mettras un !

Sa réponse me coupe le souffle et stupéfait toute l’équipe. Seul Seth, mort de rire, vient de recracher tout son riz dans son assiette. Je crois même en avoir vu ressortir par ses narines.

- Mais ce n’est pas pareil !

- J’ai des tétons, tu as des tétons, c’est normal, nous sommes des mammifères. Tu veux revoir tes cours de biologie ou on passe à autre chose ?

C’est idiot, mais j’adore quand elle me fixe en ayant l’air d’avoir très envie de m’arracher la tête. Je ne sais pas ce qui provoque cette haine que je peux percevoir par moment, mais elle est puissante. Cette fille est entière et déterminée.

Qu’elle soit de notre côté ou non, je sens qu’elle va être la source du pire et du meilleur…

Si tu n’es pas certaine d’être du bon côté, ne le laisse jamais voir, car si tu hésites, ce ne sera pas leur cas.

- Donc, les gars, je vous présente Nyris Maradalley, qui vient de botter les fesses à deux vampires.

Ils sont estomaqués, pourtant, elle me reprend visiblement outrée.

- Non, quatre !

- Le troisième s’est évaporé.

- Mais je l’ai mis en fuite.

Cette dispute de chiffonniers me fatigue déjà.

- Bon… trois…

- Non ! Quatre !

Me massant les tempes, j’essaie de lui faire entendre raison.

- Le dernier n’était pas mort !

- Il se vidait de son sang, il agonisait quand tu lui a coupé la tête !

- Donc, c’est moi qui l’ai tué !

- Je l’ai neutralisé, tu l’as juste achevé. Toi, tu n’en as tué qu’un avec ton épée.

- Peut-être, mais…

Tout à coup, je prends conscience du pauvre spectacle que j’offre à mes hommes. Lorsque je lève le regard vers eux, ils m’observent tous, soit incrédules, soit hilares.

- Bon, si tu veux ! Elle a maitrisé quatre vampires avec mon aide.

- Voilà qui est déjà plus juste…

Les gars sont étonnés par cette drôle de petite nana au potentiel surprenant.