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J’ai les larmes aux yeux. Pan et Lindsey, n’aimant pas les départs, se sont contentés de me saluer une citronnade fraîche à la main, en agitant l’autre main avec trop d’enthousiasme pour être honnêtes.
Et c’est parti. Je me retrouve devant ce bel immeuble design, celui de Marvin. Le portier qui me reconnaît me sourit, et quand je sors les clés pour ouvrir le premier sas, il m’ouvre la seconde porte. Dans l’ascenseur, je me souviens de ma première venue ici. Ce n’est pas mon souvenir préféré, à l’époque je débarquais par surprise chez Marvin et le retrouvais dévasté dans les bras de Sophie. Il venait d’apprendre pour le décès accidentel de son petit frère et les archives de la police s’éparpillaient sur le lit King Size de « mon » King.
Sophie. Je n’ai pas vraiment envie de penser à elle. Si je n’avais pas été amnésique l’autre soir au téléphone, je l’aurais reçue plus mal que ça. Le fait qu’elle ne soit pas coupable de nos agressions n’enlève en rien le poison qu’elle a dilué dans le cours d’eau qui filait tranquillement entre Marvin et moi.
Afficher en entier– Je vais venir vous voir tous les jours et nous allons travailler ensemble. J’ai inspecté vos IRM, et tout est clean. Aucune trace d’hémorragie, de tumeur… Bref, rien qui ne justifie « médicalement » vos oublis. Donc il s’agit d’un choc traumatique, comme on le pensait.
– Mais concrètement, ça veut dire quoi ?
– Que vous avez vécu des choses tellement difficiles que votre cerveau, pour vous préserver, a préféré vous les cacher.
– Oui, effectivement, on a tenté de me tuer, je comprends mon cerveau…
Le docteur tique… Je l’interroge du regard, et après avoir bu un verre d’eau, il se lance.
– Comme je vous l’ai déjà dit, les amnésies rétrogrades effacent la mémoire à court terme. Chez vous ce court terme correspond à votre séjour à L.A. Même s’il y a au moins 80 % de chances que ce soit le « choc » qui vous a enlevé ces souvenirs, il y a aussi 20 % de chances que ce soit votre cerveau qui cache certains événements, inconsciemment. Aussi, ne « sublimez » pas ces derniers mois, il se peut que vous n’ayez pas été si heureuse que tous vos proches le prétendent.
Estomaquée, je regarde le Dr Amond qui débite son discours avec ce mélange de recul, de froideur et de professionnalisme propre aux médecins. Quand ma mère et ma tante accompagnées par Marvin entrent dans la chambre, l’ambiance est lourde et le médecin préfère interrompre notre entretien pour la journée.
Afficher en entier– Ne me fais pas rire, idiot, j’ai mal, il m’a pas loupée le type.
Elle découpe tous ses mots soigneusement et parle comme si elle avait un aliment brûlant dans la bouche. J’ai envie de pleurer, mais je me retiens.
– Ne vous inquiétez pas, on va le retrouver, Lindsey, je vous donne ma parole.
La voix familière d’un homme parvient de l’embrasure de la porte. Je sursaute.
Je connais cette voix par cœur. C’est Marvin, il est venu ! Je ne sais pas comment réagir, observer de la pudeur face à ma tante et à Pan, où me jeter dans ses bras en pleurant de soulagement. Une infirmière se précipite pour contrôler son identité et l’empêcher d’entrer, mais il ne suffit que d’un regard de l’homme pour qu’elle s’excuse et referme la porte sur lui avec déférence.
Afficher en entier– Je vois. Et je suppose que si vous n’avez pas prévenu mes collègues de la côte ouest, c’est que vous n’avez pas confiance.
– Voilà. Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais je travaille pour le Daily Sun, et tous les jours je vois des policiers en civil repartir avec de belles enveloppes en échange d’informations…
– Je sais, ça arrive. C’est pour cela que je vais vous orienter vers un privé.
– Un détective… Comme dans les films ?
Il rit face à ma naïveté et j’avoue être complètement novice en la matière. J’avais une vie plus simple avant. Où il n’y avait ni star, ni paillettes, ni jet privé… ni psychopathe à mes trousses.
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