Extrait

Depuis qu’elle avait quitté Markos, elle luttait sans cesse contre le désespoir en essayant de ne se remémorer que les moments heureux de leur histoire et d’en oublier la fin sordide. Car elle savait au fond d’elle-même qu’elle ne connaîtrait plus jamais un amour de cette intensité, une expérience aussi unique, miraculeuse, de celles qu’on ne vit qu’une fois.

Pleurer en songeant à ce qui n’était plus la conduirait au mieux à la dépression, au pire au suicide. Mais elle portait l’enfant de Markos, elle allait être mère, et cette seule pensée suffisait à la ramener à la vie. Cet enfant à naître serait une partie de Markos qu’elle garderait toujours avec elle.

Elle n’avait pas obtenu son amour, mais elle aurait son enfant.

Vanessa tentait désespérément de lui trouver des excuses… Les sentiments ne se commandaient pas et, à défaut d’amour, il lui avait donné sa tendresse. Markos lui avait offert les nuits les plus belles qu’elle connaîtrait jamais, il avait fait d’elle une femme, dans toute la plénitude du terme. Mais malgré tout, de temps à autre, une sourde et douloureuse amertume la submergeait.

Pourquoi avait-il eu l’indécence de lui cacher son futur mariage ? Pourquoi lui avait-il menti, alors qu’elle avait toujours été d’une transparence absolue à son égard, qu’elle n’avait jamais rien exigé de lui ? Elle n’avait pas mérité tant de défiance.

La seule explication qu’elle pouvait trouver à son comportement était le fait qu’il ne l’aimait pas, mais cette pensée ne l’apaisait pas, bien au contraire. Avec le recul, elle comprenait qu’elle n’avait jamais été que sa maîtresse, une femme dont il appréciait la compagnie mais dont il savait pertinemment qu’il la quitterait un jour.

Car on n’épouse pas une maîtresse, on ne lui fait pas des enfants, on ne construit pas sa vie avec elle…