Extraits

— Je ne veux pas d’un protecteur à mes côtés, Erwann tient déjà suffisamment ce rôle. Ce dont je rêve, c’est d’un mec qui saura me soutenir chaque fois que je flancherai. Qui sera une épaule sur laquelle m’appuyer lorsque je serai épuisé. Auprès duquel j’affronterai chaque obstacle sur mon chemin. C’est tout ce que je désire et c’est ce que tu es.

Enzo

— D’accord, j’avoue, c’est le premier type dont je suis tombé amoureux, mais toi, tu es celui avec qui je veux finir ma vie… Après notre séparation, plus aucun homme ne m’a touché, tu as été le dernier et si tu ne veux plus jamais de moi, alors il n’y aura que des femmes qui partageront mon lit. Parce que je refuse qu’un autre mec efface ton image.

Maël

Je m’immobilise, souffle par les narines, tel un taureau sur le point de foncer sur le toréador, et bondis dans sa direction. Mes poings crispés, mon regard noir et mon visage figé par la fureur parlent pour moi. S’il ne pige pas que je suis au bord de la crise de nerfs, je ne sais pas ce qu’il lui faut.

— Je t’écoute, qu’on en finisse ! craché-je.

Malgré mon ton, il ne se démonte pas. Pourtant n’importe quel mec à sa place se serait incliné. Mon cœur sait que ma raison a tort lorsqu’elle martèle que Enzo est trop faible pour qu’on puisse compter sur lui. Il lui rappelle également que l’erreur est humaine. En réponse, elle insiste sur le souvenir de la douleur ressentie, du monde qui s’est effondré quand le bel Italien s’est éloigné sans un regard en arrière.

Bordel ! Je deviens fou. À tel point que j’empoigne mes cheveux et les tire violemment. Pris dans cette lutte interne, je n’ai même pas accordé d’attention à la répartie d’Enzo, bien que son accent, ô combien délicieux, a caressé mes tympans.

D’un coup, sans avoir anticipé son déplacement, je me retrouve propulsé dans un véritable cocon protecteur.

Maël

Si mon esprit tordu ne s’était pas inventé mille et un scénarios à l’époque peut-être que je ne douillerais pas autant aujourd’hui, devant cette nana accrochée à son bras comme si sa vie en dépendait. Parce que, ouais, j’ai mal. Mal de découvrir qu’il m’a remplacé aussi vite. Je me fiche que ce soit avec une femme, j’ai très vite découvert qu’il était bi, il me l’avait avoué de but en blanc. Non, ce qui me fracasse, c’est de me rendre compte qu’il a réussi à m’oublier alors que, pour ma part, je n’ai jamais pu tourner la page. Par sa faute, je finirai vieux garçon, mon nez plongé dans la conception et la fabrication de nouveaux avions

Maël

— Je suppose que tu te souviens d’Enzo, me lance Erwann quand il se rappelle enfin mon existence.

— Bien sûr. Comment l’oublier ?

Mon ton pue le sarcasme, ce qui n’échappe pas à l’Italien. À voir son attitude, mon fiel l’atteint de plein fouet. Il baisse la tête et pose une main sur sa nuque, mais pas de chance pour lui, je n’attends plus rien de sa part. Je sais à quel point il maîtrise l’art de la comédie, j’en ai payé les frais pendant de très nombreux mois.

Erwann nous jette, tour à tour, un coup d’œil. Il sent sûrement que quelque chose se trame entre nous. Si son anniversaire n’approchait pas à grande vitesse, je me ferais un plaisir de lui annoncer à quel point son meilleur ami est un fichu bon acteur. Je ne suis même pas certain qu’il sache qui se cache derrière ce type. Moi, je le sais : une véritable pourriture qui adore jouer avec les sentiments des autres.

Je veux être avec Maël, peu importe contre quoi je dois lutter pour qu’on soit heureux ensemble. Et si tu fais parti du lot, alors je me battrai contre toi aussi

Lui en révéler plus reviendrait à dévoiler mon plus grand secret. Celui qui restera à jamais gravé dans ma mémoire, celui que je chérirai jusqu’à la fin de mon existence.