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Pourquoi le Vieux avait-il toujours remis à plus tard son exécution ? Par peur d’un choc en retour, d’un maléfice ? Le fait d’avoir un enfant noir dans la tribu était extraordinaire, mystérieux, donc suspect. Mais quelles conséquences pouvait avoir sa mort, pourtant ardemment désirée ? Et voilà que le Vieux décidait d’en finir ! La chose était certaine, le Vieux avait parlé net devant tout le monde, il ne pourrait se dédire. Mais il avait eu tort d’attendre si longtemps. L’enfant noir ne croyait pas, était le seul de la tribu à ne pas croire à la puissance du Vieux. Un instinct sûr lui affirmait que le Vieux n’aurait rien été sans son chapelet de vertèbres, rien du tout. Il usurpait la puissance des morts. Mais le chapelet, ça, c’était sérieux. L’enfant noir y croyait dur
Afficher en entierCela était-il bon ou mauvais pour lui ? Il n’aurait su le dire. Des idées fugitives et mal liées entre elles se formaient dans sa cervelle inculte. Mais les faibles images qui éclosaient puis claquaient comme des bulles dans sa tête se polarisaient peu à peu autour d’un thème central. Un choix, dû à de mystérieuses et impondérables luttes d’influence entre des pensées rudimentaires et rivales, en élimina définitivement certaines, en groupa d’autres en série en assez grand nombre pour que leurs forces additionnées donnassent une impulsion motrice à ses muscles
Afficher en entierQuand l’enfant eut constaté que son sacrilège n’amenait aucune conséquence immédiate, il choisit des fourrures à sa convenance et les adapta à sa petite taille, déchirant avec ses dents les morceaux trop longs, les cousant grossièrement comme il avait vu faire aux femmes. Il se ceintura plusieurs bandes autour de la taille pour maintenir l’ensemble et s’entortilla les pieds dans des lanières de peau de chien. Il glissa dans un sac une provision de viande sèche et passa prudemment la tête par l’ouverture qu’il avait pratiquée dans le dos de la tente
Afficher en entierIl dut plusieurs fois s’arrêter pour renouer les bandes protégeant ses pieds. Un nuage de moustiques l’accompagnait dans sa marche. Bientôt, le terrain monta par degrés, il quittait la vallée. Avec soulagement, il laissa derrière lui les hautes herbes d’où pouvait à tout instant surgir un fauve et escalada les premières pentes à l’herbe rase. La nuit profonde l’empêchant de distinguer sa route, il se laissait de temps en temps tomber à terre et, le nez contre le sol, reconnaissait la piste aux émanations laissées par le passage des hommes. L’odeur de l’Ancêtre dominait celle des autres
Afficher en entierIl sortit dans la clairière. Sa peau tannée se couvrit de chair de poule à l’air vif du dehors. Comme un somnambule, il s’approcha du foyer et considéra d’un air vague les deux gardes endormis. Puis une plainte sortit de sa poitrine profonde
Afficher en entierAu-dessus de lui, la digue noire du port se profilait sur le ciel criblé d’étoiles. Derrière elle, de hautes façades d’immeubles, blancs sous la lune, regardaient l’enfant noir de leurs centaines de fenêtres aveugles. Et celui-ci pensa que ces géants de pierre aux yeux multiples étaient des dieux, des dieux au long visage sévère, coiffés d’une frange de cheveux de neige
Afficher en entierUn animal étrange errait dans la montagne. Malgré sa taille énorme, il grimpait avec agilité, s'aidant de ses sept membres longs et flexibles. Un huitième membre paraissait prendre naissance entre deux yeux jaunes, larges comme des soucoupes.
Afficher en entierLa pensée n'est qu'un ensemble complexe de micro-contractions musculaires ou micro-sensations musculaires. Et même si vous pensez un mot abstrait, ce n'est jamais que la micro-formation rapide et inconsciente de ce mot par les muscles linguaux qui constitue votre pensée même.
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