Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 791
Membres
1 013 858

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

Extrait ajouté par dreamygirl 2023-02-23T12:06:31+01:00

C’est ta première grossesse. Ou bien, c’est la première grossesse dont tu auras eu conscience.

Tu es aux toilettes, assise. Les deux lignes, bleue et rouge, forment une croix qui vient d’apparaître dans le cadre. Tu reportes tes yeux sur le schéma de l’emballage, comme tu as déjà pu le faire, autrefois... pour vérifier que tu n’as pas inversé le signe du moins vers le plus. Mais non. Le signe est positif.

Tu n’y crois pas encore. Tu as l’impression que la même opération, effectuée une minute plus tôt ou une minute plus tard, eût donné un résultat tout autre.

Tu regardes de nouveau, posées sur le bord du lavabo, les deux lignes qui se croisent. Elles ne s’en iront plus.

Depuis combien de temps es-tu enceinte? Comment ne t’en es-tu pas rendu compte? Es-tu sûre que tu ne t’en es pas rendu compte ? Quels indices auraient dû t’alerter?

Tu fouilles dans la mémoire des dernières semaines.

On oublie si vite...

Même les rêves fugaces, tu voudrais les inscrire : que plus rien ne t’échappe; ne plus rien perdre. Tenir le fil.

Tu n’es pas certaine que tu te souviens de la nuit de la conception. Forcément, un vendredi.

Tu penses immédiatement à celle qui te parut si belle. Ce n’est pas ancien. Tu vous revois baignés de lumière crue. Durant le souper, il brisa une assiette en la posant sur la plaque encore chaude. Plus tard, il y eut une gêne, dans le noir.

Régulièrement, toi et lui, vous vous retrouvez dans une chambre obscure. Chaque pas qui sépare ton appartement du sien est compté. Quand tu arrives, tu ignores s’il était en train de t’attendre. Vous suivez toujours le même chemin, du palier à la cuisine, de la cuisine à la chambre. Les mêmes gestes, la même excitation, la même retenue, le même plaisir. Tu le connais si peu que tu n’oses pas faire de bruit.

Aussitôt après l’accident du préservatif, il assura qu’il n’y avait aucun risque. Tu voulus penser comme lui, car il était sans doute plus simple de le croire, et que tu le voulais bien, pendant qu’à ton insu le spermatozoïde suivait le bon chemin et qu’au fond de toi l’ovule lui enjoignait d’approcher.

Il y a une semaine, tu rêvais que ta meilleure amie était enceinte d’un garçon roux. Elle dormait sur une plage de l’île de Groix, mais la Bretagne ressemblait à une côte africaine. Ton regard n’en finissait pas de suivre les rangées de transats vides pour arriver jusqu’à elle. Au loin tu apercevais le garçon roux, étendu au soleil, et tu te disais qu’il y avait des poils bruns et roux sur son corps pâle. Pourtant il était si loin, une silhouette, un trait : comment pouvais-tu, d’ici, apercevoir sa pilosité? Ton amie portait un paréo et elle était déjà très grosse.

Peu de temps après la nuit de l’assiette brisée, tu passas quelques jours dans la forêt de Tronçais, entre le Centre et l’Auvergne, avec ta mère et ta sœur. Un jour de mauvais temps, tu marchais vers le rond de l’ancienne maison du garde forestier.

Dans les bois, entre les chênes qui bruissaient sous la pluie, la pensée de l’homme à qui tu consacres tes vendredis soir te traversait. Il est simplement ton amant, rien de plus.

Ce jour de pluie arrivait après des semaines de sécheresse, tout gonflait de soulagement dans la mousse et les fougères mouillées. L’envie te prenait de manger les chênes, de boire les ruisseaux que tu entendais enfler dans les ravins, de prendre part à la fête de la terre, avec les limaces et les champignons gluants, bruns, rouges, beiges, qui luisaient. Tu suivais les chemins tracés entre les troncs anciens en te disant que tu avais cet homme à tes côtés. Le ciel réapparut, au rond de la maison du garde, qui fixe la limite de la promenade.

Tu continuais de penser à lui. Il habite au rez-de-chaussée de l’immeuble voisin du tien, à Paris. Tu l’as rencontré au café. Chez lui, on entend les habitants entrer dans le hall, ouvrir la boîte aux lettres, souffler, grommeler, parler à un animal; tu les entends mais personne ne sait que tu es là, derrière les volets qu’il tient clos.

La pluie faiblissait, quand tu approchas le hameau de La Bouteille. Arrivée à la clairière, tu descendis à la font Saint-Mayeul par le sentier herbeux, entre les haies couvertes de mûres. Une fois en bas, tu creusas un trou dans la terre humide avant de laver tes mains boueuses dans la mare, en écartant les lentilles d’eau pour regarder, imperceptibles dans le fonds vaseux, les têtards qui nageaient. Puis tu remontas le sentier jusqu’à la chapelle, pour respirer l’odeur de pierre humide, assise sur un banc étroit. Tu regardas, au plafond, le ciel étoilé d’une époque reculée. Avant de ressortir, tu effleuras la corde de la cloche, sans la tirer.

Quelques jours plus tard, ta sœur t’emmena courir dans les bois. C’était la dernière belle soirée du mois d’août. En rentrant par la route de Meaulnes, le long du goudron taché de lumière, des chevreuils s’enfuyaient. Ta sœur les voyait tous, entre les troncs clairsemés. Elle a toujours eu cet œil, cet œil de lynx, comme elle dit. Elle te les montrait disparaître, tu les apercevais à peine.

Afficher en entier
Extrait ajouté par x-Key 2020-06-10T17:52:50+02:00

Si elle pouvait, cette chose, sentir... ta fatigue matinale, l'installation progressive de la légèreté et du raffermissement des muscles endormis, la respiration, l'odeur des feuilles mortes, froissées dans l'herbe, les pensées des arbres.

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode