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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:52:06+02:00

Je suis parvenu à la hauteur de la brasserie Au roi du café, en face du métro Marx Dormoy. J’ai dévalé l’escalier. Comme je n’avais pas de ticket, j’ai enjambé le tourniquet qui bloque le passage aux fraudeurs et je me suis retrouvé sur le quai juste au moment où le signal du départ d’une rame retentissait et où les portes allaient se fermer. D’un bond de kangourou éperdu j’ai sauté dans la voiture de tête.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:51:32+02:00

J’ai beau tenter de la chasser en fermant les yeux, j’ai toujours l’image de cette femme en chute libre, se pliant à la loi fatidique de la pesanteur, la tête en avant, les bras écartés comme si elle espérait déployer des ailes pour voler et éviter le choc fatal. Au fond, elle vit maintenant avec moi dans cette cellule. À certains moments, lorsque Fabrice se déplace pour monter dans son lit ou aller vers la porte et bigler par l’œilleton ce qui se passe dans le couloir, je suis parcouru de frémissements, mes cheveux se hérissent, je m’imagine que c’est la femme de la rue du Canada qui vient me demander des comptes. Je me retourne aussitôt et mon angoisse ne se dissipe qu’à l’instant où je réalise que c’est mon codétenu qui est en train de manger debout une biscotte avec de la confiture au miel.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:51:21+02:00

Il ne se passe pas un seul instant sans que je ne repense à ce jour qui m’a conduit jusqu’ici, cette fin d’après-midi de ce vendredi 13 où, au lieu de profiter de l’été qui était arrivé, des parcs, des rives de la Seine remplies de monde, des femmes qui marchaient presque à poil dans Paris, ma vie a tout d’un coup été recouverte d’un voile sombre dans cette rue peu fréquentée du 18e arrondissement. Jamais un souvenir ne m’a tant tourmenté — au point de me faire croire que je suis encore sous l’emprise d’un long sommeil et que mon existence actuelle n’est en fait qu’une chimère qui prendra fin avec mon réveil.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:51:13+02:00

J’ai donc commencé à rêver de ces moments où mes jambes pourraient me porter partout. C’était une lueur que cet avocat m’apportait, et celle-ci éclairait désormais la cellule au point de m’éblouir. J’arrivais même à trouver un brin d’humanité dans le regard de maître Champollion. Je me disais que j’avais été trop injuste à son égard. Qu’il faisait bien son métier et qu’en général tout prisonnier demande toujours plus. Quel était d’ailleurs son intérêt dans cette histoire puisqu’il serait moins payé en me défendant que s’il défendait un vrai client, je veux dire un prévenu fortuné ?

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:51:01+02:00

Il y avait aussi la psychiatre aux cheveux gris et bouclés et qui portait des lunettes de vue grosses comme les roues d’une bicyclette d’occasion. J’ai oublié son nom, peu importe. Elle me parlait en petit-nègre, me regardait avec commisération, recherchait dans l’expression de mon visage, ma façon de bouger les mains ou les jambes, des indices qui l’auraient confortée dans son diagnostic. Que dire de ces exercices grotesques qu’elle m’imposait au point que je ressemblais à un pingouin solitaire dans la neige ? Elle avait conclu que j’étais un être conscient de ses actes, et elle avait à la fin réfuté l’idée que j’étais influençable, susceptible de me laisser embarquer dans les embrouilles par un autre individu. Les actes que je posais étaient par conséquent réfléchis, je n’étais pas atteint d’une quelconque faiblesse d’esprit.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:50:45+02:00

Je déteste sa façon de me parler. Je ne suis pas son enfant ou ce type de Nègre de l’époque coloniale à qui il fallait tout expliquer par des synonymes. Cet avocat se rappelle-t-il au moins que je suis allé à l’école et que j’ai un baccalauréat en lettres et philosophie ? À la mort de mon père j’ai dû abandonner mes études pour aider ma mère et ma sœur. Je suis fier par-dessus tout de ma culture générale, de mon goût pour la lecture, de ma curiosité d’esprit, et je le dis sans prétention, ceux qui me connaissent admettent que dans notre communauté, à Paris, je suis au-dessus de la mêlée, intellectuellement parlant. Même la psychiatre avait reconnu que mon QI l’avait épatée dans le bon sens et qu’elle était en face d’un individu à l’intelligence dépassant de loin la moyenne. En revanche j’estime que c’était exagéré de sa part de conclure que j’avais systématiquement tendance à nier mes responsabilités. D’une loyauté sans faille à l’égard de mes proches, j’étais prêt à risquer ma propre vie pour les autres.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:50:42+02:00

Je m’appelle Julien Makambo. Pendant les semaines qui ont suivi mon arrestation, et même bien avant, lorsque j’étais encore en cavale, ma tronche et mon autre nom, José Montfort, ont occupé la une de la plupart des journaux de France et de Navarre. Dans notre langue du Congo-Brazzaville, le lingala, Makambo signifie « les ennuis ». J’ignore ce qui avait piqué mes parents pour m’attribuer un tel nom qui n’est d’ailleurs pas celui de mon défunt père, encore moins celui d’un proche de la famille. Je suis maintenant convaincu que le nom qu’on porte a une incidence sur notre destin. Si ce vendredi 13 je ne m’étais pas rendu au restaurant L’Ambassade avec Pedro pour rencontrer celui qu’il qualifiait alors de « type très important » venu de Brazzaville, je ne serais peut-être pas en détention provisoire depuis un an et demi dans cette cellule de Fresnes. Mais voilà, lorsqu’on s’appelle Makambo les choses ne sont pas aussi simples.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:50:16+02:00

— Écoute mon gars, toi et moi on a neuf mètres carrés ici, et si t’étais calé en maths à l’école, t’auras déjà compris que chacun de nous a quatre mètres carrés et demi d’espace. Je veux pas d’embrouilles avec toi. J’attends tranquillement de sortir de ce trou pour retrouver ma femme et mon enfant. Alors, tes conneries de grand frère par-ci, grand frère par-là, ça marche pas avec moi, à ma connaissance j’ai pas de petit frère, à moins que mon père ait trompé ma mère ! En tout cas je suis fils unique, et je tiens à le rester ! Pigé ?

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-03-28T00:49:51+02:00

Je ne suis pas seul dans cette cellule. Je la partage avec Fabrice Lorient, un Français d’une quarantaine d’années, lui aussi en détention provisoire pour, m’avait-t-il laissé entendre, « une petite broutille de rien du tout ». Je ne sais pas ce que signifie « une petite broutille de rien du tout », mais lui, il est si confiant qu’il a juré de demander réparation contre sa détention qu’il qualifie d’illégale.

Fabrice occupe ces lieux depuis deux ans et, à voir comment il se débrouille, j’ai l’impression qu’il maîtrise maintenant le fonctionnement de la machine judiciaire de ce pays, surtout son système pénitentiaire. Il a tenu à rédiger lui-même sa demande de liberté provisoire dont il attend avec impatience la réponse, alors que moi j’avais laissé maître Champollion le faire.

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Extrait ajouté par ides60 2013-04-08T17:49:06+02:00

En vérité Pedro régnait sur notre groupe en monarque absolu - j'écarte toujours Le vieux, bien entendu, parce que son âge dissuadait Pedro d'élever la voix, même si notre doyen avait tort. Chaque mois la tribu du Paradis devait lui remettre de l'argent que Pedro comptait avant d'aller payer le loyer dans une agence immobilière de la rue Lafayette. Moi j'avais une période de grâce qui, au bout de trois mois, avait fini par s'épuiser.

Un matin, alors que les membres de la tribu étaient sortis, y compris Le Vieux qui avait un rendez-vous à Lariboisière pour son mal de dos, Pedro m'a dit :

- Tu ne peux plus continuer à roupiller toute la journée, mon gars. On n'est plus au pays, ici ! Paris c'est Paris, tout le monde doit bosser. Les autres compatriotes ne comprennent pas pourquoi tu ne fous rien, ils vont finir par refuser de payer leur part de loyer. Et puis, moi je ne vais pas à chaque fois payer pour toi, tu es un adulte, tu as des mains et des jambes, grouille-toi !

Je lui ai fait comprendre que j'étais bien disposé à travailler, mais où trouver du travail ? Je ne savais même pas à quelle porte frapper. Pedro eut un long sourire, et c'est là qu'il m'a sortit un sachet rempli de tickets de métro :

- J'y avais pensé... Commence par vendre ces titres de transport au marché de Château Rouge dès ce soir. Si tu écoules au moins une centaine de carnets, ça te fera un peu d'argent.

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