Extrait

Les deux beaux gosses, venus de je ne sais quelle planète et qui voulaient m’épouser, se battaient en duel comme des acharnés ! C’était flatteur ou complètement débile. Au choix.

Je ne savais plus si je devais en rire ou en pleurer ; si je rêvais ou si j’étais bien ancrée dans la réalité avec cette journée pour le moins étrange. Et qui ne semblait pas décidée à se terminer. Mon cœur tambourinait si fort dans ma poitrine que je me crus sur le point de mourir d’une crise cardiaque.

« Pourquoi c’est à moi que ce genre de truc arrive ? », pensai-je avec effroi.

Non, mais c’est vrai, quoi ! Des tas de filles n’auraient pas demandé mieux que de se retrouver au cœur d’une histoire intergalactique à la Star Wars. Mais pas moi ! Ma vie tranquille sans aucune surprise me convenait parfaitement. Je n’avais besoin d’aucun piment pour la rendre plus agréable.

Les yeux écarquillés, figée par divers sentiments, à la fois mélange d’hébétude et de peur, je les fixais sans réagir, en train de se battre devant moi. Les épées s’entrechoquaient avec force. Les combattants ne semblaient pas décidés à s’arrêter. Je cherchai du regard quelqu’un pour m’aider, mais il n’y avait personne. La scène paraissait surréaliste. Caliel et Abrahel se déplaçaient entre les voitures tout en échangeant des coups. J’avais l’impression d’assister à une répétition théâtrale.

— Sauve-toi, Tamara ! me cria d’une voix autoritaire Caliel, toujours aux prises avec Abrahel.

J’eus envie de hurler.

De frustration avant toute chose.

Pourquoi me demander de courir alors que j’étais tétanisée sur place et que mes jambes refusaient d’esquisser le moindre mouvement ? Quelles séquelles psychologiques cette maudite journée laisserait-elle sur mon esprit déjà passablement dérangé ?

Je restai plantée là comme la plus parfaite des potiches à regarder deux hommes inconnus se tuer l’un l’autre à coups d’épée. J’étais incapable de crier pour appeler à l’aide ce qui se révélait la chose la plus sensée à faire. Ou d’ébaucher le moindre geste.

Du moins, c’est ce que je croyais…