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-J'aime vous faire rougir, Emily, murmura-t-il d'un ton perfide.

- Emily? Vous persistez à croire que je suis cette personne?

-Vous pouvez mentir à tous les autres, mais pas à moi, poursuit-il de cette voix grave et rauque dont elle ne se souvenait que trop bien. Pourquoi êtes-vous ici? Pourquoi faites-vous semblant d'être une lady écossaise?

Lui mentir lui faisait horreur vraiment. Pourtant, elle n'avait pas le choix.

- Lors Blackmore, votre petite plaisanterie devient pénible. Je ne sais pas qui pourquoi vous me confondez avec cette Emily Fairfax.

- Fairchild! Son nom... votre nom est Fairchild, comme vous le savez bien, parbleu!

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** Extrait offert par Sabrina Jeffries **

Chapitre 1

Derbyshire, Angleterre

Mars 1819

« Les enfants, je le concède, doivent être innocents. Mais quand l’adjectif s’applique aux hommes, ou aux femmes, il n’est autre qu’un terme poli pour signifier leur faiblesse. »

Mary WOLLSTONECRAFT, auteure anglaise

Revendication pour les droits des femmes

* * *

Je ferais tout aussi bien de chercher une aiguille dans une botte de foin, songea Emily Fairchild, alors qu’elle scrutait la salle de bal du manoir du marquis de Dryden. Il y avait des centaines d’hôtes costumés, au moins quatre cents, qui portaient tous des déguisements exotiques et chers, largement au-dessus de ses propres moyens.

Et, en aucun d’eux, elle ne reconnut sa bonne amie Lady Sophie. Où celle-ci se trouvait-elle, pour l’amour de Dieu ? Emily ne pouvait pas quitter le bal sans l’avoir vue : Sophie serait si déçue, si elle ne lui remettait pas l’élixir qu’elle avait préparé exprès pour elle !

— Est-ce que tu l’aperçois, Lawrence, toi qui es grand ? demanda-t-elle à son cousin en haussant la voix, afin qu’il puisse l’entendre malgré l’orchestre qui jouait aussi fort que superbement.

Lawrence tendit le cou, fronçant les sourcils.

— Elle est là-bas, occupée à se livrer à cette occupation absurde et inutile que la noblesse considère comme un divertissement.

En d’autres termes, Sophie dansait. Emily réprima un sourire. Pauvre Lawrence ! Il avait fait le voyage depuis Londres pour leur rendre visite, à son père et elle, à Willow Crossing, où il n’était pas venu depuis des années, et, en échange, il avait été contraint de l’accompagner à ce bal masqué, le type même de soirée qu’il considérait comme une « perte de temps stupide ».

Mais qu’il s’estime heureux : il n’était pas obligé de danser avec elle ! Les convenances le lui interdisaient, puisqu’elle devait encore porter pour quelques semaines le deuil de sa mère. Elle était la seule des convives vêtue d’une robe noire, le loup en soie qui lui dissimulait le visage étant son unique concession au thème de la soirée.

— Avec qui Sophie danse-t-elle ? demanda-t-elle.

— Je crois que son cavalier est Lord Blackmore.

— Le Lord Blackmore dont tout le monde parle ?

Le comte de Blackmore, un homme très influent, était le frère de la nouvelle bru des Dryden.

Emily fut prise d’un accès de jalousie, mais se ressaisit aussitôt. Il était stupide d’envier ce qui, de droit, revenait à Sophie. Jamais elle n’aurait pu, pour sa part, danser avec le comte. Elle n’était qu’une simple fille de pasteur, issue d’une famille modeste.

Elle aurait déjà dû s’estimer heureuse de se trouver là. Lady Dryden ne l’avait invitée que pour la remercier du petit service qu’elle lui avait rendu. La marquise n’avait aucune raison de la présenter aux lords et ladies riches et sophistiqués venus de Londres pour l’occasion.

Et, pourtant, quel effet cela pouvait-il faire de danser avec un comte aussi connu que Lord Blackmore ? Ce devait être intimidant, sans doute, surtout s’il était beau. L’était-il ? Elle se hissa sur la pointe des pieds et tenta d’apercevoir quelque chose à travers son masque. Mais elle ne vit rien, hormis un océan de perruques et de curieux couvre-chefs qui ondoyaient et virevoltaient autour d’elle.

— Raconte-moi ce qui se passe, je t’en prie, Lawrence. Dansent-ils la valse ? Lord Blackmore semble-t-il apprécier ?

— Comment le pourrait-il ? Pour commencer, il danse. Ensuite, il a Sophie pour cavalière. Il mérite mieux.

— Que veux-tu dire par là ?

— Lord Blackmore est un homme d’une certaine envergure, comme tu le sais. Bien qu’il soit l’un des plus jeunes membres de la Chambre des lords, il a engagé plus de réformes pour les pauvres que n’importe lequel de ses pairs.

— Et pourquoi cela signifie-t-il que Sophie n’est pas assez bien pour lui ?

Il haussa les épaules.

— Cela me fait de la peine de te le dire, mais ton amie est une idiote, absolument pas faite pour un homme de son intelligence et de son expérience.

— Pas du tout ! Que sais-tu d’elle ? Tu n’as fait sa connaissance qu’hier !

— Oui, et pendant tout le temps où nous lui avons rendu visite elle m’a ignoré. J’imagine qu’elle a jugé un obscur avocat londonien bien peu digne de retenir son attention.

Sa tentative pour paraître détaché échoua si misérablement qu’Emily dut lutter pour ne pas rire.

— Oh ! Lawrence, tu n’as rien compris du tout ! Elle ne t’ignorait pas. Elle était terrorisée.

— Par moi ? demanda-t-il d’un ton sceptique. Pourquoi diable la fille d’un marquis serait-elle terrorisée par moi ?

Elle lui adressa un petit regard de côté. Comme la plupart des jeunes hommes qui ne s’étaient pas donné la peine de se déguiser, Lawrence portait un simple habit de soirée et un masque. Bien que couvrant son nez bien dessiné et une partie de son front droit, ce masque ne dissimulait cependant pas ses cheveux auburn soyeux ni son beau visage. Sans oublier qu’il savait ce qu’il voulait, ce qui, en soi, aurait suffi à effrayer la timide Sophie.

— Eh bien ? demanda-t-il avec impatience. Pourquoi a-t-elle peur de moi ?

— Parce que, mon cher cousin, tu es un homme. Beau et plein d’assurance, par conséquent terrifiant.

Lorsqu’il fit entendre un petit rire incrédule, elle ajouta :

— Crois-moi, Sophie n’avait que trop conscience de ta présence, hier, et c’était très pénible pour elle. C’est pour cette raison que je n’ai pu lui arracher que quelques mots à peine marmonnés, jusqu’à ce que tu quittes la pièce.

— C’est absurde ! Une femme jolie, riche et possédant de bonnes relations, n’a rien à craindre de personne. Lorsqu’elle fera ses débuts dans le grand monde, beaucoup de prétendants courront après son héritage. Elle fera un très beau mariage et ira vivre dans une grande propriété, avec un duc ou un marquis.

— C’est peut-être vrai, mais cela ne l’empêche pas d’avoir peur des hommes.

Soudain, une clameur provenant de la piste de danse attira l’attention de la foule. Lawrence regarda par-dessus les têtes, les yeux plissés.

— Eh bien, voilà qui est terminé. Cela ne me surprend guère, du reste.

— Qu’est-ce qui est terminé ?

Un homme chauve portant une toge et une couronne de lauriers oscilla un moment près d’Emily, avant de se planter devant elle et de lui cacher la vue. Ah, elle aurait donné n’importe quoi pour avoir un escabeau !

— Que se passe-t-il ?

— Le père de Sophie vient de l’arracher des bras de Blackmore. Quel idiot, ce Lord Nesfield !

Il se pencha en avant pour observer la scène qu’elle ne réussissait pas à voir.

— Et, maintenant, il hurle contre Blackmore.

— Pauvre Sophie ! Elle doit être mortifiée !

— Pauvre Sophie ? Et Blackmore, alors ?

Lawrence ajusta son masque de ses longs doigts fins.

— Attends un peu. Eh ! bien joué, Blackmore ! C’est ainsi qu’il faut procéder avec les idiots.

Emily se hissa de nouveau sur la pointe des pieds, mais ne parvint à voir qu’un chapeau de Merlin géant.

— Que fait-il ?

— Il s’en va, très calmement. Nesfield le suit, en vitupérant, mais Blackmore l’ignore, ce qui rend Nesfield tout à fait ridicule.

— Je ne comprends pas. Pourquoi Lord Nesfield ne veut-il pas que Sophie danse avec le comte ?

Autour d’eux, les gens murmuraient, et tous semblaient partager l’opinion de Lawrence sur le marquis.

— Nesfield est le plus farouche opposant de Blackmore au Parlement.

Il poursuivit d’un ton acide :

— Il pense qu’il est bon de laisser les gens dans la misère, car les aider pourrait les encourager à se soulever et à renverser l’aristocratie. Pour lui, Blackmore est le pire des agitateurs et, en approchant la pure Sophie, il risque de la salir.

— Il s’est toujours méfié des hommes qui approchaient Sophie, dit-elle avec indignation. Même quand elle était enfant, il appréhendait qu’un malfrat l’enlève. C’est pour cela qu’elle a si peur des hommes : parce qu’il ne l’a pas laissée fréquenter des garçons de son âge, et elle n’en sait que ce qu’il lui en a dit.

Lawrence lui adressa un regard sceptique.

— Je croyais qu’elle avait un frère. Il a sûrement dû lui apprendre ce qu’il y avait à savoir.

— Son frère a quitté la maison quand elle avait huit ans. Il était très jeune — dix-sept ans, il me semble —, et son père et lui se sont durement affrontés. Il vit sur le continent, je crois. Ainsi, sans la présence de son frère et sans sa mère, décédée, Sophie n’a eu que son père pour la guider, et il lui a fait croire que tous les hommes étaient suspects.

— Je pense que tu lui cherches des excuses, même si Lord Nesfield est bel et bien un idiot.

Tout à coup, le visage de Lawrence devint plus sombre.

— Elle vient vers nous, reprit-il. Pendant que son père était en train de prendre Lord Blackmore à partie, elle s’est esquivée. Tu vas enfin lui donner cet élixir, et nous pourrons partir. Mais, si cela ne te fait rien, je vais m’éclipser, afin qu’elle ne me voie pas et ne soit pas « terrorisée ».

Avec un reniflement de dédain qu’il n’aurait même pas osé reprocher à Sophie, il alla se perdre dans l’océan des danseurs.

Dès qu’il fut parti, Emily vit son amie fendre la foule, le visage rouge de honte. La pauvre ! Elle était pourtant si jolie, ce soir. Ce bal était en quelque sorte une répétition avant ses débuts officiels dans le grand monde, et c’était sans doute pour cela qu’elle n’était pas déguisée. Mais sa robe en soie lavande était somptueuse et mettait en valeur sa silhouette menue et ses cheveux de jais. Pas étonnant que Lord Blackmore ait eu envie de danser avec elle !

Lorsqu’elle l’aperçut, Sophie se dépêcha de la rejoindre, dans un bruissement de tissu.

— Oh ! Emily, est-ce que tu as vu ?

— Non, mais Lawrence m’a raconté.

Son visage s’empourpra.

— Ton cousin a tout vu ? Jamais je ne surmonterai cette honte ! C’était horrible, vraiment horrible ! Tout le monde doit penser des choses abominables à mon propos, maintenant !

Emily la prit dans ses bras.

— Ne t’inquiète pas, ma chère Sophie. Personne ne pensera du mal de toi. Les gens ne feront qu’accuser ton père, et ce sera mérité.

Sophie tremblait de tous ses membres, et Emily aurait juré qu’elle était au bord des larmes. Mais il ne fallait surtout pas qu’elle se mette à pleurer.

Elle la repoussa d’une main ferme et assurée.

— Reprends-toi ! C’est terminé, maintenant. Tu dois te comporter comme si cela ne t’avait pas atteinte, sinon, tout le monde ne parlera que de cela, demain matin.

Sophie réprima un sanglot et s’essuya les yeux.

— Oui, tu as raison.

Elle regarda tout autour d’elle.

— Tout le monde m’observe, n’est-ce pas ?

— N’y prête pas attention.

Et, pour la distraire, elle ajouta :

— J’ai apporté l’élixir calmant que tu m’as demandé.

Le visage de Sophie s’illumina.

— Vraiment ?

— On dirait que je ne peux rien te refuser…

Emily sortit le flacon en verre de son réticule, en souriant.

— Si tu n’avais pas été désespérée, tu ne serais pas venue me voir en cachette, hier. Je l’ai bien compris.

Sophie prit le flacon et l’examina, de ses yeux encore brillants de larmes.

— Jamais je ne te remercierai assez, ma très chère amie. Avec ceci, tu me sauves la vie !

— Il ne faut pas exagérer ses effets, mais j’espère que cet élixir t’aidera.

L’enthousiasme de Sophie la mettait mal à l’aise. Une fois — une seule — une de ses préparations s’était révélée bien nocive…

Non, il ne fallait pas qu’elle y pense. Il ne se passerait rien, cette fois. Cet élixir était inoffensif, une simple infusion de camomille, de lavande et de mélisse.

— Il m’aidera beaucoup, je le sais, dit Sophie. Tout le monde ne jure que par tes remèdes.

Pas tout le monde. Et certainement pas Lord Nesfield, qui la tuerait s’il apprenait qu’elle avait donné ce flacon à sa fille.

— Si ton père découvrait que…

— Il ne découvrira rien, la rassura Sophie, tout en rangeant la fiole dans son sac, le regard assombri. Quoi qu’il en soit, cela vaut la peine de risquer de subir ses foudres, surtout après ce soir. S’il continue comme cela, je suis bonne pour un séjour en maison de repos. Regarde…

Elle tendit ses mains gantées, qui étaient agitées de soubresauts et de tremblements.

Emily lui murmura quelques mots de réconfort.

— Ce soir a été un tel cauchemar ! reprit Sophie avec une moue qui, bientôt, ferait tourner les têtes à Londres. Tout d’abord, Lady Dryden m’a présentée à ses élégantes amies. Et c’est fâcheux, car je suis sûre que je me suis comportée comme une empotée. Ensuite, ce désastre avec Lord Blackmore !

— Ce n’était certainement pas un désastre avant que ton père vous interrompe.

— Eh bien, si ! Pendant que nous dansions, j’étais terrorisée ! Le comte est connu pour traiter les femmes respectables avec froideur et dédain.

— Ne sois pas ridicule !

Emily ne parvenait pas à croire que tout ce qui se disait sur le courageux réformateur dépeint par Lawrence soit vrai.

— C’est ton père qui t’a raconté cela ?

— Pas seulement lui. Je sais par Lady Manning qu’il assiste à très peu de soirées et que, quand il daigne s’y rendre, il refuse de danser avec les jeunes femmes comme il faut. À la place, il fraye avec les extravagantes et les veuves scandaleuses. On dit qu’il a un cœur de pierre quand il est question des femmes fréquentables en âge de se marier.

Emily leva les yeux au ciel. Sophie était encore si jeune. Elle était incapable de distinguer entre les faits avérés, les bavardages et les rumeurs forgées de toutes pièces pour des raisons politiques.

— Tu ne devrais pas écouter de telles absurdités. Je suis sûre que Lord Blackmore fait preuve de politesse envers toutes les femmes, sinon Lady Dryden ne te l’aurait pas présenté, et il n’aurait pas non plus dansé avec toi.

Sophie se mordilla les lèvres de ses dents parfaites.

— Tu as peut-être raison. Il s’est comporté en parfait gentleman pendant que nous dansions, même s’il était un peu raide.

— Par ailleurs, s’il lui est réellement arrivé de se montrer cruel envers de jeunes femmes par le passé, il s’est de toute évidence amendé. S’il y a quelqu’un susceptible de fendre un cœur de pierre, c’est bien toi, ma chère amie.

Emily eut l’impression d’entendre comme un ricanement étouffé à proximité mais, quand elle regarda autour d’elle, il n’y avait personne. Elle avait dû se tromper. Ce bruit, c’était sans doute le vent qui s’engouffrait depuis la porte du balcon.

— Quoi qu’il en soit, cela n’a aucune importance, déclara Sophie. Papa ne me laissera plus jamais danser avec cet homme. Ce n’est pas que j’en aie follement envie, après cette horrible scène. Oh ! Emily, je ne tiendrai jamais une journée à Londres ! Je préférerais m’enfuir avec l’un de nos laquais que d’avoir à faire mon entrée dans le grand monde. Au moins, nos laquais, je les connais.

Emily gémit.

— Tu ne peux pas parler sérieusement. Imagine la réaction de ton père !

Comme si Sophie, qui avait du mal à peler seule une orange, pouvait devenir la femme d’un domestique !

— Non, bien sûr… Mais je redoute terriblement ce voyage à Londres.

Son menton se mit à trembler dangereusement. Aussitôt, Emily changea de sujet.

— Tu as tout de même dansé avec l’illustre Lord Blackmore. Comment est-il ? Beau ? Charmant ? Ou trop imbu de sa personne pour être supportable ?

— Il s’est montré charmant, et je l’ai trouvé beau, pour autant que je puisse en juger. Il portait un masque, vois-tu, comme celui de ton cousin.

Elle rosit légèrement, avant de poursuivre d’un ton pensif :

— Maintenant que j’y pense, il ressemblait vraiment beaucoup à Mr Phe…

Sophie s’interrompit, les yeux tout à coup emplis de terreur.

— Oh non ! papa est juste là ! Je suis sûre qu’il me cherche.

Lorsque Emily se tourna, elle vit la lorgnette dorée de Lord Nesfield pointée dans leur direction. Même s’il clignait des yeux et qu’il avait de toute évidence beaucoup de mal à voir quoi que ce soit depuis cette distance, elle pesta intérieurement.

Sophie se baissa.

— Il ne faut pas qu’il me voie en train de te parler. Tu sais comment il est.

Emily le savait. Même si Sophie et elle étaient des amies d’enfance, depuis peu, le marquis de Nesfield réprouvait cette amitié. Malheureusement, Emily savait pourquoi.

— Nous ferions mieux de nous séparer, dit-elle en pressant la main de Sophie. Pars, maintenant.

— Tu es la meilleure amie dont on puisse rêver, murmura cette dernière, avant de disparaître.

Que se serait-il passé, si Lord Nesfield l’avait surprise en train de donner l’élixir à Sophie ? Elle ferait mieux de se faire discrète, avant qu’il décide de la prendre à partie à son tour.

Elle sortit sur le balcon, puis regarda derrière elle pour s’assurer qu’il ne l’avait pas vue.

— Hello, fit une voix dans son dos.

Elle se retourna, surprise, puis se détendit en voyant qu’il s’agissait de Lawrence. Dans l’obscurité, elle ne l’aurait pas reconnu si la lumière venue de l’intérieur n’avait pas éclairé ses cheveux roux.

— Donc, tu étais là, à écouter, dit-elle d’un ton sec. J’aurais dû m’en douter. Eh bien, tu vas être heureux d’apprendre que tu peux me ramener à la maison.

Il demeura curieusement silencieux.

— Tu es bien prêt à quitter cette soirée mortelle, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.

Il répondit d’une voix plus grave et plus rauque que d’habitude.

— Oh ! oui. Cela fait des heures que je suis prêt. Mais ne faudrait-il pas aller saluer nos hôtes ?

— C’est vrai, acquiesça-t-elle, honteuse d’avoir failli manquer aux règles de politesse les plus élémentaires. Mais je ne veux pas que Lord Nesfield me voie. Puis-je attendre ici ?

Il haussa les épaules.

— Bien sûr. Je me charge d’aller les saluer pour nous deux.

Avec une petite révérence un peu trop formelle pour lui, il se dirigea vers la salle de bal.

Tout en l’attendant, Emily fit nerveusement les cent pas sur le balcon. Il prenait un temps fou. Elle avança vers la porte et tâcha de l’apercevoir. Il était au milieu de la pièce et parlait aux Worthing en faisant des gestes dans sa direction. Elle s’empressa de retourner sur le balcon et reprit ses déambulations.

Dès qu’il fut de retour, ils traversèrent d’un pas rapide le grand couloir sombre jusqu’à ce qu’ils atteignent la dernière pièce avant le vestibule. Là, ils se dirigèrent vers les laquais qui étaient à la disposition des invités.

Lawrence leur parla à voix basse. Ils s’affairèrent alors avec le plus grand empressement pour trouver la pelisse d’Emily et le manteau de Lawrence, comme s’ils étaient deux invités très importants. Comme c’était étrange ! Les domestiques l’avaient déjà vue et ne l’avaient jamais traitée avec une déférence aussi marquée. Que leur avait dit Lawrence ?

Alors qu’un homme l’aidait à enfiler sa pelisse de velours, elle eut l’impression qu’il la regardait bizarrement. Puis il recula, comme si de rien n’était, et elle se dit qu’elle avait dû rêver.

La voiture arriva devant la porte avec une vitesse surprenante, sans doute parce qu’elle appartenait à Lady Dryden. Son cousin et elle n’avaient pas pu utiliser celle des Fairchild, en réparation, alors Lady Dryden avait généreusement proposé de leur en prêter une.

Lawrence ouvrit la portière richement ornée et lui fit signe de grimper. Elle ne se détendit qu’une fois qu’il eut ordonné au cocher de démarrer.

— C’était amusant au début, mais j’ai été plutôt heureuse de partir. Ce n’est pas ton cas ?

Il se cala dans son siège. Le clair de lune illumina sa bouche, qui souriait. Il y avait quelque chose de curieux dans son sourire. Il semblait différent.

— Si, bien sûr. C’était une bonne idée de vouloir partir.

— Mais ce n’est pas moi qui l’ai eue, Lawrence. Tu as voulu partir dès notre arrivée, ou presque.

Son compagnon se figea.

— Lawrence ? Qui diable est ce Lawrence ?

Si la surprise qu’il affichait ne lui avait pas fait comprendre qu’elle avait commis une grave erreur, son langage aurait pu le lui révéler. Lawrence n’aurait jamais cité le diable devant une fille de pasteur. Voilà pourquoi son sourire lui semblait différent et pourquoi les domestiques s’étaient comportés de façon si bizarre, quand elle était partie avec lui !

— Vous… vous n’êtes pas Lawrence, murmura-t-elle de façon inepte, alors que son cœur semblait s’être brusquement arrêté de battre.

L’homme fronça les sourcils et retira son masque.

Grands dieux, il avait les cheveux roux de Lawrence, la stature de Lawrence, les mêmes vêtements que Lawrence… mais un tout autre visage.

— Bien sûr que non, je ne suis pas Lawrence, rétorqua-t-il. À quel jeu jouez-vous ?

Il inclina la tête, et elle aperçut sa mâchoire virile et ses joues rasées de près, avant que la lune se cache derrière les nuages et plonge la calèche dans le noir quasi complet.

— Vous savez très bien qui je suis. C’est pour cela que vous avez dit toutes ces idioties pour prendre ma défense devant Lady Sophie.

Il ôta son haut-de-forme en soie, le posa sur le coussin bien rebondi du siège de brocart, et l’intimité de ce geste suffit à causer à Emily un sentiment de panique. Quelles idioties avait-elle dites ? De quoi cet homme parlait-il ? De toute évidence de sa conversation avec Sophie, qu’il semblait avoir entendue. Mais elles n’avaient parlé que des débuts de cette dernière dans le grand monde, de ses peurs, et de…

Seigneur ! Et de Lord Blackmore.

Elles avaient longuement parlé de lui. Qu’est-ce que Sophie avait commencé à lui dire ? Qu’il ressemblait terriblement à quelqu’un… À Lawrence. Voilà, oui, à qui ressemblait le comte.

Voyons… c’était impossible !

— Êtes-vous en train de me dire que vous êtes… que vous êtes…

— Blackmore, bien entendu. Mais vous le savez très bien.

Son ton irrité la prit de court. Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter outre mesure. Bien que stupide, cette erreur était facilement réparable. Quoi qu’il en soit, elle était la seule responsable de ce quiproquo. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de l’avoir prise au mot et d’avoir supposé qu’elle avait besoin que quelqu’un la raccompagne chez elle.

— Non, je ne le savais pas. Vous ressemblez beaucoup à mon cousin, Lawrence, qui m’a accompagnée ce soir. Dans le noir, sur le balcon, je vous ai pris pour lui. C’est une simple erreur, rien de grave.

* * *

Jordan Willis, comte de Blackmore, regarda, interdit, la jeune femme mince et séduisante assise en face de lui. Quelle était cette plaisanterie ?

— Votre cousin ?

Pouvait-il réellement s’agir d’une erreur ? Il portait un masque, après tout. Mais les cheveux roux comme les siens étaient rares.

Il avait supposé qu’elle était une jeune veuve en quête d’un rendez-vous privé avec lui. Pourtant, elle semblait vraiment nerveuse. Et si elle disait bien la vérité, alors…

— Prétendez-vous que vous pensiez vraiment toutes les inepties que vous avez dites au sujet de ma réputation ?

— Bien sûr ! s’exclama-t-elle, surprise par sa réaction. Pourquoi penseriez-vous le contraire ?

Il étendit le bras et le posa sur le dossier de la banquette. Ce n’était pas possible qu’elle soit si naïve…

— Parce que, quand une jolie veuve prend ma défense devant moi, c’est qu’elle souhaite généralement m’impressionner.

— Veuve ? Vous pensez que je suis veuve ?

Elle déploya son éventail et l’agita fébrilement devant elle.

— Oh ! mon Dieu, c’est pour cette raison que vous m’avez suivie si facilement. Parce que vous pensiez… Je veux dire, vous supposiez que…

— Que vous étiez une veuve à la recherche d’un peu de compagnie. Oui.

Il eut tout à coup comme un mauvais pressentiment.

— Dites-moi que je ne me trompais pas.

— Bien sûr que si ! C’est une terrible erreur ! Je ne suis pas veuve. Je porte le deuil de ma mère, qui est morte l’an passé.

Son mauvais pressentiment se confirma. On était désormais proche de la catastrophe. Elle n’était pas veuve, mais sans doute la fille vierge et pure d’un propriétaire terrien local. Et il l’avait fait grimper dans sa calèche sans se préoccuper qu’on puisse les voir !

Non, il ne pouvait pas être à ce point stupide.

— Vous plaisantez ? C’est un jeu ou quelque chose du genre.

— Pas du tout ! Je vous dis la vérité !

— Dois-je comprendre que vous n’êtes pas mariée ?

Son estomac commençait à se contracter douloureusement.

Elle secoua la tête avec énergie.

— Et vous devez être également pure comme neige.

La colère le gagna. Comment avait-il pu se conduire de façon aussi légère ?

— Vous avez raison, madame, c’est en effet une terrible erreur.

— Vous devez me ramener tout de suite, à présent que vous avez compris que je ne suis pas celle que vous croyiez. Plus vous me garderez avec vous, plus ma réputation en pâtira. Par ailleurs, mon cousin va me chercher.

Cette remarque le glaça. Qui d’autre encore le ferait ? Son père empressé ? Sa tante intrigante ? Et si elle avait menti en affirmant l’avoir pris pour son cousin ? Il était déjà arrivé que des mères trop zélées lui tendent des pièges. C’était pour cette raison qu’il s’était toujours tenu prudemment à l’écart des jeunes femmes célibataires.

Et puis, il y avait eu la détermination avec laquelle elle l’avait défendu… Pourquoi une jeune femme aurait-elle fait cela, si ce n’était pour l’impressionner ? Elle devait savoir qu’il écoutait. Elle n’avait pas eu l’air du tout surprise de le trouver à côté d’elle.

Une froide colère l’envahit.

— Je soupçonne votre cousin de savoir au contraire parfaitement où vous vous trouvez en ce moment précis.

Elle laissa tomber son éventail sur ses genoux.

— Que voulez-vous dire ?

Il interpréta sa méfiance comme une preuve supplémentaire de sa culpabilité.

— Vous le savez très bien. C’était un joli petit complot. Si je retourne au bal, je vais trouver toute une joyeuse bande en train de nous attendre, et prête à me forcer à « réparer » ma mauvaise conduite. Eh bien, je vais vous dire une chose : si vous pensez que je vais laisser une petite vierge rusée me piéger et m’acculer au mariage, vous vous trompez lourdement…

— Vous acculer au mariage ! Vous ne pensez pas que je… que ce…, bafouilla-t-elle.

Puis elle s’interrompit et tenta de reprendre son souffle.

— Vous croyez que je l’ai fait exprès ? Que je vous ai forcé à faire un tour en voiture seul avec moi, au risque de salir ma réputation ?

— Que voulez-vous que j’imagine d’autre ? Vous m’avez défendu quand vous avez dû vous rendre compte que j’étais à côté de vous et que je vous écoutais. Et toute cette fable idiote sur ma pseudo-ressemblance avec votre cousin…

— Espèce de scélérat prétentieux et insolent ! Je vois que je me suis trompée à votre propos ! De toute évidence, vous ne connaissez qu’un type de femmes, ce qui explique que vous êtes incapable de reconnaître une femme comme il faut quand vous en croisez une !

— Oh ! je reconnais tout à fait les femmes comme il faut ! rétorqua-t-il, alors que ses anciennes peurs revenaient au galop exhiber leur hideux visage. Elles jouent à ce genre de jeu pour se dégoter un mari riche et important. Elles veulent de l’argent, une position élevée, la possibilité de mener un homme à la baguette, et elles sont prêtes à tout pour y arriver.

Devant son air choqué, il ajouta, avec une rudesse délibérée :

— Les femmes inconvenantes, au contraire, ne mentent pas sur ce qu’elles attendent en échange des plaisirs qu’elles prodiguent. Elles sont prévisibles, ne distraient pas des choses importantes et ne demandent pas plus qu’un homme puisse donner. Oh ! oui, je sais reconnaître la différence. Et je préfère de loin les femmes inconvenantes aux femmes soi-disant comme il faut.

Elle se raidit pour lui adresser un regard glacial.

— Vous allez peut-être trouver cela difficile à croire, Lord Blackmore, mais il y a des femmes qui ne ressemblent pas à celles que vous venez de décrire. Des femmes qui n’ont pas besoin de s’élever dans la société, ni de s’enrichir en acculant de pauvres hommes au mariage. Je suis l’une d’elles. Ma vie me satisfait tout à fait, je n’éprouve pas le besoin de prendre le contrôle de la vôtre. Et, surtout, je n’ai rien manigancé pour vous piéger. J’ai commis une erreur, tout au plus. Erreur qui me semble un peu plus grave à chaque seconde que je passe en votre répugnante compagnie !

La véhémence de sa voix le prit par surprise. On aurait dit la personnification de la féminité outragée. Mais, en même temps, pour monter cette comédie, elle devait avoir des talents d’actrice, non ?

— Vous prétendez donc que vous ignoriez que j’écoutais votre conversation ?

— Je ne suis pas mal élevée au point de laisser une amie colporter des rumeurs sur quelqu’un en sa présence !

— Très bien, fit-il d’un ton acerbe. Admettons un instant que vous dites la vérité. Si vous ne saviez pas que j’étais sur le balcon, pourquoi m’avez-vous défendu devant Lady Sophie, alors que vous n’aviez aucune idée de qui j’étais ni de si ces rumeurs étaient fondées ?

Elle le regarda froidement.

— J’ai appris le combat que vous menez au Parlement. Cela me semblait suffisant pour vous croire honnête et bon.

Il tressaillit malgré lui, lorsqu’elle insista sur le mot semblait. L’aurait-il jugée trop rapidement ?

Le cocher fit une embardée, ce qui la précipita sur le côté suffisamment longtemps pour qu’il puisse admirer une cheville fine et bien jolie. Mais, très vite, elle reprit sa place et sa contenance.

— Par ailleurs, ce n’est pas bien de dire du mal de quelqu’un quand il n’est pas là pour se défendre. Quand on ne connaît pas la vérité, on doit se taire. Mon père, le pasteur de Willow Crossing, m’a élevée en m’apprenant à ne pas croire aux rumeurs.

— Votre père est pasteur ?

Son malaise grandit. Une fille de pasteur ? En train de lui tendre un piège ? De plus en plus invraisemblable. Il avait commis une erreur grossière en se laissant aveugler par la colère. Malgré le masque qu’elle portait, il distinguait son regard cassant.

— Oui, s’empressa-t-elle de répondre. Et vous auriez beaucoup à apprendre de lui. Il ne juge pas les gens sans rien savoir d’eux. Il cite toujours Matthieu, chapitre 7, verset 1 : « Ne jugez point, afin de ne point être jugés. »

Mon Dieu, elle récitait par cœur la Bible !

— C’est devenu pour moi un précepte, poursuivit-elle, comme si elle ne pouvait plus s’arrêter. À part Dieu, personne, pas même vous, n’a le droit de juger la conduite de quelqu’un. Et qui plus est…

— C’est assez, madame.

Elle poursuivit, comme si elle ne l’avait pas entendu :

— Dans un autre passage, il est dit que…

— Madame, taisez-vous ! Je vous crois.

Il savoura l’expression qu’elle afficha : elle paraissait presque déçue, comme un prédicateur à qui l’on aurait interdit l’accès à la chaire.

— Comment ?

— Je vous crois, répéta-t-il.

Malgré le regard cynique qu’il portait sur le monde, il doutait qu’une femme puisse citer les Écritures et comploter contre lui en même temps.

Il détourna le regard et grommela :

— De toute évidence, vous n’êtes pas… le type de femmes pour lequel je vous ai prise.

— En aucun cas, répondit-elle d’une voix hautaine.

Grinçant des dents, il ajouta :

— Je vous présente mes excuses, je ne voulais pas vous offenser.

Il y eut un long silence glacial à l’autre bout de la calèche. Seigneur, quelle erreur ! Il aurait pu s’en rendre compte plus tôt, mais l’idée d’avoir été abusé l’avait rendu si furieux qu’il n’avait pas été capable de réfléchir. De toute évidence, si elle avait voulu le piéger, elle ne lui aurait pas dit si vite qu’elle s’était trompée. Elle aurait essayé de le provoquer afin qu’il la compromette.

Mais elle n’avait rien fait de tout cela. Qui plus est, il l’avait insultée au-delà de tout ce qui était imaginable. Il lui adressa un regard à la dérobée, en se demandant ce qu’elle était en train de penser.

Elle l’observait avec l’inquiétude d’une biche aux abois.

— Donc, vous admettez que je n’essayais pas de vous piéger ?

— Oui.

— Vous reconnaissez que vous vous êtes trompé sur toute la ligne ?

— Oui, oui, sacrebleu !

Elle renifla et se redressa.

— Pas besoin de jurer.

— Et maintenant, vous corrigez mon langage, soupira-t-il. Vous êtes aussi redoutable que ma demi-sœur. Elle me harcèle jusqu’à ce que j’admette que j’ai tort. Et elle aussi souhaite que j’amende mon langage et cite les Écritures pour que j’améliore mes manières.

— Dans ce cas, elle doit passer son temps à vous corriger et à apprendre La Bible par cœur.

Il la fixa avant d’éclater de rire.

— C’est vrai.

Cette fille avait du cran, il fallait le lui accorder. À part Sara, aucune femme n’avait osé le critiquer en face, même si beaucoup devaient le faire dans son dos.

Cette fille de pasteur était une curieuse petite créature. Pas une once de stupidité ni de minauderie chez elle, contrairement à toutes les jeunes femmes qui lui avaient été présentées ces derniers temps. Était-elle également jolie, sous son masque ? Le reste de sa personne, lui, était prometteur.

Seigneur, à quoi pensait-il ? Elle était vierge.

— La fille d’un pasteur, citant les Écritures, dit-il pour essayer de s’en convaincre. Je suis vraiment tombé sur une innocente, n’est-ce pas ?

— Oui, répondit-elle en aplatissant ses jupes d’un air guindé. À présent, vous devez me ramener.

— En effet.

Mais il n’esquissa aucun mouvement pour donner l’ordre au cocher de faire demi-tour. Ils devaient tout d’abord réfléchir aux problèmes potentiellement soulevés par l’erreur fatale qu’il avait commise.

— Dites-moi un peu, Miss… Miss…

— Fairchild.

— Même votre nom évoque la pureté et l’innocence1 !

Alors que la voiture poursuivait son chemin, il croisa les mains sur la poitrine.

— Comment puis-je vous ramener au bal sans compromettre votre réputation ? Si votre cousin vous cherche, nous pourrions bien le trouver devant la porte, à notre retour.

Elle fronça son joli front d’un air soucieux.

— Oh ! mon Dieu, vous avez raison. Même s’il ne sait pas que j’ai quitté le bal, il y a les domestiques. Ils nous ont vus partir ensemble.

— Ne vous inquiétez pas pour cela. Je les ai grassement payés, afin qu’ils gardent notre départ secret.

Quand elle lui décocha un regard outragé, il haussa les épaules.

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