Extrait

Lorsque les Boone arrivèrent, deux voitures de police stationnaient dans l’allée. De l’autre côté de la rue, les voisins les regardaient depuis leur terrasse.

Mrs Finnemore – qui se prénommait May et avait baptisé ses enfants April, March et August – était assise dans le canapé du salon et s’entretenait avec un policier en uniforme quand les Boone entrèrent, assez gênés. On fit rapidement les présentations ; Mr Boone n’avait jamais vu la mère d’April.

— Theo ! s’écria théâtralement Mrs Finnemore. Quelqu’un a enlevé notre April !

Là-dessus, elle éclata en sanglots et l’étreignit. Theo se prêta à ce rituel à contrecœur, par respect. Comme toujours, la mère d’April portait un large vêtement flottant marron clair, taillé dans une sorte de toile de jute, qui s’apparentait plus à une tente qu’à une robe. Ses longs cheveux grisonnants étaient noués en queue-de-cheval. Aussi folle qu’elle fût, Theo avait toujours été frappé par sa beauté. Elle ne faisait aucun effort pour se mettre en valeur – contrairement à sa mère –, mais certaines choses ne peuvent se cacher. Très créative, Mrs Finnemore aimait la peinture et la poterie, en plus de son fromage de chèvre. April avait hérité des bons gènes : les beaux yeux, et la sensibilité artistique.

Une fois Mrs Finnemore calmée, Mrs Boone s’adressa au policier :

— Qu’est-ce qui s’est passé ?