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Le nez de Mathieu effleure le sien, ses yeux la sondent plus que jamais, tandis qu’il garde son sourire assuré. Il a l’air de percevoir les effets de son assaut mental et physique, d’en tirer une certaine fierté. En même temps, le souffle de Chloé ne peut pas mentir et ses joues rose pivoine non plus. Sans compter ses cuisses qui se sont serrées, tel un réflexe inconscient, lorsqu’il a prononcé cette question incongrue.
— T’es un enfoiré Mathieu, tu m’entends ? Un putain d’enfoiré, dès que je dis un truc t’arrives à le dévier en ta faveur, je sais même plus ce que je peux dire devant toi sans risque, pis en plus tu m’empêches de te répondre correctement avec tes… tentatives d’intimidation, là !
— Ah bon ? souffle-t-il. Tu appelles ça une tentative ?
Chloé serre les dents en déviant le regard d’un air fuyant. Ce qui est pour Mathieu une réponse parfaite. Il ose poser une main contre sa nuque, le pouce caressant son cou. Sa voix s’abaisse, sans perdre en douceur.
— T’inquiète, elles sont sèches, mes mains. Et toi ? T’es toujours sèche quand je me mets près de toi ? À part dans tes propos, rajoute-t-il en ricanant.
— Rhâââ tu vois ce que je disais ? Je sais plus dire un mot, je sais que tu vas… les déformer, là !
— Dans ce cas, Chloé, ne dis plus rien. Parle autrement, murmure-t-il.
Afficher en entierMalgré sa crispation inévitable, la question amuse Chloé. Ses fossettes tressaillent, mais ses lèvres s’étirent.
— Haha, tu regardes trop de films, mon chou. Ou tu lis trop de bouquins. Non, je suis une banale femme qui a rompu avec son compagnon propriétaire de la baraque, ne cherche pas dans les extrêmes. C’est juste encore trop frais pour que je me pointe chez lui, mais ça va déjà mieux, tu sais. Je tourne bien la page.
Mathieu observe ses prises serrées et son air tendu. Lorsqu’elle dépose ses couverts après une nouvelle découpe de triangle, il vient glisser ses doigts le long de la main qui lui fait face. Son geste est aussi doux que son regard. Elle le croise en prenant des couleurs et écarte vivement son bras loin du contact créé. Ses ongles entrent dans le set de table et son poing se referme. Le petit bruit de satisfaction cynique qui retentit dans la bouche close de Mathieu rend Chloé encore plus vexée.
¨Putain ce qu’elle peut m’énerver parfois, son audace de merde !¨
* Pas comme ça qu’elle me fera croire ses sornettes. *
— En effet, je vois ça. Une simple rupture sans conséquence. Il devait te couvrir d’or et de tendresse, vu tes réactions de princesse.
En guise de réponse à cette pique acide, Chloé croise les bras en le fusillant du regard. Mathieu le soutient un instant, puis reprend ses bouchées d’un air tranquille, tout en contraste avec la belle statue en robe noire à pois blancs.
— Si tu ne recommences pas à manger, tu ne feras que me donner raison, ma belle.
¨Il m’a eue, le con… ¨
(¨ et * = pensées)
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