Ajouter un extrait
Liste des extraits
Cachés derrière un conteneur du port, ils attendaient tous les deux dans l’ombre. Les camping-cars arrivaient les uns après les autres, s’alignant par dizaines sur le grand parking bitumé. Comme Malo l’avait dit, les conducteurs descendaient pour discuter en attendant leur tour.
Les deux enfants scrutaient. Il leur fallait un grand véhicule, avec uniquement un couple dedans et surtout pas de chien.
Afficher en entierMalo se retourna encore une fois sur le sable. Impossible de trouver le sommeil. Un bateau qui part le soir. Voilà ce qu’il leur fallait. Se cacher dans l’ombre et se faufiler le moment opportun. Il ferma les yeux, et le visage du jeune clandestin lui revint encore en mémoire.
De toute façon, ils n’avaient pas d’autre choix.
Attendre plus longtemps ne servait à rien.
Il leur fallait du courage.
Et de la chance.
Afficher en entierRien de très concret dans tout ça. Lui, dès le premier kilomètre, il avait recommencé à compter. Compter le nombre de kilomètres qui le séparaient de la gare et de Sète, le nombre de jours de marche pour ce nombre de kilomètres, la somme d’argent nécessaire pour ce nombre de jours.
Les possibilités et les variantes étaient infinies et le temps passait plus vite. Il se rassurait ou s’inquiétait sur des chiffres. Il avait quelque chose sur quoi compter.
Afficher en entierAprès la séance d’entraînement, Malo retourna dans l’Algéco. Justine était au téléphone et il en profita pour regarder les cartes et les affiches sur le mur. Une carte d’Europe, constellée de punaises, montrait tous les lieux où la troupe s’était produite. Malo s’amusa à regarder le chemin qu’ils avaient parcouru depuis l’accident. Sur cette vaste carte, leur trajet semblait tout petit ! Il suivit des yeux les routes le menant jusqu’au sud de l’Espagne. L’Espagne était juste… gigantesque à traverser !
Afficher en entierMalo proposa son aide pour le démontage de la structure. Il rassembla et referma tous les cliquets, aligna toutes les pinces et roula les sangles. Puis Günter lui demanda de vérifier la fermeture des mousquetons pour qu’aucun ne se perde. L’équipe s’activait, efficace ; ils unissaient leurs forces pour descendre les portiques imposants, puis chacun vaquait de son côté, désassemblant les poteaux métalliques et les chargeant. À peine une heure plus tard, il ne restait plus que les gros tapis empilés les uns sur les autres. Manuelle et Justine entreprirent de ramasser toutes les saletés qui se trouvaient dans leur espace de jeu et Malo partit les aider.
Afficher en entierEn même temps, si Siloa pouvait y trouver du réconfort, elle avait bien mérité cette trêve. Pour lui faire plaisir, il acquiesça. Ils commencèrent à se diriger vers le centre de la ville. De-ci de-là, ils voyaient des groupes installer des décors, des tréteaux. Un marché d’artisans se mettait en place aussi. Il demanda plusieurs fois où ils pouvaient voir un spectacle. Un passant finit par leur désigner un homme qui criait :
— Journal du festival, programme du in, programme du off !
Afficher en entierNon, il n’y avait pas songé. Ça ne faisait pas partie des possibilités. C’était trop douloureux et cela réduisait à néant tous ses projets, tous leurs efforts. C’était une idée tellement inconcevable qu’il ne comprenait même pas pourquoi Siloa l’évoquait. Ou plutôt si, Malo comprenait. Siloa ne connaissait pas leur mère. Pas autant que lui en tout cas, elle ne nourrissait pas les mêmes rêves.
Afficher en entierCette nuit-là, le froid se fit plus mordant. Malo se releva pour mettre son pull et couvrit sa sœur du sien. Puis une nouvelle fois, il regarda les étoiles et hésita à se laisser glisser dans le sommeil. Quand il s’endormait, il entendait un crissement de freins puis le bruit d’un choc. Il voyait un grand flash blanc suivi d’un noir total. Et chaque fois, dans un cri étouffé et en proie à la panique, il ouvrait les yeux sur le ciel et contemplait l’espace, cherchant à s’apaiser, luttant pour ne pas rejoindre ses cauchemars.
Afficher en entierEn attendant Siloa, Malo était redescendu dans le bureau et avait farfouillé dans les tiroirs à la recherche d’argent. Il avait vidé un à un les casiers et était tombé sur leur livret de famille. Il en avait caressé un instant la couverture de velours bleu et l’avait glissé dans la poche avant de son sac. Ce livret était la preuve qu’ils étaient une famille. Sa mère, son père, sa sœur et lui, tous les quatre réunis sur quelques feuilles de papier. Ils voyageraient ensemble.
Afficher en entierElle se remémora une plaquette qu’elle avait lue à l’école, concernant le port du casque à vélo et les risques des coups sur la tête. Si un hématome se formait, on pouvait se sentir mal et s’évanouir. Ils appelaient cela un traumatisme crânien. Elle se souvenait à présent. Elle pensa à son frère allongé dans l’herbe. Dormait-il vraiment ? Dort-on quand on a eu un accident et que son père est à l’hôpital ?
Soudain, elle comprit qu’elle avait eu tort. Tort de ne pas le réveiller, de ne pas donner son signalement à la police. Elle s’apprêtait à retourner dans le bar, mais l’angoisse la submergea et elle s’élança sur la route puis sur le chemin.
Afficher en entier